vendredi 29 août 2008

Licences : attention danger

L'auteur John C Hines faisait remarquer sur son blog que des licences comme les Royaumes Oubliés ou Dragonlance détournent une partie du lectorat qui pourrait lire des romans originaux comme ceux de monsieur Hines. Et il a raison. Sans ces licences il y aurait plus de textes dans certains sous genre. Si la sword and sorcery a vivoté c'est bien parce depuis la fin des années 80 les licences Donjon & Dragons ont quasiment monopolisé le marché. De même publier du space opera à l'ancienne ou de la science fantasy spatiale s'avère impossible tant la licence Star Wars est devenu un véritable monolithe monopolisant ces domaines.
Mais à coté de ça certains éditeurs ont allumé des contre feu. On peut par exemple penser que le développement du space opera militaire était un moyen de contrer la licence Star Trek. Le développement de la paranormal romance a permis au public de licences comme Buffy et Charmed de passer à autre chose. Peut être que ces licences n'étaient pas aussi bétonnées que celles citées précédemment et n'avaient pas été conçue comme un rouleau compresseur marketing.
N'empêche que sans les romans à licences plus d'oeuvres originales seraient publiées. Plus de nouveaux auteurs pourraient apparaître. La SF et la fantasy populaire auraient une existence ailleurs que dans les licences commerciales ou dans une poignée de best sellers. Mais elles seraient enrichis par une masse importante d'oeuvre de mid list encourageant le lecteur à la découverte. Oui les oeuvres à licence volent la place de romans originaux.

jeudi 28 août 2008

Coup de coeur : Timothée Rey

Timothée Rey est un auteurs de fantasy et de SF de la nouvelle génération. Je l'ai découvert avec sa nouvelle "sur la route d'Ongle" paru dans le numéro 4 du webzine Phénix. Depuis je me suis efforcé de lire chacune des nouvelles accessibles en ligne. Timothée est un des nouvellistes français les plus prolifiques du moment. Il a sans doute publié dans la majorité des fanzines. Aujourd'hui il commence à être publié dans des anthologies chez des éditeurs professionnels comme Griffe d'encre, Malpertuis ou Mille Saisons.
Timothée Rey écrit une fantasy à la fois exotique et poétique (signalons qu'il est également poète). Le cycle d'Ongle est son oeuvre principale. Ces nouvelles développent un univers de fantasy que Jack Vance n'aurait pas renié. Il y a beaucoup d'humour mais également un foisonnement de créations baroques. Mais Timothée Rey c'est aussi du fantastique lovecraftien, de la fantasy urbaine totalement allumée (recommandons chaudement sa nouvelle sur une nymphe reconvertie en dame pipi parue dans Parchemins et Traverses numéro 4), de l'humour noir, de la SF décalée. Il a en projet plusieurs romans allant du fantastique contemporain au planète opéra. Il a aussi en chantier des poésies épiques sur des thèmes de SF et de fantasy.
On espère d'ici là le voir au sommaire d'une revue professionnelle. Et on espère des recueils de nouvelles, notamment une intégrale (inévitablement provisoire, il est vrai) du cycle d'ombre.
En attendant si vous voulez découvrir cet auteur je ne saurais que vous recommander "les milles et un surgeons du foisonneur" dans le numéro 8 de la webrevue Phénix.

lundi 25 août 2008

Aimez vous la sword and sorcery ?

