lundi 18 octobre 2010

Retour à la terre

On dit souvent que la fantasy est à l'opposé des valeurs de la SF. Je fais partie de ceux qui pensent que ces deux littératures ont trop en commun pur être antagonistes. S'il faut trouver une littérature véritablement opposé à la SF c'est ailleurs qu'il faut chercher : le roman de terroir ou roman paysan. Là où la SF est la littérature de l'altérité, le roman de terroir est celui du renfermement sur soi. Là où la SF est ouverte sur le futur, le roman paysan prône le retours vers le passé, celui d'un âge d'or rural mythique. Là où la Sf se veut progressiste, le roman de terroir est conservateur parfois même réactionnaire. Toutefois réactionnaire ne veut pas dire forcément de droite. Certains éditeurs régionalistes qui éditent du roman de terroir se réclament du communisme rural.
On est en droit de se demander si une certaine SF écologique des années 70 n'a pas été mal comprise par une partie du public. La figure du retours à la terre était en effet présente dans les utopies écologistes qui représentaient une bonne part du genre à l'époque. Jean Pierre Andrevon a consacré deux anthologie à cette thématique chez Denoel. Mais la société rurale figurait aussi dans les oeuvres de certains auteurs anglo saxons, par exemple Pamela Sargent. C'est quand le genre est passé à autre chose que les ventes ont commencé à baisser. Cela ne veut peut être rien dire. Mais il est clair qu'une partie du public de la SF écologique de l'époque a certainement mal compris le propos. Il a retenu l'aspect rural et non l'aspect écologique et le respect pour la nature de ces oeuvres. Il y a vu une défense de la société agraire traditionnelle, alors qu'il s'agissait de critiquer la société de consommation et ses excès.
Mais à coté de ça les années 80 ont vu le développement des certaines valeurs conservatrices qui expliquent à elles seules le succès du roman de terroir et le déclin de la SF à l'époque. Le roman de terroir qui a relativement peu d'équivalent à l'étranger et certainement pas chez les anglo-saxons. Un genre qui montre à lui tout seul le mépris d'une partie des Français pour le futur, les sciences, et la nouveauté.

dimanche 17 octobre 2010

Livre univers

Aujourd'hui la SF vend peu. Mais à coté de ça nous trouvons peu de blockbusters parmi les livres qui sortent. Et la grande majorité des blockbusters sont des livres univers. Les années 80 ont été une sorte de chant du cygne pour ce type de récits. C'est ainsi que la décennie a vu Héliconia de Brian Aldiss, le cycle de Majipoor de Robert Silverberg, Radix de AA Atanasio, Le Chant de la Terre de Michael G Coney, Inexistence de David Zindell sans oublier Hyperion de Dan Simmons qui conclue la période en apothéose . Et je ne parle pas des oeuvres non traduites chez nous. Paul Di Filipo évoque notamment le cycle des Starbridge Chronicles de Paul Park. Par contre les années 90 furent assez vide. Le seul véritable livre univers fut l'Aube de la Nuit de Peter F Hamilton. Les années 2000 furent légèrement plus frémissante, le cycle de Nulapeiron de John Meaney (que Jean Claude Dunyach avait envisagé de faire traduire en Français chez Bragelonne) ainsi qu'une trilogie de Jim Grimsley (The last green tree).
Chez nous en France ce furent les années 90 qui s'affirmèrent les années du livre univers. Ainsi nous vîmes se succéder Les Guerriers du Silence de Pierre Bordage, les cycles de Aqualia et de Yorg d'Alain le Bussy ou encore le cycle d'Omale de Laurent Genefort. On est en droit de se demander si ce n'est pas le livre univers qui dope le marché de la SF. Aujourd'hui qu'il est moins présent le genre vend moins. Par contre le livre univers fut la marque de la fantasy des années 2000 : Steven Erickson, China Mieville, Steph Swainson, David Anthony Durham, Patrick Rothfuss, Robert Reddick, Ken Scholes, Adrian Tchaikovsky, Brandon Sanderson, Mark C Newton et sans doute d'autres que j'oublie se sont tous illustrés dans la création de véritable livres univers. Tous les livres univers ne sont pas des blockbusters, mais quasiment tous les blockbusters des années 2000 sont des livres univers. Les français n'ont pas été en reste avec Mathieu Gaborit, Nicolas Cluzeau, Charlotte Bousquet ou Claire Panier Alix.
Il y a de quoi faire réfléchir. Et si le livre univers avait dopé les ventes de la SF. A coté de tels livres il y avait d'autres romans ou cycles qui développaient à leur manière la notion d'univers. Nous ne pouvons que nous réjouir de l'arrivée d'auteurs comme Neal Asher ou Tobias Buckell qui développent un imaginaire spatial flamboyant. Mais il est clair qu'il manque le niveau au dessus.
Le retour du livre univers marquera le retours en grâce de la SF. J'en suis intimement persuadé.

