samedi 24 décembre 2011

Les pièges du marketing éditorial

Au même titre que l'enfer est pavé de bonnes intentions, le marketing éditorial semble être semé d'embûches. C'est ce qu'ont découvert les éditions Bragelonne.
Mais reprenons l'histoire depuis le début. En 2006 Bragelonne crée son label poche Milady. Et qui dit changement de format, dit adaptation du réseau de diffusion et de distribution. Les nouveaux partenaires de l'éditeur ratissent plus large : librairie traditionnelle, chaînes culturelles, maisons de la presse (autre que celles du réseau Hachette), grande distribution. L'audience plus large de sa distribution a poussé le service marketing de l'éditeur à élargir sa base de lectorat vu que le le poche est censé avoir une diffusion plus large que le grand format. Et là, on choisi de mettre au coeur de ce nouveau label un lectorat féminin. Après sans soute plusieurs études de marché on en arrive à un nouveau concept la bit lit : de l'urban fantasy avec des heroïnes fortes et souvent un coté romance marqué. Il est clair que l'inscription de la grande distribution a sans doute joué dans ce choix d'élargissement. Mais voilà, Bragelonne s'est retrouvé piégé par ce choix marketing. Stéphane Marsan vient d'annoncer que le label allait s'ouvrir à la romance sans imaginaire. Ils auraient publié de la SF romance ou de la fantasy romance on l'aurait sans doute mieux pris. Le marketing est cohérent. Un éditeur qui veut conserver une partie de son lectorat en cas de déclin de son genre vache à lait. Ils se sont fait carrément piéger par leur propre construction marketing. Ils n'ont pas su trouver comment amener ce lectorat de la bit lit vers de la science fiction et de la fantasy traditionnelle. Et je pense par manque de temps.

La grosse erreur de Brage a été sans doute de même un peu trop d'oeufs dans le même panier. Et ne pas penser à plusieurs stratégies d'élargissement du lectorat vis à vis de plusieurs publics nouveaux. Et notamment je serais le premier à regretter qu'ils n'aient rien fait pour amener les amateurs de SF médiatiques vers la littérature.

jeudi 15 décembre 2011

Les espoir de l'imaginaire : Gulzar Joby

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?
je suis auteur d'anticipation et de science-fiction, depuis 2007 où j'ai commencé à écrire, avec l'aide précieuse de deux amis correcteurs. après une centaine de nouvelles, dont une vingtaine publiée à vu de nez, je suis en plein écriture de mon premier roman extrait de 36, quai du Futur, nom générique pour l'essentiel de mon oeuvre écrite, une série de romans chronologiques narrant une Histoire possible de l'Humanité. .

2 Comment es tu venu à l'écriture ?
je ne sais pas vraiment !: j'ai beaucoup lu enfant, ma mère me racontait des histoires pour m'endormir, après il faut bien choisir, si l'on peut, un métier... en tout cas, par la bd, le cinéma et le livre, je m'intéresse énormément au travail des autres et pas que SF heureusement ! avant d'écrire au sens de la belle phrase, on raconte des histoires, il faut donc explorer l'art de la narration, et comme il n'y a pas d'école pour cela, allez fouiner dans les oeuvres des autres ! c'est un plaisir aussi bien sûr.

3 Peux tu nous parler de ta série de nouvelle d'anticipation policière : les enquêtes de l'inspecteur Zatopek ?
c'est un projet complémentaire de 36, quai du Futur, plus facile aussi. Zatopek est un inspecteur qui vit et travail en Belgique dans environ 80, 100 ans. la série policière de roman de gare se veut drôle, très facile à lire, de la SF pour ceux qui n'en lisent pas ! mais aussi satisfaisant pour les fans du genre. en fait, il s'agit d'évoquer l'Europe du proche futur, Zatopek enquêtant un peu partout.
le premier roman est programmé juste après le premier roman de 36, quai du Futur. trois novelas sont à la lecture sur le site de la revue Phenix, phenixweb.net à la rubrique "nouvelles".

4 Quels sont tes autres projets littéraires ?
pas grand chose ! si bien sûr, un feuilleton loufoque grand public, à priori destiné à la presse, papier ou numérique désormais, le "Gulzarama ou les aventures de Wictorius du futur", conçu en écriture quasi automatique. il est lisible sur mon blog 36quaidufutur.over-blog.com. particularité, il ne s'arrêtera pas...
j'en profite aussi pour lancer un appel à contributions pour une fanzilettre, fanzine à télécharger et imprimer soi-même à la maison, disponible sur mon blog à la rubrique "fanzilettre". merci.
Gulzar