La sword and sorcery est un sous genre mal aimé de la fantasy. On a un peu tendance à oublier que Robert Howard, Clark Ashton Smith, Fritz Leiber ou Michael Moorcock s'y sont illustré. Il est vrai que dans les années 70 on a vu se multiplier les clones de Conan écrits par des auteurs sans talent. On passera pudiquement sous silence le cycle de Gor. Dans les années 80 et 90 le genre est représenté massivement par les romans dérivés de D&D. Des univers comme les Royaumes Oubliés ou Dark Sun deviennent le dernier refuge de la sword and sorcery. Mais bien sûr le genre a continué à avoir une vie souterraine dans le fandom. Et aujourd'hui un certain nombre de ses représentants arrivent en pleine lumière.
Le personnage du barbare n'est d'ailleurs plus la norme comme cela l'a longtemps été. On peu trouver des mages guerriers 5Morlock, Dermanassian), un mercenaire (Dalacroy) ou un paladin déchu (Calthus). Il n'y a guère que Christopher Heath avec son personnage de Brom qui donne corps à l'archétype du barbare. Mais Brom, jeune chef a été envoyé par son père étudier la politique dans une grande cité. Certains dans son peuple se méfie de lui. Brom est un jeune chef au pouvoir fragile entouré de traître potentiel y compris parmi ses proches conseiller. Christopher Heath a introduit un twist interessant dans la thématique barbare.
La sword and sorcery moderne n'est pas écrite comme celle des pulps. Les auteurs ont compris que les moeurs ont évolué.
Le personnage de Dalacroy créé par Bruce Durham est sans doute un des personnages les plus howardiens de cette nouvelle vague. Mais l'auteur prend des distances avec son modèle, Conan. En effet les relations du personnage avec les femmes sont différentes de celles de son modèle. Dans sa première aventure Dalacroy sauve une jeune femme Moyria. Il en tombe amoureux et l'évolution de leur relation est l'un des intérêts de la série. D'ailleurs Moyria est loin de n'être qu'une demoiselle en détresse. C'est une jeune femme enjouée à la langue bien pendue. Elle est d'origine noble. Les deux personnages sont de plus en plus complémentaires. Bruce Durham ira-t-il jusqu'à les marier ?

La plupart des auteurs ont compris la leçon de Michael Moorcock et font évoluer des personnages possèdant une faille.
Morlock the Maker (créé par James Enge) pourrait être un homme qui a tout pour lui. Puissant magicien et bretteur talentueux, il possède de plus une intelligence hors du commun. Il est issu d'une famille impériale déchue après un coup d'état. Exilé, il est considéré comme hors la loi sur de nombreux territoires. Mais il est bossu et laid; Et un héros laid c'est assez rare en fantasy.
Dermanassian (créé par SC Bryce) est un mage guerrier dernier survivant du peuple des elfes du désert. Son peuple a été exterminé par un dieu et depuis il n'a d'autre but dans la vie que de le venger. Mais la route est longue et pour tuer un dieu il faut des armes, des alliés. Dermanassian rend services aux hommes, aux démons et aux dieux au cours de ses aventures. Il est le digne héritier du elric de Moorcock en beaucoup plus tourmenté tout de même.
Calthus (créé par Steve Goble) était un paladin vivant dans un puissant empire. Il est mort. Mais un jour des moines le ressuscitent pour qu'ils les sauvent d'un terrible danger. Depuis il erre dans un monde où il ne reconnait plus rien.
Ninshi (créé par Michael Ehart) est une jeune femme contrainte de servir la Manthycore, monstre semi divin dévoreur de corps et d'âme. En échange la jeune femme a acquis l'immortalité. Elle a aussi été séparé de son bien aimé frappé de la même malediction et souhaite le retrouver.
Il n'y a guère que Stevan, le pirate créé par Joseph McCullough qui est vierge de toute faille physique et morale et qui suit à la lettre et sans aucun twist le canon howardien.
Le modèle urbain Leiberien n'est pas oublié avec entre autre Seth Skorkowski.
Signalons aussi que l'univers longtemps masculin de la sword and sorcery s'ouvre à des auteurs féminins. Signalons entre autre Barbara Tarbox et Angeline Hawks.

mercredi 20 août 2008

Comment naissent les histoires ?

Premier exemple :
Un jeune surdoué martyrisé par sa famille souhaite présenter une découverte scientifique qu'il a faite au directeur d'une importante corporation. Pour cela il devra quitter sa maison grâce à la complicité de son oncle qui est le seul à lui témoigner du respect. Son oncle lui prête un véhicule et des vêtements et lui demande de les lui rendre à une certaine heure. Il obtient son rendez vous et commence à présenter sa découverte mais doit partir précipitamment pour rendre vêtements et véhicule à son oncle. Dans sa précipitation il perd le médaillon offert par sa famille à sa naissance. Le directeur de la corporation va partir à sa recherche te finalement le retrouver.
Deuxième exemple :
Un jeune homme martyrisé par sa famille a une double vie. La nuit tombée il revêt un costume et un masque pour jouer les justiciers et combattre les brigands qui terrorisent les voyageurs. Il rentre toujours avant l'aube car c'est à cette heure que les soldats du baron, qui n'osent pas aller dans la forêt la nuit, commencent leur patrouille. Un jour il sauve un riche marchand. Mais l'aube arrivant il quitte précitamment les lieux. Mais dans sa hâte il perd sa cape. Le marchand va donc interroger tous les habitants du village pour savoir à qui appartient la cape et finalement retrouver le jeune homme.
Vous le pressentez ces deux histoires ont une parenté. En fait c'est la même histoire avec des personnages différents, des lieux différents, des contextes différents. A est un jeune homme martyrisé. Il doit montrer sa valeur. Pour ce faire il utilise une imposture. Finalement il réussit à montrer sa valeur à B, doit partir et perd un objet. B trouve l'objet et part à la recherche de A. L'on peut introduire des variantes. Remplacer la famille par une autre institution sociale. Supprimer un élément. Enrichir l'histoire en y rajoutant de nouvelles situations. La raconter en se focalisant sur le point de vue de B. Ce sera toujours le même archétype de départ que l'on aura retravaillé.
Au fait vous avez reconnu l'archétype que j'ai utilisé ? Non ? C'est Cendrillon.