lundi 13 septembre 2010

Les souffrances du jeune Michel (ou pourquoi je ne lirais pas Houellebecq)

Il était une fois un jeune homme prénommé Michel. Passionné de littérature de genre il dévore science fiction, fantastique, polar, thriller. Son rêve devenir un écrivain populaire et notamment s'illustrer dans le domaine de la science fiction. Le jeune homme passionné va même jusqu'à publier une biographie de Lovecraft reconnue aussi bien par le fandom que par la critique plus institutionnelle. Mais voilà, le jeune Michel se rend compte que la science fiction ne nourrit pas son homme. D'autant plus qu'il veut marquer le monde de son empreinte. Finalement il se dirigera vers la littérature générale. Il publiera un premier roman succès critique mais non public. Ensuite il comprendra que la provocation permet de vendre. Et enchaînera donc provocations sur provocations ce qui assurera son succès jusqu'à aujourd'hui.
C'est ainsi que celui qui aurait peut être put devenir l'un des meilleurs auteurs de SF s'est renié lui - même et s'est mis à émarger dans le champs de la littérature. Une longue dérive de laquelle le jeune Michel n'est pas prêt de sortir. Prisonnier de son propre personnage et de valeur qui ne sont pas les siennes, il finit, par incarner un visage de la déprime permanente. Malheureux comme les pierres comme tous ceux qui s'éloigne de leur propre réalité.
Je ne lirais pas les romans du jeune Michel. D'autant plus qu'en se reniant il a un peu trahit tous ceux du fandom et plus encore.

jeudi 12 août 2010

Leçons en postmodernisme : Spin de Robert Charles Wilson

Spin est loin d'être un mauvais roman. Mais c'est loin d'être le chef d'oeuvre annoncé. Il faut dire que ce roman contient les invariants de l'oeuvre postmoderne : la déconstruction et la rupture. Déconstruction tout d'abord. Wilson nous compte l'apparition de d'une membrane protectrice autour de la terre ralentissant le flux temporel tandis que tout autour le temps continue sa marche inexorable. Mais il ne traite pas ce sujet à la manière d'un Arthur C Clarke ou même d'un Philip K Dick. Non Wilson utilise l'angle de l'intimisme. Les 120 premières pages dégoulinent de pathos psychologique et sont irrémédiablement ennuyeuses. Le livre commence donc à décoller à partir de la page 120 où les différents protagonistes commencent à avoir une approche directe du Spin. Il en va de même de l'opposition entre science et religion. Là aussi Wilson noie le sujet dans un énorme pathos psychologique qui finit par affaiblir le propos.
La rupture est également une figure présente elle aussi. C'est une rupture avec le futur. Nous ne sommes même pas dans la bulle de présent élargie mais dans une mise sous cloche du présent. Le corollaire de cette rupture avec le futur c'est une véritable rupture avec l'histoire. Wilson semble adhérer à la théorie de la fin de l'histoire. Il nous présente la société industrielle comme un horizon indépassable et semble ignorer la société de l'information ou la société du savoir. Les changements viennent d'hommes providentiels comme Jason ou Wun le Martien. Mais les Martiens sont une conséquence de l'envoi de modules de terraformation sur Mars au premier temps du Spin. Il semble que seul une intervention extérieure puisse faire évoluer l'humanité. Mais toute l'histoire du roman est celle d'une rupture. La membrane de Spin coupe la Terre de la réalité temporelle environnante. La pensée postmoderne ne fait pas que limiter l'imaginaire, elle limite également la spéculation. Même si l'idée force de Spin est intéressante, le parti pris de mettre le présent sous cloche et l'échéance fixée au départ pour la disparition de l'humanité vont contribuer à limiter le spectre des spéculations.. Alors qu'il y a autant de modèle économique et sociaux qu'il y a de philosophies et de pensées alternatives. Il y a un renoncement à la SF en tant que laboratoire d'idées.