lundi 12 décembre 2011

Extension du domaine du fandom

Il y a deux manières d'accroître le public des littératures de l'imaginaire :
- Le première c'est la légitimation par l'élite. C'est le chemin choisi avant nous par la littérature policière. Mais aujourd'hui la littérature noire française n'est plus une littérature policière. Il s'agit d'une littérature réaliste au sens du 19éme siècle. Une légitimation des littératures de l'imaginaire conduirait à une édulcoration du genre. La Sf se limiterait à l'anticipation à cours terme et à une poignée d'oeuvres de hard science. La fantasy vers une fantasy urbaine archi littéraire. Ce serait à mon avis un pis aller.
- La deuxième consiste à élargir la base du fandom. Et pour ce faire il faut séduire ceux qui s'intéresse à la Sf médiatique. Il faut une continuité des média et une littérature qui se situe dans le prolongement des autres média. Si l'on élargit la base du fandom, le cercle intérieur, les autres cercles concentriques du lectorat suivront. Ca ne se fera pas en un jour, mais je pense que ça vaut la peine.

dimanche 11 décembre 2011

Subculture totale

J'évoquais il y a quelques semaines Metal Hurlant. La force de cette revue c'est d'avoir compris que l'imaginaire n'était pas seulement de la littérature mais une subculture. Il devait y avoir complémentarité entre littératire, BD, audiovisuel. Mais à l'époque En France aujourd'hui, certains dans le fandom veulent séparer la la littérature des autres médias. La littérature est un média noble et ne doit pas être noyé dans la masse. C'est principalement la raison pour laquelle la SF ne marche pas en France. Et curieusement aujourd'hui ceux qui l'ont compris se trouvent dans la petite édition avec relativement peu de moyens ( Rivière Blanche, Voy'el, Ad Astra). Il faut jouer la carte de la complémentarité entre les médias. La littérature doit s'enrichir de l'influence du jeu de rôle, des jeux vidéos ou des mangas. C'est inévitable. De même les courants musicaux voire artistique peuvent également avoir un apport. Il ne faut pas le rejeter. Il faut que les littératures de l'imaginaire soient à l'écoute de la pop culture. Mais il faut aussi reconnaître que la France n'est pas les USA. La pop culture et la subculture de l'imaginaire ont des caractéristiques différentes selon les pays.Et il faut que la subculture de l'imaginaire made in France puisse imprégner les romans écrits par les auteurs français. Car c'est non seulement le dialogue avec la pop culture mais avec la société qui fait de la littérature de l'imaginaire ce qu'elle est. On a bien trop souvent calqué les schémas anglo saxons au lieu d'essayer de créer un modèle français.
Bref osons la subculture totale et regardons si ça fonctionne. Qui ne tente rien n'a rien.

mercredi 7 décembre 2011

Les espoirs de l'imaginaire : David Osmay

Cette fois ci c'est David Osmay qui se prête à l'exercice :

1 – Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis belge. J’ai 33 ans. Ma compagne et moi avons un fils, un mec génial de 15 mois qui nous apprend la vie. Un deuxième est en route. Voilà l’essentiel, je pense. Sinon, que dire ? Je suis ingénieur et bosse dans le domaine de l’environnement. Deux chats.


2 - Comment es-tu venu à l'écriture ?

Je crois que ce désir d’écrire s’est imprimé en moi quand j’ai commencé à beaucoup lire, vers neuf, dix ans. Il est parti d’un profond sentiment d’admiration et de gratitude envers les auteurs qui, avec talent, me donnaient tant de bonheur. Ces émotions-là n’étaient pas anodines, pour moi. C’était vraiment important. Ensuite, j’ai continué à lire, mais je n’ai pas écrit. J’éprouvais toujours un grand enthousiasme envers la fonction d’écrivain et ce qu’elle m’inspirait, mais je pense avoir refoulé le désir d’écrire en moi. Cependant (attention, cliché !), si on ne poursuit pas ses rêves, ce sont eux qui finissent par vous poursuivre. Dans ma vingtaine, ça a commencé à me tarauder. À 29 ans, je m’y suis mis.


3- Tu écris aussi bien de la SF, de la fantasy que du fantastique. Dans lequel des trois genres te sens tu le plus à l'aise ?

Si je le savais ! Mais après quelques années de pratique, je débute encore en écriture, sans avoir un but bien fixé (faire de la SFFF, ça oui, je sais). Alors j’expérimente, je m’amuse, je découvre ce qui me plaît. Pas si facile, car en tant que lecteur, la SFFF me plaît dans son ensemble. Plus jeune, j’ai lu des tonnes de King, Masterton, Koontz, Rice… Le fantastique-horreur ou même « romantique », j’adorais ça. Moorcock ou encore les Conan, j’aimais aussi. Je lisais Asimov, Dick, les anthologies de science-fiction, et c’était un trip d’enfer. À côté, j’ai commencé la fantasy à 11 ans en empruntant, complètement au hasard, le Seigneur des Anneaux à ma bibliothèque communale. Grande claque dans ma petite figure d’enfant. J’aimais aussi la littérature générale : les Patrick Cauvin de ma mère, les Croc-Blanc et compagnie, les Agatha Christie. Mais Poe, aussi. Lovecraft. Bob Morane. Un peu tout ce qui me tombait sous la main.
Au final, le transgenre m’attire bien. Ce serait une manière de réunir mes goûts de lecteur dans mes écrits.