mardi 19 août 2008

La SF à l'ère de l'information

Dans les années 70 la new wave faisait l'effet d'une bombe. Des auteurs francs tireurs osaient défier les paradigmes de la SF classique. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? L'héritage de la new wave n'est pas dans la critique socio politique. Il n'est pas non plus dans le fameux espace intérieur dont on se demande aujourd'hui s'il n'est pas une formule creuse (et oui l'oreille interne de Robert Silverberg c'est chiant). Non il est principalement dans l'introduction massive des sciences humaines dans la SF. Zelazny et Delany ont été les principaux artisans de cette révolution. Si l'on regarde bien on se rend compte qu'ils avaient des précurseurs nommés Vance, Farmer ou Le Guin. L'héritage de la new wave est encore dans la liberté que l'on s'accordait à l'époque tant sur le fond que sur la forme. Ce qui permet aujourd'hui aux auteurs de SF défricher de nouveaux territoires ou de construire un récit de manière originale. Le mouvement suivant de la nouvelle SF américaine a essayé d'amener ces nouveaux apports à une SF de facture classique. Donc la new wave même si de l'aveux de Moorcock elle est allé trop loin a permis au genre de rebondir et de continuer son petit bonhomme de chemin. On peut se demander ce que pourrait apporter aujourd'hui un courant révolutionnaire au genre.
- La conquête de la complexité : la SF s'est rapproché très souvent des idées politiques les plus dogmatiques aussi bien à gauche qu'à droite. Ces liaisons dangereuses l'ont décrédibilisé auprès d'une partie du public. La SF doit se garder d'être le relais des dogmatismes. Au contraire elle doit montrer la complexité de la réalité où souvent il n'y a pas de vrais gentils et de vrais méchants. Elle doit montrer que tout problème est complexe et doit avoir une solution complexe. Même parfois que la réalité comporte des paradoxes qui vont à l'encontre du sens commun.
- La reconquête de la narration : Si un bon nombre d'auteurs se préoccupe de narration ce n'est malheureusement pas vrai des auteurs de hard science. Il suffit de lire Benford ou Bear pour s'en convaincre : style atroce et narration assez laborieuse. Egan n'échappe pas d'ailleurs à ces défauts. Bref on ne peut être un auteur innovant si l'on ne maîtrise pas la narration. Lorsque Jacques Baudou dit que l'avenir de la SF est dans la fantasy, c'est en grande partie à ce niveau là que ça se joue. Les auteurs de fantasy y compris un certains nombres d'auteurs assez moyens d'ailleurs, maîtrisent parfaitement le sens de la narration. Et cela est de plus en plus vrai. Donc on ne veut plus voir des bouquins mal torchés sous prétexte que c'est scientifiquement exact et surtout pas de diagrammes, de schémas ou d'équations ésotériques au milieu d'un texte ( tic assez fréquent chez Benford).
- Devenir une littérature de l'humanisme. Là j'ai envie de pousser un cocorico. En France un auteur comme Pierre Bordage donne des leçons d'humanisme dans chacun de ses romans. Il n'est pas le seul. Je parlais récemment de l'imaginaire positif de Roland Wagner. Mais nous pourrions aussi cite Laurent Genefort. Il semble que dans la nouvelle génération anglo-saxonne cette préoccupation soit également partagée. Il faut montrer le coté positif de l'humanité tout simplement parce que le pire n'est jamais sûr. Parce qu'aussi écrire la noirceur c'est peut être un peu trop facile et que ce n'est pas ce que les lecteurs ont besoin. La SF doit parler d'espoir ou en tout cas essayer.
- Rester une littérature d'imaginaire. Le succès de la fantasy est lié au fait qu'elle propose un imaginaire brut. La SF doit parfois aussi être capable de mettre la réflexion entre parenthèse et proposer de grands moments d'imaginaire. Elle doit être capable de mettre une imagination forte au service de grandes constructions philosophiques.
On se rend compte aujourd'hui que la mundane SF et la singularité sont des réactions de vieux cons de la génération des années 70 qui ne souhaitent pas que le genre évolue. Il est probable que la vieille garde de l'âge d'or a eu la même réaction quand la new wave est apparue. Mais le genre continuera d'évoluer
Nous vivons des temps intéressants.