lundi 2 août 2010

L'attaque des zombies

Les zombies sont à la mode. Normal me direz vous, le récit de zombie est d'après le critique Jean Baptiste Thoret une critique de la société de consommation basée sur le comportement prédateur du consommateur qui se laisse entraîner par l'achat impulsif sans réfléchir contribuant à détruire la planète. Mais ce n'est que de la critique métaphorique. Mais il y a plus. Face aux hordes de zombies on oppose des survivalistes armés jusqu'aux dents, militaires, flics, sportifs ou rednecks. Déjà on remarquera que ce sont tous des individus mettant en avant leur forces, leur capacité à se battre physiquement. Face aux prédateurs on oppose des superprédateurs et il n'y a qu'une solution tuer ou être tué. Si l'on interprète la métaphore, pour lutter contre le consumerisme effrénés il faut tuer les consommateurs prédateurs. On est ici loin d'un modèle humaniste. On est dans un modèle plutôt libertarien, une anarchie conservatrice, où tout est permis puisque la société s'est effondrée. Lorsque l'on a besoin de quelque chose, on a juste besoin de se servir.
Finalement le récit de zombie participe du modèle prédateur en faisant juste semblant de le critiquer.

dimanche 25 juillet 2010

Changeons d'époque

Lorsque l'on regarde les programmes de publication des collections une chose frappe : si en fantasy l'on traduit des romans récent, en SF on traduits des romans qui peuvent être récents mais écrits par la génération des auteurs des années 90 (Egan, Baxter) ou même parfois 80 ( Walter John Williams, RC Wilson) que la génération actuelle, celle des auteurs britanniques et américains des années 2000. C'est tout aussi vrai dans les revues où cette génération est tout aussi boudée que ce soit dans Bifrost ou Galaxies. Et pourtant elle est fertile en nouvellistes talentueux que ce soit Yoon Ha Lee, Cat Rambo, Jason Sanford et des dizaines d'autres qui sont au sommaire des revue, webzines et anthologies anglo saxonnes depuis le milieu des années 2000 voir la fin des 90 pour certains. Les romans de Liz Williams, Elizabeth Bear ou Jay Lake, auteurs prolifiques et assez symboliques de cette génération ne sont toujours pas traduit. Chez nous nous devons nous contenter de trois titres de Neal Asher. Ah, le premier roman de Tobias Buckell va être traduit enfin. Mais ni dans la collection Ailleurs et Demain de Robert Laffont, ni au Fleuve Noir, à l'Atalante ou en Denoel Lune d'Encre. Non c'est chez Télémaque un éditeur qui jusqu'à présent publiait de la littérature et qui se lance dans la SF.
Bref il faut changer d'époque. Et oser publier cette génération qui réconcilie sciences exactes et sciences humaines, ose se lancer dans une véritable démarche de création, qui réconcilie les aspects populaires et ceux plus exigeants. Bref une génération qui fait avancer le genre