4 - Tu es Belge. La manière belge d'envisager les littératures de

l'imaginaire est-elle différente de la manière française ?


Question difficile. D’une manière générale, peut-on subdiviser facilement des littératures francophones de l’imaginaire en sous-groupes en fonction de la nationalité ? Surtout dans le cas de la Belgique francophone, où la proximité géographique et culturelle avec la France favorise je pense une certaine proximité littéraire. Je n’irai pas plus loin. Je vais même botter en touche, par manque d’expertise en la matière.
Je conseille à ceux que ça intéresse de lire le récent Galaxies hors série qui traite de la « filière belge » en science-fiction. Entre autres articles et nouvelles, on y retrouve un papier très complet et instructif de Dominique Warfa. Vu l’exhaustivité de l’article, là, il y a de l’expertise !


5 – Peux-tu nous parler de tes projets littéraires ?

Continuer à lire de bons livres, déjà, à découvrir ce que la littérature de l’imaginaire nous offre. Surtout la francophone (j’ai beaucoup lu de traductions dans le passé). Côté personnel, je commence à me lasser des nouvelles. Avec quelques micro-nouvelles, je n’écris que ça depuis 2007, quand j’ai débuté. L’idée serait de poursuivre avec une novella ou un petit roman. Le genre reste à définir, mais j’ai tout de même quelques idées d’histoires en tête. Il est probable que je continue à rédiger des nouvelles pour les appels à textes les plus intéressants ou des projets particuliers menés de concert avec d’autres auteurs.

lundi 28 novembre 2011

Les espoirs de l'imaginaire : Vincent Corlaix

Cette fois ci c'est autour de Vincent Corlaix de se prêter à l'exercice :

1 Peux - tu te présenter en quelques mots ?
En deux mots : «Presque humain».
En développant un peu, j’ai 37 ans, je suis graphiste touche-à-tout et illustrateur j’ai-pas-le-temps. Je suis sur le bord (pour ne pas dire dans le milieu) du Mauvais Genre depuis mes 12 ans lorsque j’ai découvert Stephen King, Lovecraft et Tolkien, et depuis 1995 lorsque j’ai rencontré Olivier Gechter.

2 Comment es tu venu à l'écriture ?
J’écris depuis tout petit. Je crois que j’ai été touché par le virus de l’écriture lorsque j’ai reçu une machine à écrire lors d’un noel vers mes 12-13 ans. Je ne vais pas m’étaler sur cette période de ma production qui consistait essentiellement à imiter atrocement mes auteurs favoris.
J’ai eu ensuite une période de deux ou trois ans durant laquelle j’ai produit environs une centaine de poèmes. Je les ai encore tous et il est possible que certain parmis la quantité valent encore le coup d’être lu (j’ai quand même un ou deux sonnets corrects qu’un prof de français aurait voulu que je présente en concours).
Mes véritables débuts dans l’écriture ont eu lieu lorsque je suis monté à Paris faire mes études. J’y a rencontré d’un côté Yann Minh et de l’autre Olivier Gechter. Le premier m’a donné confiance en mon côté créatif, et l’autre m’a convaincu que je pouvais dépasser le stade du simple scénario de jeu de rôle et en faire de véritables histoires. Je crois d’ailleurs que la motivation était réciproque.
J’ai eu la chance d’avoir assez tôt deux nouvelles prises dans des fanzines (Végétarien dans Marmite & Micro-ondes et Mauvais Deal dans Est-ce F?), ce qui m’a convaincu qu’il était possible que je ne sois pas le seul lecteur satisfait de mes gribouillages.

3 Peux tu nous parler de ton projet de roman Agrave Rêve ?
Le titre est très provisoire. Je passe mon temps à me battre avec moi-même et mes bêta-lecteurs pour lui trouver un titre satisfaisant mais je ne l’ai pas encore.
Ce roman -s’il voit le jour- sera l’aboutissement de deux nouvelles maudites. L’une avait pour cadre l’univers inventé par Mathieu Gaborit et Guillaume Vincent dans le jeu de rôle «Ecryme, la geste des traverses». Trop longue pour être publiable en tant que nouvelle, trop courte pour être un roman, et même refusée à un concours parce que j’avais évité d’y joindre le mot de Mathieu m’autorisant l’utilisation de son monde, pour ne pas faire trop «hé, je connais Gaborit !». Bien mal m’en a prit, elle a été rejetée pour plagiat...
L’autre est une nouvelle plus courte se passant dans un univers victorien et tournant autours d’étranges navires volants. Celle-ci est maudite car elle a été écrite trois fois et perdu trois fois (crash de disque dur, perte des notes...)
Après des années d’abandon, Olivier Gechter et Jacques Fuentealba, chacun de leur côté et sans concertation m’ont convaicu que je devrais me lancer dans un roman. Télescoper ces deux histoires m’est alors apparu évident.
J’ai donc transposé (et énormément transformé) la longue nouvelle écrymienne dans un nouvel environnement; une terre recouverte d’une couche de sel sur laquelle une civilisation retournée à une ère semi-victorienne vit en tentant de se souvenir de son passé et tirer parti de ce fléau que sont les déserts de sel.
Il y a peu, je pensais toucher au but du premier jet, mais un rebondissement de dernière minute a fait enfler le sommaire de quelques dix à quinze nouveaux chapitres.