Lucas le Moorcockien

Pour beaucoup Star Wars n'est qu'une résurgence du space opera de l'âge d'or. Mais ce n'est pas que cela. L'influence de Michael Moorcock se fait sentir dans le chef d'oeuvre de Lucas. Le réalisateur a en effet transposé le mythe du champion éternel propre à Moorcock dans un univers de space opera. Anakin Skywalker doit en effet être celui qui ramène l'équilibre dans la force. Et son parcours n'est pas rappeler celui d'un certain Elric. Comme le héros de Moorcock, Anakin se sert d'une puissance qu'il ne contrôle pas et qui finit par le contrôler. Mais à la fin il lui restera encore assez de lucidité pour redevenir lui même et prendre la décision qui finira par sauver le monde.
Mais ce n'est pas le seul emprunt à Moorcock fait par Lucas. La loi et le chaos sont bien présent. En effet Lucas nous présente un univers qui penche dangereusement du coté de la loi, qui devient de plus en plus ordonné jusqu'à sombrer dans le totalitarisme de l'empire. Mais celui ci est déjà en germe dans la république même avant l'arrivée de Palpatine. Là aussi il y a un équilibre à trouver pour sortir des excès de la loi sans sombrer dans le chaos. Et c'est le rôle qui finit par échoir à l'alliance rebelle.
La plupart des fans de l'oeuvre de Lucas sont passés à coté de cette dimension de l'oeuvre et n'y ont vu qu'une oeuvre manichéenne. Et c'est dommage. Lucas est vraiment un homme de son temps et il est clair qu'inconsciemment la lecture de Moorcock l'a marqué. Et que cette dimension est présente dans l'oeuvre.