dimanche 2 mai 2010

Del Rey touche le fond

Del Rey est un grand éditeur de SF outre atlantique ou plutôt était. Ils ont en effet multiplié l'achat de licence juteuse et la publication de novellisation dans les années 2000. Autant l'on peu comprendre qu'une franchise comme Star Wars puisse se décliner en roman. De même pour l'univers d'un jeu vidéo comme Mass Effect. Mais voilà, sans que l'on sache qu'elle mouche les pique qu'ils nous sortent un roman.... Transformers. Et on se demande bien ce qu'un auteur de qualité comme Alex Irvine vient faire dans cette galère. Payer ses impôts sans doute.
Je veux bien que le marketing soit le nerf de la guerre. Même j'en suis intimement persuadé. Mais là, on a vraiment touché le fond. Il vaudrait peut être mieux rebondir sur les thèmes à la mode. Ceux qui sont traité par des films ou des jeux vidéos qui marchent, plutôt que nous dériver un pop corn movie. D'autant plus que le film est déjà un produit dérivé du dessin animé qui lui même est le produit dérivé de la gamme de figurine. Bref, un roman servant à vendre des action figures ? Pourquoi pas à la limite, mais Transformers, ça ne peut être que mauvais même traité par un bon auteur comme Irvine.

jeudi 22 avril 2010

Pour ceux qui ont aimé Avatar

Votre petit frère a adoré Avatar et il voudrait découvrir la SF. Eh, bien tonton Fabien a pensé à lui. Voici une liste de quelques oeuvres sur le thème de l'écologie extra terrestre :

Jack Vance : Les chroniques de Cadwal ( en trois tomes chez Pocket)
Sherri S Tepper : Rituel de Chasse (J'ai lu)
Brian Aldiss : le cycle d'Héliconia (3 tomes, livre de poche)
Laurent Genefort : Chasseurs de Sève (Denoel Présence du futur)
Omale (j'ai lu)
Les conquérants d'Omale (j'ai lu)
La muraille sainte d'Omale (j'ai lu)
Christian Léourier : L'homme qui tua l'hiver (j'ai lu)
Les racines de l'oubli (j'ai lu)
Julia Verlanger : Les voies d'Almagiel
D'un lieu lointain nommé Soltrois (tous deux réédités dans l'intégrale consacrée à cette auteure chez Bragelonne, le volume s'intitule, Sur des mondes barbares)

Bandes dessinées :
Léo : Aldébaran
Betelgeuse
Antares
Léo et Ikar : Terres Lointaines
Tout ceux ci sont chez Dargaud
Bourgeon et Lacroix : le cycle de Cyann (Castermann)

J'ai sans doute oublié des tonnes de chose. Si vous voyez un oubli monumental, n'hésitez pas à le signaler en commentaire.

mercredi 21 avril 2010

Science fiction agricole

Ce qui est bien avec la sf c'est que l'on peut mélanger ses codes avec ceux d'un autre genre. Ainsi la Sf militaire mélange les tropes du space opera avec ceux du roman de guerre. On peut donc imaginer une forme de SF qui mélerait planet opera et roman paysan. Il y serait question d'aventure planétaire vu sous l'angle des agriculteurs qui travaillent ces mondes. On y parlerait du conflit entre tradition et progrès, de l'opposition nature culture, de l'adaptation des cultures agricoles à d'autres environnements, à la sélection d'équivalents locaux de plantes et d'animaux, de xénobiologie.... Bref une forme de SF bien dans l'air du temps quand on connaît l'attachement des français à la terre et à la popularité que connaissent les questions agricoles.
Il s'agit bel et bien d'un délire de ma part. Mais je reste persuadé que si quelqu'un lance ce genre de concept, il risque de rencontrer un public.