4a Tu as participé à l'anthologie Flammagorie où des auteurs devaient s'inspirer d'un morceau du compositeur contemporain Nicolas Lens pour écrire une nouvelle.
J’y ai participé et même plus, puisque j’en suis l’initiateur et avec Olivier j’ai été le co-anthologiste jusqu’à ce que Nathalie Dau en devienne l’éditeur.


4b La musique est elle une source d'inspiration régulière pour toi ? Fais tu partie de ces auteurs qui utilise un fonds musical pour travailler ?
C’est à la fois une source d’inspiration et un bouclier contre mon environnement pour me permettre de plonger dans mon écriture. J’essaye autant que possible que ce que j’écoute n’influence pas la trame de mon écriture. J’ai donc pour cela une sélection de musiques d’ambiance (folk, eléctro, ambiance, classique...) qui tournent au hasard dans ma boite à musique.
L’exercice qu’a été Flamma fut une exception (bien que j’ai déjà fait d’autres expérimentations poétiques) dont le résultat ont été très intéressants. Mais c’était un cas particulier dans le sens que la musique de Nicolas Lens a fonctionné comme un produit stupéfiant; elle était si envoûtante, si évocatrice que je devais écrire dessus. J’avoue qu’à cette heure, je n’ai pas encore trouvé une autre musique qui m’ait donné autant l’envie d’écrire quelque chose (exception faite du «Fire coming out of the monkey’s head» de Gorillaz que j’avais commencé à transformer en récit lovecraftien et que j’ai mis de côté pour le moment)

5 Quels sont tes autres projets littéraires ?
Actuellement, Je donne un coup de main à Jacques Fuentealba pour boucler un projet de blog de micro-nouvelles appelé «Microphémérides» (http://microphemerides.nootilus.com/); il s’agira d’un éphéméride proposant une micro-nouvelle par jour durant toute l’année 2012. Avec mon compère Olivier Gechter nous continuons à animer le Bulletin de l’Insondable (http://bulletin.nootilus.com/), un blog de micro-nouvelles et articles absurdes avec une dose non négligeable d’éléphants gris.
Pour le reste, je voudrais bien terminer mon roman, pour ensuite enchaîner sur un énorme projet (plus vieux que mon roman actuel) né de nombreuses discussions avec Olivier; un’univers de science-fiction assez vaste pour y écrire un gros roman de science-fiction, voire plus...

samedi 26 novembre 2011

Il n'y a pas de pire autiste....

La SF française à un problème. Il est des sujets qu'elle n'ose pas traiter et pourtant c'est ceux dont elle a besoin pour avancer. C'est vrai que très peu d'auteurs de SF dans les années 2000 ont traité le multiculturalisme, le rapport à l'autre, l'altérité, la lutte contre les fanatisme, le devoir de mémoire ou encore la laïcité. Pourtant dans une France gangrènée par le populisme et la montée des extrêmismes il me semble que c'est le moment où jamais de ressortir les métaphores que sont l'extraterrestre, le mutant ou le cyborg pour rédiger des textes à implications sociales fortes. En discutant avec Kevin Kiffer, récemment je me ssuis rendu compte que le futur de l'Europe n'avait jamais été vraiment envisagé sérieusement. Les deux seuls qui s'y sont essayés sont Roland C Wagner avec ces Futurs Mystères de Paris et Serge Lehman avec sont cycle de F.A.U.S.T.
Mais nous ne sommes pas les seuls à être autiste. La SF américaine des années 2000 n'a pas vraiment commis de grands romans pour condamner l'idéologie du choc des civilisations et imaginer des modes coexistences entre des sociétés différentes. Pire, il n'y a jamais eu autant de romans militaristes de durant cette décennies. Elle a aussi manqué de clairvoyance sur la question de la critique de la société de consommation contrairement à la Sf britannique qui elle a durant les vingt dernières années fait paraître un certain nombre de textes sur le sujet ( Maul de Tricia Sullivan, des romans de Peter Crowther ou de James Lovegrove).
Reste à savoir si cet état de fait est imputable aux auteurs ou aux éditeurs. Si l'on regarde dans la jeune génération de nouvellistes anglosaxons on se rend compte qu'il y a un retours aux thèmes anthropologiques, mais ce n'est pas vraiment le cas en roman où l'on semble bloqué encore un peu dans la période précédente.

