jeudi 12 août 2010

Leçons en postmodernisme : Spin de Robert Charles Wilson

Spin est loin d'être un mauvais roman. Mais c'est loin d'être le chef d'oeuvre annoncé. Il faut dire que ce roman contient les invariants de l'oeuvre postmoderne : la déconstruction et la rupture. Déconstruction tout d'abord. Wilson nous compte l'apparition de d'une membrane protectrice autour de la terre ralentissant le flux temporel tandis que tout autour le temps continue sa marche inexorable. Mais il ne traite pas ce sujet à la manière d'un Arthur C Clarke ou même d'un Philip K Dick. Non Wilson utilise l'angle de l'intimisme. Les 120 premières pages dégoulinent de pathos psychologique et sont irrémédiablement ennuyeuses. Le livre commence donc à décoller à partir de la page 120 où les différents protagonistes commencent à avoir une approche directe du Spin. Il en va de même de l'opposition entre science et religion. Là aussi Wilson noie le sujet dans un énorme pathos psychologique qui finit par affaiblir le propos.
La rupture est également une figure présente elle aussi. C'est une rupture avec le futur. Nous ne sommes même pas dans la bulle de présent élargie mais dans une mise sous cloche du présent. Le corollaire de cette rupture avec le futur c'est une véritable rupture avec l'histoire. Wilson semble adhérer à la théorie de la fin de l'histoire. Il nous présente la société industrielle comme un horizon indépassable et semble ignorer la société de l'information ou la société du savoir. Les changements viennent d'hommes providentiels comme Jason ou Wun le Martien. Mais les Martiens sont une conséquence de l'envoi de modules de terraformation sur Mars au premier temps du Spin. Il semble que seul une intervention extérieure puisse faire évoluer l'humanité. Mais toute l'histoire du roman est celle d'une rupture. La membrane de Spin coupe la Terre de la réalité temporelle environnante. La pensée postmoderne ne fait pas que limiter l'imaginaire, elle limite également la spéculation. Même si l'idée force de Spin est intéressante, le parti pris de mettre le présent sous cloche et l'échéance fixée au départ pour la disparition de l'humanité vont contribuer à limiter le spectre des spéculations.. Alors qu'il y a autant de modèle économique et sociaux qu'il y a de philosophies et de pensées alternatives. Il y a un renoncement à la SF en tant que laboratoire d'idées.

lundi 2 août 2010

L'attaque des zombies

Les zombies sont à la mode. Normal me direz vous, le récit de zombie est d'après le critique Jean Baptiste Thoret une critique de la société de consommation basée sur le comportement prédateur du consommateur qui se laisse entraîner par l'achat impulsif sans réfléchir contribuant à détruire la planète. Mais ce n'est que de la critique métaphorique. Mais il y a plus. Face aux hordes de zombies on oppose des survivalistes armés jusqu'aux dents, militaires, flics, sportifs ou rednecks. Déjà on remarquera que ce sont tous des individus mettant en avant leur forces, leur capacité à se battre physiquement. Face aux prédateurs on oppose des superprédateurs et il n'y a qu'une solution tuer ou être tué. Si l'on interprète la métaphore, pour lutter contre le consumerisme effrénés il faut tuer les consommateurs prédateurs. On est ici loin d'un modèle humaniste. On est dans un modèle plutôt libertarien, une anarchie conservatrice, où tout est permis puisque la société s'est effondrée. Lorsque l'on a besoin de quelque chose, on a juste besoin de se servir.
Finalement le récit de zombie participe du modèle prédateur en faisant juste semblant de le critiquer.