mardi 20 avril 2010

Made in Albion

Ils s'appellent Philip Palmer, Gary Gibson, Jane Fenn ou Colin Harvey... Ils sont la jeune garde de la SF britannique. Une SF qui bouge beaucoup plus que la SF américaine en tout cas vu d'ici. En 2010 plusieurs premiers romans sont prévus chez des éditeurs importants : Ian Whates (Noise Within), Gavin Smith (Veteran), Hannu Rajaniemi (the quantum thief). Ne cherchez pas ils ne sont pas encore traduits chez nous. Mais force est de constater que s'il existe un renouveau de la science fiction c'est sur le vieux continent qu'il s'opère (quoique la Grande Bretagne c'est pas non plus vraiment la vieille Europe). Et je sens que tout cela n'est pas fini.
Souvenons nous qu'au milieu des années 90 le renouveau de la fantasy était aussi parti de la perfide Albion avec des auteurs comme Tom Arden, Ricardo Pinto, Paul Kearney, JV Jones... Donc avec ce précédent en tête on peut se dire qu'il faut conserver l'oeil sur ce mouvement. D'autant plus que des auteurs de fantasy se convertissent à la SF comme Michael Cobley. Et que les précurseurs du début des années 2000 sont toujours là - Reynolds et Stross bien sûr mais aussi Neil Asher, Liz Williams, John Meaney... Les jeunes auteurs américains ne s'y trompent pas puisque certains des plus prometteurs d'entre eux se font publier par la revue britannique Interzone. La Grande Bretagne est sans doute une terre d'avant garde pour la SF.

lundi 12 avril 2010

L'imaginaire c'est rock 'n Roll

On dit souvent que les littératures de l'imaginaire sont à la littérature ce que le rock n roll est à la musique. Mais malheureusement il n'y a pas la même organisation. Le rock n' roll est structuré par des scènes locales. Et si justement dans le monde des littératures de l'imaginaire il existait une échelon local. Des convention locale où des auteurs amateurs pourraient venir lire leurs textes, des éditeurs locaux qui publieraient tous les ans deux ou trois livres d'auteurs du cru, sans oublier les fanzines ou les webzines qui eux aussi pourraient faire connaître les auteurs régionaux en devenir. Plus de spontanéité ne nuirait donc pas à nos genres favoris.

lundi 5 avril 2010

La SF américaine en crise

Il est un sujet à la mode sur les blogs et les forums anglophones : la Sf est en train de mourir. Et les raisons en sont multiples :
Tout d'abord la crise du paradigme technologique. Régis Debray nous apprend que jusqu'aux années 70 le paradigme technologique était plutôt à gauche et le paradigme culturel plutôt à droite. Les valeurs se sont inversées depuis 30 ans. Aujourd'hui ce paradigme s'exprime à travers une idéologie : la singularité. Cette théorie affirme que les progrès technologiques croissants vont aboutir à une société totalement changé et incompréhensible pour un individu de notre époque. Mais la singularité avec ses transhumains, ses intelligences artificielles etc... est peut être le pendant conservateur de ce que l'on a connu chez nous avec la nouvelle SF politique française et ses utopies techno- socialo- écologiques.
Mais il y a aussi le postmodernisme qui imprègne une bonne part de la SF américaine. la volonté de rupture. Par exemple Alastair Reynolds fait de l'espace un non lieu où l'être humain reste anonyme. Il s'agit d'une rupture avec la tradition du space opera où l'espace était représenté comme un lieu anthropologique propices à de nombreuses rencontre. Cette volonté de rompre avec une certaine continuité est aussi symptomatique d'une idée de la table rase. Il faut déconstruire le genre pour mieux le reconstruire. Si sur le papier cette idée peut paraître grande elle se heurte à la réalité de ce qu'est la SF : une littérature du paradoxe. Rompre avec cette notion de paradoxe c'est un peu introduire le serpent dans le jardin d'Eden. C'est créer des récits dysfonctionnels. D'autant que des auteurs ont rompus avec le narratif pour privilégier des récits plutôt passionnels (Egan), niant ainsi l'histoire d'un genre né dans les pulp magazines et donc issus de la culture populaire.
En France la SF s'est reconstruite durant les années 80 surtout grâce à sa composante populaire. La collection Fleuve Noir Anticipation a permis au genre de recruter de nombreux jeunes lecteurs et aussi de nouveaux auteurs. Mais pour la SF américaine la SF populaire ce sont malheureusement pour beaucoup les licences (principalement Star Wars et Star Trek) qui s'adressent plutôt à un public de fans qu'à un public généraliste. Avec ce rétrécissement de la base populaire le genre va avoir du mal à se redresser.