lundi 18 août 2008

Critique : Black Gate 12

La revue Black Gate s'est imposée comme une des principales revues anglo saxonnes consacrés à la fantasy. Elle a trouvé son ton et a su se démarquer intelligemment des autres revues consacrées à ce genre. Sa force : son éclectisme. En effet on y trouve tous les sous genres qui composent l'un de nos genres préférés : sword and sorcery, high fantasy, fantasy urbaine et même science fantasy. En plus la revue a fait le choix de privilégier la narration plutôt que le style.
Ce numéro 12 mis gratuitement en ligne fut pour moi une bonne occasion de découvrir cette revue. Passons en revue son contenu :
Oblivion is the sweetest wine par John R Fultz : Un voleur est chargé de de dérober du venin d'araignée géante dans une ville où celles-ci sont sacrée. Il est rare de trouver dans la sword and sorcery un plan qui se déroule sans accroc. Mais ici le propos est ailleurs. Le vol est un prétexte pour découvrir les moeurs de la ville de Ghoth avec le héros.
Pyament in full par James Enge est une bonne occasion de retrouver le principal héros de l'auteur Morlock the maker, mage et guerrier doté d'une terrible disgrâce physique. Ce personnage attachant part à la recherche d'un de ses vieux amis, un fabricant de Golem. Mais il devra faire face à de terrible dangers : bande de hors la loi, Golem et pour découvrir une vérité peut être différente de ce qu'il espérait. Le récit est raconté par une jeune femme, protégée de Morlock ce qui nous permet de voir le personnage un peu différemment. Un récit complexe à souhait avec la découverte d'une conspiration tortueuse.
House of the dead par Martha Wells : L'inquisiteur Gilead se rend dans un village des terres sans dieu en compagnie de son frère. Leur mission : éclaircir un mystère. Un village dont les habitants ont disparu, des goules, et bien sûr la magie qui ne serait pas étrangère à tout cela. Encore un très bon texte. Tout tourne autour du mythe de la frontière et nous avons un véritable western médiéval fantastique. Le mélange prend bien, en tout cas.
Willy thing par Constance Cooper :Une jeune femme est expert en objet ancien dans une petite ville près des marais. Un jour un client vient lui faire expertiser un objet qui sort de l'ordinaire. Un objet qui sent la magie. La jeune femme se lance donc à la recherche des origines de l'objet en question, aidé par son chat intelligent. Une nouvelle difficile à lire avec un niveau d'anglais un peu plus soutenu que la moyenne des textes de la revue. Même si le récit est bien mené, la fin m'a laissé sur ma faim justement.
Soldiers of serenity par Todd MacAulty : Un très bon texte de fantasy urbaine se déroulant dans le milieu des multinationales de l'informatique. Le héros, Christopher est manager d'une petite équipe de recherche et doit à tout prix essayer de la sauver des coupes budgetaires qu'essaye d'imposer la multinationale. Mais Christopher devra aussi composer avec un démon qui veut à tout prix récupérer son âme.
Knives under the spring moon par Edward Carmien : L'héroïne de ce récit, Kris appartient à un peuple de chasseurs qui traquent d'étranges herbivores, les Maggies à bord de leurs chars à voile. La tribu est attaqué par un peuple mystérieux qui monte les Maggies et les jeunes femmes de la tribu sont capturés et peut être que Kris devra compter avec la ruse de son étrange mentor, le vieux Paddie pour s'en sortir. Nous avons à faire à un très bon récit de science fantasy. On sent bien, grâce à des indices laissés avec parcimonie par l'auteur que nous nous trouvons sur une colonie lointaine ayant régressé jusqu'au stade tribal. Paddie n'est peut être rien d'autre qu'un astronaute naufragé qui redécouvre cette société par accident, à moins qu'il ne soit un agent chargé de reprendre le contact. Cette série dont c'est le deuxième volet s'annonce prometeuse.
Whispers from stone par Howard Andrew Jones : Cette enquête met en scène Asim, officier dans la garde du vizir Jaffar et l'érudit Dabir. Nous sommes à l'époque du calife Haroun al Rachid. Les deux compères enquêtent sur des sacrifices de chèvres autour d'une expédition vers des ruines Assyriennes. Bonne utilisation du contexte historique ainsi que de l'esprit de milles et une nuits. Les raisonnements de Dabir sont dignes de ceux de Sherlock Holmes. Bref une nouvelle populaire extrêmement agréable à lire.
Mais Black Gate réédite aussi des classiques. Dans ce numéro nous avons droit à Thumitak of the ancient world réédition d'un classique de la science fantasy par Charles R Tanner. Ce récit issu des pulps met en scène Thumitak, jeune homme qui dans un lointain futur lutte contre les Shelks de Vénus qui ont dominé la Terre pendant des millénaires et souhaite reconquérir la planète au nom des hommes. Une redécouverte bienvenue dans une science fantasy qui n'est pas sans rappeler le meilleurs de Edgar Rice Burroughs.
Bref ce numéro de Black Gate est à lire absolument pour qui veut découvrir la diversité du genre fantasy aujourd'hui.

mercredi 13 août 2008

Brèves

Les résultats du Hugo sont tombés. Vous les trouverez de manière compléte ici :
http://www.denvention3.org/hugos/08hugowinnerlist.php

La liste de nominés du British Fantasy Award a été rendu publique :
http://www.elbakin.net/fantasy/news/7840-Les-British-Fantasy-Awards-2008
Il faudrait peut être appeler ce prix British Horror Award puisque plusieurs des romand nominés (le Ramsey Campbell et le Joe Hill) sont des romans d'horreur et non des romans de fantasy. Quand on sait que la Grande Bretagne possède aujourd'hui certains des auteurs de fantasy les plus originaux ces choix peuvent suprendre.

Une initiative intéressante a eu lieu aux USA le shared world Camp du Wooford College à Spartanburg en Caroline du Sud. Une vingtaine d'adolescents venu de tout le pays ont eu la lourde tâche de créer leur propre univers partagé et d'écrire chacun une histoire s'y déroulant. Le stage était encadré notamment par des écrivains professionnels comme Jeff Vandermeer, Ekatarina Sedia ou Tobias Buckell. Ne pourrait - on pas faire une initiative comparable en France ? L'imaginaire permettant à des jeunes de milieu défavorisé de s'exprimer, les vertus pédagogiques sont considérables en plus. Bref à méditer.
http://www.jeffvandermeer.com/2008/08/08/shared-worlds-and-catching-up/#more-1468