mardi 15 novembre 2011

La SF française a l'éclat du métal

Dans les années 70 apparut un phénomène qui devait marquer de manière indélébile le paysage de l'imaginaire : Métal Hurlant. La revue consacrée à la bande dessinée réussit à imposer en quelques année une vision de la SF et Métal Hurlant devint une véritable marque de fabrique et même un état d'esprit. La revue réussit même à exporter son concept en Europe d'abord puis aux USA où apparut bientôt son équivalent local : Heavy Metal.
Dans le même temps la SF littéraire se débattait avec la nouvelle SF politique française. On remarque qu'il n'y a pas eu de vraie synergie avec le monde de l'édition. Personne n'eut la présence d'esprit de faire avec la littérature ce que Metal avait réussi avec la bande dessinée. Metal Hurlant c'était tout d'abord un imaginaire décomplexée servi par des scénaristes de grand talent comme Jodorowski ou Jean Pierre Dionnet et illustré par des Bilal, Moebius, Druillet, Caza, Arno, Jean Claude Gall.... Metal Hurlant osait l'heroic fantasy alors qu'une grande partie du fandom considérait le genre comme encore sulfureux. Metal Hurlant c'était aussi de grands récits de SF classique comme l'Incal ou les Naufragés du Temps. C'était des gens qui avait compris que la Sf était aussi une subculture et qui avait assumé les merveilleux jouets du genre. Mais c'était aussi des gens qui savaient être frondeurs, iconoclastes et subversifs. Ils avaient compris que l'aventure et l'action n'était pas antinomiques de la réflexion et que les deux premières pouvaient être au service de la troisième. Métal de par sa stature internationale c'était quasiment la SF française à l'étranger. Alors que l'on quittait la SF politique et que l'on louvoyait vers une SF extrêmement littéraire avec Limite, Métal gardait le cap d'une Sf résolument visuelle.
Les enfants de Metal Hurlant ont pris leur revanche après 1990. La nouvelle génération menée par Richard Canal, Serge Lehman, Laurent Genefort, Pierre Bordage et surtout Roland Wagner auxquels viendront s'ajouter bientôt Thomas Day, Johan Héliot ou Sylvie Denis, c'est une génération qui doit tout aux pionniers de Métal Hurlant. Ce sont ceux qui ont osé une SF décomplexée après les fièvres politiques et littératurantes. La SF redevenait enfin rock'n roll. Car c'est aussi ça l'esprit Métal Hurlant.
Le soufflet et retombé. Et aujourd'hui on aurait plus que jamais d'un état d'esprit comparable. Dans ces temps où l'on préfère évoquer la physique quantique, le transhumanisme ou la singularité, alors que les menaces des idéologies populistes et nationalistes commanderaient plutôt d'évoquer le multiculturalisme, la tolérance, de se demander comment éviter les chocs de civilisation, le tout avec les miroirs déformant que sont l'extra terrestre, le mutant ou le cyborg. Dans ces temps où l'on préfère enfoncer des portes ouvertes en disant que le réchauffement climatique c'est pas bien ou que l'ultralibéralisme c'est caca au lieu parler des solutions. Et l'on pourrait continuer ainsi des heures. La SF français n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle a l'éclat du métal. Un métal hurlant bien sûr.

dimanche 6 novembre 2011

Outremonde N° 11

C'est cette fois ci la forêt qui est le thème à l'honneur de ce numéro. Et l'on peut dire que les auteurs se sont surpassés pour le traiter thème. Avec Bad Seed, Patrice Mora nous propose tout d'abord un texte de fantasy classique, prenant comme héros un personnage parfaitement détestable, mais la forêt est sans doute un adversaire d'une autre trempe. Viens ensuite le texte de Siléas, Comme la feuille au vent. Une nouvelle nous présentant un univers complètement fou réglés comme une horloge et où les humains négocient régulièrement avec la forêt pour accroître leur territoire. Mais bien sûr certains politiciens humains ont trouvé le moyen de tricher et la forêt va mal le prendre. Texte magnifiquement bien servi par une ambiance douce amére et dont le décor se rapproche du mouvement New Weird. Forestation de Serge Perrot est sans doute le texte le plus faible de l'ensemble. Enième variation sur le thème de l'invasion extraterrestre. Ici une invasion végétale. Toutefois il présente un certain nombre d'éléments assez bien vus. Avec Une saison mauve, Romuald Herbreteau nous entraîne dans les pas d'une famille vivant sur une planète étrange, où les chants des petits garçons servent à repousser les brumes mauves corrosives. On se croirait dans les meilleurs textes de Serge Brussolo. Romuald Herbreteau s'avère ici largement plus convaincant dans le registre de la SF qu'avec son texte fantastique du précédent opus. Didier Reboussin, avec l'Arbre aux Lunes imagine un système solaire où des planètes sont reliées entre elles par un arbre gigantesque. Un univers énormes donc mais vus sous l'angle quasi microcosmique, au travers de deux destins. Cet univers mériterait presque un roman. ( si l'auteur lit ces lignes qu'il y pense. Ce monde le mérite vraiment).
Enfin le numéro se clôt avec un texte de l'appel permanent, Après la pluie de Thomas Spock où les derniers instants d'un roi mourant sont l'occasion d'une réflexion sur la fuite du temps.
Avec ce numéro 11, Outremonde signe son meilleur numéro. Des textes qui sont tous d'une excellente qualité et qui ne dépareraient pas dans une revue professionnelle. Outremonde persiste et signe et n'en finit pas de s'améliorer et c'est une bonne chose.