jeudi 1 avril 2010

Les Franchises

L'exploitation des licences juteuses issues du cinéma, de la télévision ou du jeu vidéo ont fini par démolir des pans entiers de nos genres de prédilection. Curieusement la fantasy semble plus épargnée que la SF. Les licences de la fantasy sont principalement liées au jeu de rôle, et notamment les multiples univers de Donjons et Dragons et n'ont sans doute pas la puissance des rouleaux compresseurs des licences de SF. En effet Star Wars, Star Trek ou Warhammer 40K sont devenus de véritables arbres qui cachent la forêt. Autant la Black Library avec WH40K a une démarche cohérente. Un éditeur dédié filiale de la société de jeu. Tandis que les autres licences sont prises en mains par des éditeurs déjà existants.
Et c'est le space opera qui fait les frais de l'opération. Et surtout le space opera populaire. On aimerait bien lire des romans d'exploitation dans des univers originaux tout de même. Mais les rouleaux compresseurs éditoriaux que sont les franchises démolissent tout sur leur passage. Les oeuvres mères ayant acquis une large base de fans, elles font des chiffres de ventes énormes qui deviennent les maîtres étalons pour ce genre d'ouvrage. Un roman original ne peut espérer rivaliser avec ces chiffres et ne devient plus possibles à publier.
Devront nous nous tourner vers les E-Books pour lire des choses intéressantes ?

mardi 9 mars 2010

Littérature d'exploitation

Je ne dénie pas à Bragelonne le droit de publier de la littérature d'exploitation et encore moins de la fantasy d'exploitation. Mais voilà pourquoi traduire des oeuvres d'exploitation ? Ce serait plus dans l'ordre des choses de traduire les oeuvres les plus ambitieuses et de publier des oeuvres d'exploitation publiée par des auteurs français. Mais c'est vrai que quand on voit le succès de Goodkind on se dit qu'ils auraient tort de s'en priver. Sauf qu'il y a tromperie sur la marchandise et l'on fait passer une oeuvre d'exploitation pour " la meilleure oeuvre de fantasy après le Seigneur des anneaux". Non seulement L'épée de Vérité est une oeuvre d'exploitation mais pas des meilleures. C'est là qu'on voit qu'une campagne de buzz bien orchestrée peut doper les ventes d'oeuvres médiocres.
C'est sur que des oeuvres d'exploitation écrites par des Français ça vendrait moins. Quoique, rien ne le prouve. Au moins je suis sûr que ce serait bien plus intéressant que Goodkind.