mardi 12 août 2008

Coup de coeur

Je voudrais vous parler d'un de mes coups de coeur du moment. Il s'agit d'un roman feuilleton publié sur le net, les Chimères de Mirinar. Il est l'oeuvre de deux auteurs : Vincent Mondiot et Raphael Lafarge. Il s'agit d'une oeuvre de fantasy mêlant aux codes de la fantasy proprement dite ceux du western. Un western sans armes feu certes, mais nous sommes bien dans un dis neuvième siècle fantastique avec ses villes, ses industries naissantes. Je vous le laisse découvrir. C'est à cette adresse :
http://www.mirinar.com
En tout cas je suis content que le roman feuilleton revienne grâce à internet. Il faut se souvenir que les auteurs du dix neuvième siècle avant d'être publié en volume était publié sous forme de feuilleton. C'est tout le mal que l'on souhaite à nos deux amis. Mais les Chimères de Mirinar ce n'est pas qu'un feuilleton c'est une véritable construction d'univers. De nombreux appendices vous font découvrir l'Etat des Arches et le monde de Mirinar. Et de nombreuses illustrations, oeuvres d'un graphiste Mathieu, vous permettront de mieux visualiser les éléments du roman. Bref la littérature 2.0 est née ! Et la fantasy est de la partie.

lundi 11 août 2008

La paranormal fantasy, un genre américain ?

Je l'évoquais précédemment le centre de gravité de la fantasy d'exploitation s'est déplacé de la fantasy médiévale vers la paranormal romance. On peut se demander si ce sous genre de la fantasy urbaine n'est pas un genre typiquement américain. Déjà l'action se déroule dans des mégalopoles américaines modernes où se côtoient des créatures fantastiques d'origines diverses (vampires, loups garous, fées, sorciers etc). Quand je parle de la diversité des origines, on brasse tout le spectre des populations qui composent les USA modernes. Un druide peut fraterniser avec un prêtre vaudou et des vampires européens peuvent affronter des djinns issus du folklore moyen oriental. On est en plein dans le mythe du melting pot. Ce qu'il y a de sûr c'est que l'écriture de ce sous genre ne peut être fait que par des américains.
Quant à sa réception c'est plus complexe. Des séries comme Buffy ou Charmed ont familiarisé le public français avec lui. Des auteurs comme Jim Butcher, Laurel k Hamilton ou Kelley Armstrong commencent à être publié chez nous. Mais je crois que ce genre n'aura jamais la popularité de la fantasy à monde secondaire. En France la conception de la ville est très diffèrentes et malgré le multi culturalisme que nous connaissons chez nous, chaque cité a ses racines propres. Je crois que fatalement, la fantasy urbaine parce qu'elle est ancré dans le quotidien ne peut prendre cette forme là chez nous. Le lecteur de fantasy urbaine cherche l'intrusion du merveilleux et du surnaturel dans la réalité prosaïque. Je pense qu'en France il recherche quelque chose de différent. Christian Villa a montré ce que l'on pouvait faire avec les mystères de Saint Petersbourg. Certains auteurs anglo saxons écrivent des formes de fantasy urbaines différentes allant du purement fantasmé dans des villes imaginaires à l'exploitation de l'identité de chaque ville en passant par une large palette. Bref je crois que la paranormal romance aura un certains succès chez les fans hard core de fantasy mais ne sera jamais une lame de fond comme peut l'être la fantasy médiévale.

vendredi 8 août 2008

Bragelonne, tu déconnes

Bragelonne a créé le label Milady dont les premiers titres sont arrivés en librairie depuis environ un mois. Avec stupeur nous découvrons des éditions grands formats des série Dragonlance et Royaumes Oubliés. Ces séries étaient auparavant publiées chez Fleuve Noir qui en a abandonné la publication. Je sais bien que Bragelonne a l'ambition d'être un éditeur d'imaginaire populaire et qu'ils leur faut des publications susceptibles de générer de l'argent pour pouvoir investir sur des auteurs moins connus. Mais je me demande si cette stratégie ne va se dégonfler sur le long terme.
En effet ce type de franchise a-t-il encore la côte ? Je ne connais pas les chiffres de ventes américains donc je ne ferais aucune spéculation sur leur évolution là bas. Mais le coeur de cible de ces collections ce sont les rôlistes et notamment ceux qui pratiquent Donjons et Dragons. Mais aujourd'hui en France le public du jdr se renouvelle peu et contrairement aux rolistes américains chez qui Donjons et Dragons est le jeu emblématique les rôlistes français pratiquent de nombreux jeux et même si D&D a une part importante sa place est moins prédominante que dans d'autres pays.
Si l'on observe l'évolution de la fantasy d'exploitation aux USA on se rend compte qu'aujourd'hui le centre de gravité du genre se déplace du la fantasy médiévale vers la paranormal fantasy(1).
De plus Bragelonne a décidé de publier ces séries en grand format et non en poche, ce qui est un sacré pari.
La question qui se pose est la suivante : est ce à Bragelonne, gros éditeur indépendant de publier ce type d'ouvrage ou plutôt à un éditeur commercial ? Pourquoi donc Fleuve Noir a-t-il abandonné ces séries, pour une question de ventes insuffisantes ou autre chose ?
N'empêche que ces séries dans le catalogue d'un label comme Milady n'ont pas l'air à leur place. Elles prennent la place de romans originaux et l'on préférerait lire de bons auteurs de fantasy populaire français que des auteurs de fantasy populaire américains médiocres.
(1) Paranormal fantasy ou paranormal romance : sous genre de la fantasy urbaine proche de série comme Buffy ou Charmed.