dimanche 16 octobre 2011

Destination Ténèbres de Frank M Robinson

Ce roman est un roman de vaisseau à génération. Mais il apporte incontestablement quelque chose de nouveau à un thème que l'on aurait pu croire éculé. Le jeune astro Moineau devient amnésique après un accident sur une planète explorée par l'équipage. Car la mission de cette arche est d'explorer le plus de planètes possible pour trouver des traces de vie et ce depuis son lancement il y a plus de mille ans. Moineau va très vite se rendre compte que rien n'est ce qu'il paraît être et que son existence même est peut être une imposture. Le capitaine, un immortel, menace de sombrer dans la folie et d'entraîner le vaisseau dans une vaste zone sans étoile tandis que la mutinerie gronde parmi l'équipage.

Par quelle aberration a-t-il fallu attendre 2011 pour publier la traduction d'un roman sorti, originellement en aux USA en 1991 ? D'autant plus que si l'on en croit la quatrième de couverture cette oeuvre est devenue très rapidement un classique. Et il vrai que le roman renouvelle tellement bien le récit de vaisseau à génération qu'on est en droit de ne pas mettre cette affirmation en doute. La question reste entière. Il est vrai que nous sommes ici plus dans l'anthropologie fiction, (on parle de rapports humains, de réflexions sur le pouvoir). que de métaphysique. Et rien que pour cela c'est à lire. Et il est à parier que cette focalisation anthropologique est une des raisons de la non traduction de ce roman dans les années 90. A cette époque on découvrait Egan ou Sawyer et leur hard science métaphysique et l'on y voyait la voie royale du genre. Depuis l'on a bien déchanté. Robinson lui évite avec soin la réécriture postmoderne, la fameuse déconstruction du genre que pratique certains de ses collègues et qui si prisée par le noyau dur du fandom de l'hexagone. Ici on se place dans la continuité d'une thématique reconnaissable et on la renouvelle. Mais il n'est pas question pour autant de la démolir à coup de bulldozer; C'est un roman intelligent et qui sert admirablement son propos. C'est écrit comme un thriller. Le rythme du récit est rapide, sans temps mort alors que l'action s'étale sur plusieurs années. Robinson a donc compris que la SF était littérature du paradoxe.
Il était quand même temps de se rendre compte qu'au passage on avait oublé de traduire de grand classique du genre. C'est d'autant plus intéressant que cela vient de LUne d'Encre, collection réputée pour son élitisme. Et il est vrai que Gille Dumay a publié nombre de romans du courant post moderne. Cette volte face prélude - t - elle à une nouvelle orientation de la collection ? Il est vraiment trop tôt pour le dire; Mais il y a là, un aveux. Celui que l'on s'est peut être trompé à un moment. Que cette Sf post moderne que l'on a tant défendu n'a pas les faveurs du public et qu'il est temps de publier autre chose.

mardi 13 septembre 2011

Les espoirs de l'imaginaire : E-Traym

E-Traym est un étrange individu qui écrit de la science fiction et du fantastique totalement absurde. Auteur totalement unique, il fallait bien s'intéresser à lui :

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?
Je suis incapable de me présenter car je n'existe plus. E-Traym est mort tout comme Pôôôcheu le mal-nommé. Si je reviens comme prévu à l'écriture, ce sera sans doute sous un nouveau pseudo ou sous mon propre nom à titre posthume.

2 Comment es tu venu à l'écriture ?
Je reviens à l'écriture de manière cyclique et impromptu. J'ai des tonnes d'écrits, d'idées, tous abandonnés. J'ai commencé à écrire des poèmes idiots en CE2 et faisais rire mes camarades de classe en faisant passer dans les rangs des historiettes qui mettaient en scène des personnages jeunes et dégénérés mi-homme mi bêtes, ressemblant fortement à l'idée que je me faisais justement des sus-dits camarades congénères.