dimanche 31 janvier 2010

Le nom du futur est xéno

A partir de 1994 on voit apparaître de nombreux projets concernant la xénobiologie. L'artiste Wayne Barlowe publie un artbook concept intitulé Expedition dans lequel il nous présente en détail la faune de la planète Darwin IV. En bande dessiné Léo commence à publier Aldebaran tandis que de l'autre côté de l'Atlantique Matt Hogwarth publie lui aussi des comics indépendants sur des thèmes proches. En jeu de rôle on voit apparaître Blue Planet un jdr écologique qui permet d'incarner des colons terriens installé sur une planète archipel. En SF littéraire assez peu de choses paradoxalement. On a la série de nouvelles Tartarus par Eric Brown.
Les années 2000 continuent l'aventure. Neil Asher nous raconte la planète Splatterjay. Les projets de créations de mondes abondent dans le fandom. Commençant avec Furaha et Epona à la fin des années 90, ils se continuent dans le nouveau millenaire débutant avec Snaiad ou Sagan 4 (allez faire un tour sur Deviantart et tapez xenobiology en mot clé). Les projets d'artistes continuent à apparaître avec notamment Bryn Metheney et son artbook Morae River. Et les deux médias les plus populaires entrent dans la danse. Le jeu vidéo avec Spore qui propose aux joueurs de créer leur propre écosystème et de faire évoluer des formes de vie. Et le cinéma avec Avatar de James Cameron. La SF littéraire n'est pas en reste puisqu'outre Neil Asher déjà cité d'autres auteurs s'y mettent aussi : Tobias Buckhell, quelques textes d'Elisabeth Bear ou la série des Coyote d'Allen Steel (autant d'auteurs non traduits en France malheureusement).
Bref il y a une gestalt assez importante sur le sujet. Verra - t - on la naissance d'un véritable genre xénopunk dans quelques années ?

mardi 26 janvier 2010

Rencontre avec l'extraterrestre

En 1981 sort un film Alien qui présente l'extraterrestre comme une menace, un ennemi avec lequel on ne peut pas se comprendre. Dès lors il n'y a aucune alternative, c'est lui ou nous. C'est le début d'une nouvelle époque en SF. Les sous Alien se comptent par dizaine dans le cinéma de série Z. Si la SF littéraire résiste à la tendance pendant un temps, l'on va finir par voir débarquer dans les années 90 la Sf militariste ou les humains sont aux prises avec des extraterrestres incompréhensibles. Il est curieux que cette tendance qui nous présente ce qui est étranger comme un danger naisse dans les années 80. On ne peut pas ne pas voir la convergence entre la menace extraterrestre et la montée du racisme et des idéologie d'extrême droite en Europe, les politiques de restriction de l'immigration et de l'asile politique. Bien sûr avec le 11 septembre la SF militariste va se développer aux USA, notamment chez Baen.
Avec deux films sortis en 2009, District 9 et Avatar l'extra terrestre change de statut. Il passe de celui de bourreau à celui de victime. Pour une fois c'est l'humain qui a le mauvais rôle, en tout cas l'humain qui personnifie le système. Il y a toujours des individus qui résistent et qui viennent en aide à l'autre. Sommes nous en train de changer d'époque ? Il est trop tôt pour le dire. Mais ce qui est certain c'est que l'extraterrestre recommence à nous être présenté sous un jour positif. Comprendre la culture de l'autre devient plus important que la domination et l'impérialisme. En tous cas nous pouvons espérer qu'il s'agit du prélude à un renversement de tendance.

dimanche 10 janvier 2010

Un hétéroclite peut en cacher un autre

On parle souvent des hétéroclites en Sf française. Dans la plupart des cas on désigne par cette expression des auteurs qui mettent les pseudo sciences au même plan que les sciences exactes ou des auteurs qui introduisent une bonne dose d'ésotérisme dans leur science fiction. Il existe des auteurs populaires qui ont assumé leurs tendances hétéroclites comme Guieu ou Bessière et d'autre qui avancent masqués comme Dantec, Houellebecque ou Werber?
Mais il existe une autre forme d'hétéroclitisme. Il s'agit d'assumer une esthétique en puisant des éléments faits de bric et de broc. On citera Serge Brussolo qui a développé dans sa science fiction une esthétique de l'aberration et de l'aberrance. Il s'agit ici d'un hétérocltisme noble dont le but est de défendre des positions artistiques. Des auteurs qui utilisent la science fiction pour développer des obsessions ou un univers esthétique. Cette forme là donne aussi des auteurs anglo saxons comme Richard Calder ou Jeffrey Thomas.