jeudi 7 août 2008

Roland C Wagner et la société de l'information

Il y a quelques mois un auteurs américain déclarait qu'il ne souhaitait pas écrire d'anticipation optimiste car l'exercice était trop difficile. En France Roland C Wagner a brillamment réussi l'examen avec sa série les Futurs Mystères de Paris. Celle ci se déroule dans une France de la fin du 21éme siècle, quelques années après la Grande Terreur Primitive qui a vu se déchaîner les forces de l'inconscient collectif. Même si les multinationales (appelée technotrans) sont puissantes leur pouvoir est contrebalancé par l'organisation de la société en tribu qui a pour conséquence une balkanisation des habitudes de consommation. Cette notion de tribu vient tout droit des recherches de certains sociologues canadiens et aujourd'hui la tribu est considéré comme l'une des cellules de base de la société de l'information.
Roland C Wagner se situe donc à l'opposé de la réflexion des cyberpunks. Ces derniers avaient mélés les structures technologiques de la société de l'information avec les structures sociales de la société industrielle. Ces dernières ne pouvant être que renversé par le terrorisme ou la révolution. Roland C Wagner imagine une société où les structures sociales et technologiques sont celles de la société de l'information. Je trouve sa visions beaucoup plus intéressante, pas seulement parce qu'elle est optimiste, mais parce qu'elle pousse la réflexion sur la société de l'information jusqu'au bout ce qui est malheureusement encore trop rare, les auteurs de SF consacrant encore trop leur énergie à dénoncer les dérives d'une société industrielle moribonde que multinationales et politiciens néoconservateurs essaient de maintenir en vie avec acharnement. Montrer que la société de l'information n'est peut être pas un paradis mais est certainement meilleures que celle où nous sommes est un pari osé, mais qui a le mérite d'aller dans le sens de ce que devrait être un oeuvre d'anticipation : imaginer les sociétés de demain et pas seulement imaginer le pire.

mardi 5 août 2008

La SF a ses raisons

Sur un forum anglo-saxon un forumiste expliquait que que dans l'expression science fiction, science était employé pour raison et non pour technologie. Ce qui voudrait dire que la SF est une littérature qui repose sur des conjectures rationnelles. Certes c'est une vieille idée mais cela fait du bien de la voir réexprimée aujourd'hui.
A notre époque où certains acteurs de l'édition et du fandom voudrait nous faire croire que la hard science est le coeur du genre, que d'autre voix s'expriment et osent revenir aux fondamentaux est une bonne chose. Il y aussi un maronnier chez les bloggueurs sf en ce moment. La SF de la grande époque de l'âge d'or jusqu'au années 60 a plus parlé de philosophie que de technologie. Donc il faudrait arrêter de vouloir faire de la SF la littérature qui parle des technologie. Quand on connaît le niveau littéraire médiocre des auteurs de hard science c'est rassurant. Continuons à investir le champ de la philosophie il en ressortira des perles.