3 Tu écris des textes qui flirtent souvent avec le surréalisme et l'absurde. D'où te viens ton goût pour ce type d'inspiration ?
Nous sommes intégrés dans un monde et des sociétés de mensonges que je trouve totalement absurdes et injustes. Mes écrits flirtent avec le rêve dans lequel il serait parfois (souvent) bon de demeurer. L'existence n'a aucun sens. Ou bien, si elle en a un, c'est le mauvais. Mais je parle de manière globale et sans nul doute pour ne rien dire... Mon goût pour ce type d'écriture est donc lié à mon plus grand plaisir: penser. Penser sans bornes.

4 Ta nouvelle 'l'homme télescope" m'a beaucoup fait penser à la prose de Jean Claude Dunyach. Es ce une influence que tu revendiques ?
J'ai écrit cette nouvelle très rapidement et avec grand bonheur. Je ne connais pas les écrits de JC Dunyach mais puisque l'occasion m'en est donné, je l'embrasse.

5 Quels sont tes projets littéraires ?
Aucun projet littéraire si ce n'est beaucoup d'écrits commencés et qui ne se termineront sans doute jamais (je n'aime pas reprendre ce que j'ai laissé trop longtemps). J'avais débuté un roman absurde de 70000 signes qui ne verra jamais le jour car je ne comprends plus où je voulais en venir...

mercredi 31 août 2011

Science fantasy

Il y a une vingtaine d'années on a beaucoup critiqué Jacques Goimard lorsqu'il a segmenté la collection Pocket SF. Et c'est l'appellation science fantasy qui a fait couler le plus d'encre. je suis maintenant convaincu que ce grand monsieur de l'édition SF, en bon visionnaire, a eu raison trop tôt. Il avait presque vingt ans d'avance en fait. En 2002 le critique américain Gabriel Chouinard décrivait la science fantasy comme la voie royale de la SF, celles qui était le plus susceptible d'attirer un grand lectorat.
Et je crois que le temps arrive où la science fantasy est prête à devenir une niche, une appellation de plus. Lorsque des romans qui auraient été estampillé SF sans problème il y a vingt ans se retrouve dans la sélection finale du World Fantasy Award c'est un premier signe. Il y avait aussi cet article de NK Jemisin qui expliquait que la fantasy pouvait aussi se conjuguer au futur. C'est nouveau. Avant un roman qui se déroulait dans le futur était de la SF. La question ne se posait même pas.
Je ne serais pas surpris que dans deux ou trois ans l'étiquette science fantasy prenne une réelle autonomie et que l'on voit se développer une littérature à mi chemin entre les deux genres. Quand on sait que la fantasy est touchée au même titre que la SF par le steampunk et que l'on parle de steam fantasy, sans oublier le courant New Weird qui introduit très souvent des éléments de SF dans la fantasy.
En même temps l'on a à faire à une science fiction qui comme je l'ai dit précédemment a tendance à restreindre son champ. L'existence d'une étiquette science fantasy pourra permettre de publier certaines oeuvres dont la science fiction du moment ne veut pas entendre parler mais qui sont susceptibles de trouver un public.

lundi 15 août 2011

Les espoirs de l'imaginaire : Philippe Déniel

1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?
Gasp, je suis super mauvais dans ce registre là. Heureusement, cela a été déjà fait pour outremonde, alors je vais outrageusement réutiliser ce qui a déjà été fait (http://outremonde.fr/index.php?/auteurs/23-deniel-philippe). C'est nerveux, je déteste parler de moi même (je laisse ce privilège à Jules César et à Alain Delon).

2- Comment es tu venu à l'écriture ?
Réponse standard numéro 54 ter : par hasard ;-) . Plus sérieusement, j'ai pratiqué les jeux de rôles pendant des années durant mes études et après ensuite. Cela devint difficile de pratiquer une fois dans la vie active, alors au lieu d'écrire des scénarios de JdR j'ai écrit des nouvelles, sans vraiment les finir. Et puis courant 2002, j'ai envoyé un texte au concours organisé par le site ActuSF.com (qui s'appelait alors encore "la 85ème dimension" à l'époque) sans y croire, juste pour tenter le coup. A ma grande surprise j'ai reçu un "prix spécial du jury" pour ce texte. Et cela m'a encouragé à continuer, tout simplement.

3- Tu aimes souvent mêler SF et fantasy dans tes textes. Te considères
tu comme un auteur de science fantasy ?

Pas du tout. J'aime juste mélanger les genres. J'ai mélangé western et mythologie, revisité des contes de fées, alors mêler la fantasy e la SF n'est qu'un mélange de genres comme un autre :-) .

4 - Tu empruntes volontiers des motifs mythologiques. D'où te vient ce
goût pour les mythes ?