lundi 4 août 2008

Les conservateurs et le simple d'esprit

Deux auteurs d'opinion conservatrice : OS Card et Terry Goodkind ont placé au coeur de leur oeuvre un personnage simple d'esprit. On peut se demander pourquoi faire du simple d'esprit le sauveur du monde lorsque l'on appartient à la droite conservatrice.
Chez Card dans son roman "Patience d'Immakulata" (Unwyrms, 1984) le personnage du simple d'esprit Constant (Will, dans la version originale) est opposé aux savants. Si les savants n'ont su résister à l'appel de l'entité monstrueuse Unwyms c'est "parce qu'ils étaient plus faible que leur passion" nous dit Card. Habituellement le savant, le chercheur est plutôt considéré comme homme de raison, capable justement d'échapper aux comportements irrationnels, et notamment à la passion. Card prend ici l'opinion populaire à contre pied. Et c'est Will le simple d'esprit qui est capable d'échapper à l'emprise du monstre. Et par un curieux lapsus, les anglophones noteront que Will en anglais signifie volonté. Et cette volonté qui a fait défaut aux savant qui permet à Will de triompher. Les savants sont des faibles tandis que Will est fort. L'intellectuel est un faible et le simplet un fort.
Chez Goodkind c'est plus compliqué. Dans "l'épée de vérité" le héros est un jeune forestier débile léger, Richard. Il est le seul à pouvoir porter l'épée du titre et à pouvoir être protégé contre son pouvoir. Goodkind nous présente quand même un personnage intellectuel positif qui va être capable de guider Richard, le magicien Zedd. Mais les autres personnages intellectuels présentés que ce soit la prophétesse ou le peintre de la reine, ce sont des personnages dotés de tares et en pleine dégénérescence morales. Là aussi c'est la volonté de Richard qui lui permet de résister au pouvoir de l'épée tandis que des personnages plus éduqué n'y parviendrait pas.
On peut se demander pourquoi la figure du déficient intellectuel devient une figure rédemptrice parée de toutes les vertus. Dans les deux cas il s'agit d'un personnage pur et même si comme Richard il s'adonne à la violence c'est pour faire triompher cette pureté. Le simple d'esprit est le défenseur d'un certains ordre morale contre les intellectuels qui s'y opposent au nom des philosophies des lumières. Il faut noter que Richard comme Will se réclament de valeurs rurales simples. Ce sont des incarnations de la nature contre la culture présentée comme la pire des perversions. Il représente le monde originel, et certainement quelque part l'idéal de l'Eden. Card est Mormont et Goodkind se réclame de la droite chrétienne américaine. Et le retour à la pureté originelle est un de leurs idéaux. D'autre part la date de ces oeuvres 1984 pour le roman de Card et 1988 pour Goodkind n'est pas un hasard. La construction de la société de l'information où la sphère intellectuelle est de plus en plus appelé à interférer avec l'économique et le politique est rejeté par ce deux auteurs. Il lui préfère un retours à la terre et aux valeurs paysannes.

vendredi 1 août 2008

Politique, (amour) et science fiction

Durant le dernier mois j'ai eu l'occasion de lire deux points de vue fort intéressants sur les rapports entre SF et politique. Richard Morgan explique que le but des auteurs de SF n'est pas de changer le monde mais bien d'être la frange haut de gamme de l'industrie du divertissement. Jonathan MacAlmont quant à lui considère que la critique socio-politique est un des nombreux tropes du fonds commun d'idées qu'est la SF. Et que les romans utilisant la critique socio-politique comme ressort principal n'ont pas plus avoir avec les essais politiques que les romans de Laurel K Hamilton.
En France la SF depuis les années 70 vit une histoire d'amour particulière avec la politique. Une des dernières incarnation de ce travers est l'anthologie Appel d'air où la fine fleur de la Sf française critique violemment la politique supposée de Nicolas Sarkozy. Je ne lirais pas ce recueil même si je me reconnais dans ce type d'opinion. Ce genre d'ouvrage d'une part ne fait que flatter l'égo de son auteur et en plus ne prêche que des convaincus. De plus on est en droit de se demander si en décrivant des anticipations dystopiques les auteurs ne contribuent pas à actualiser, bien malgré eux de nouveaux possibles dont la société se serait bien passée. C'est franchement la question de la responsabilité de l'écrivain qui est en jeu.
Je préfère largement voir la SF investir dans les thèmes philosophiques universels (Certains d'entre eux attendent encore un grand roman) plutôt que voir la Sf investit par le politique. Le but d'un genre comme le notre n'est pas de se substituer aux essais ou aux réflexions de la presse. Dans les années 70, grande époque de SF politique tant chez nous que chez les Anglo Saxons, peut être que les essais et autres tribunes de réflexion étaient ils rares et la SF s'y substituée. Mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. La donne a changé et le genre doit s'y adapter. S'il y a désaffection pour le genre sans doute que son trempage dans la politique n'y est pas étranger.