D'ulysse 31 !!!! Quand j'étais tout gamin, cette série a été diffusée pour la première fois et elle tranchait beaucoup avec les dessins animés japonais qui pullulaient dans les émissions pour enfants (Albator et Goldorak en tête). Cette série reprenait des thèmes mythologiques je me suis donc intéressé au sujet et je suis tombé dedans... La mythologie grecque est si vaste. Après je me suis intéressé à d'autres mythologies et à des contes d'autres cultures. Ce sont des histoires "archétypes" que l'on retrouve partout, tous les récits qui existent s'y rattachent d'une manière où d'une autre.

5 - Quels sont tes projets littéraires ?
Concrètement, continuer à écrire des nouvelles, c'est l'objectif number one (parce que raconter des histoires, on a beau dire, mais c'est vraiment fun ;-) ). J'ai participé à un supplément de Jeu De Rôles récemment (ça s'appelait "Peplum Soda" et c'est une extension pour "Brain Soda" qui est un jeu aussi original que déjanté) et j'en prépare une seconde. Sinon (mais là c'est encore du "top secret") j'aimerai beaucoup scénariser une BD. A part cela, le projet d'écrire un truc "bien plus long qu'une nouvelle" me trotte de plus en plus dans la tête ces derniers temps. Je risque probablement de passer à l'acte un de ses 4 matins ;-) .

samedi 6 août 2011

Changement d'époque

La SF serait elle en train de changer d'époque ? On peut le croire. L'époque précédente démarré avec les cyberpunks qui avait ancré le genre dans un paradigme technologique est en train de s'achever : se sont succédés les cyberpunks, le retour de la hard science dans les années 90, la singularité, le transhumainsme. A coté de cela on voit apparaître un discours post moderne de déconstruction du genre avec des auteurs comme Robert Charles Wilson. Les futurs sombres sont à la mode : la critique de l'idéologie néolibérale domine le milieu. On peut d'ailleurs se demander si à force de dénoncer cette idéologie, les auteurs n'ont pas contribué à la rendre possible, à l'actualiser, à lui permettre de s'ancrer dans le champs des possibles. Tous ces courants sont certes différents les uns des autres mais ils ont en commun deux choses : la volonté d'ancrer le genre dans le réel et de le détacher d'un imaginaire de fiction et d'évasion, de mettre au centre du récit l'idée (la sf littérature d'idées, l'idée pouvant être concept, idéologie...).
Les années 2000 font souffler un vent nouveau :
- Apparaissent des anthologies comme Shine qui veulent faire la part belle à des futurs optimistes. Cette anthologie n'est pas un épiphénomène puisque l'on en a vu d'autres comme Seeds of change ( sur les changements de civilisation), Wild humanists ( comment l'écologie peut changer la société) ou encore Little mosque amongs the stars (imaginer une vision positive de l'islam dans le futur). Bref des anthologies qui tranchent avec les discours pessimistes sur l'avenir de nos sociétés. Une SF qui arrête de n'être qu'un vecteur de dénonciation du présent pour véritablement imaginer des futurs.
- Le courant Scifi Strange mené par Jason Sandford fait la part belle aux spéculations basées sur les sciences humaines et n'hésitent pas à mener le genre dans ses derniers retranchements : poésie, baroque, décadence.... Un des courants les plus enthousiasmant de ces dernières années. Là aussi, des auteurs qui innovent en étant dans la continuité de ceux qui les ont précédés. Ils se réclament dans la ligne d'une New Wave élargie et dans le fil de la nouvelle SF américaine des années 70.
- On voit des auteurs appartenant à des minorités publier ainsi que des anglophones non anglo saxons originaires de tous les continents. On a une diversification et une mondialisation qui amène un sang neuf.
- Le leader éditoriale de la SF anglosaxonne est John Joseph Adams qui a pris le relais de Helen Datlow qui occupait jusque là le rôle de principal leader littéraire et éditorial. Adams a une vision beaucoup plus large des littérature de l'imaginaire allant de la hard science jusqu'à des formes extrêmement littéraires, s'intéresse aussi bien à la SF qu'à la fantasy. Du space opera à la fantasy épique, il a publié des anthologies allant des plus classiques au plus surprenantes. Mais il dirige également deux revues (Lightspeed et fantasy) et occupe les fonctions de directeur littéraire de Prime Books.
- Quant à la SF populaire si elle est étouffée par des licences commerciales aux USA, on a vu par contre ces deux dernières années de nombreux space opera publiée en Grande Bretagne. Comme les Britaniques avaient dans les années 90 fait évoluer la fantasy épique, on a des raisons de penser qu'ils feront la même chose avec le space opera.

Bref autant de directions qui nous montre que l'époque est en train de changer. Nous ne vivons pas une crise de la SF, mais l'évolution nécessaire d'une littérature essoufflée après plus de vingt ans à renier une partie de sa nature qui retrouve enfin cette identité confisquée par une partie du fandom soucieux d'en faire un espace de réflexion et non plus une vraie littérature d'imagination. Après deux décennies et demi de restriction du domaine du genre on voit arriver autant de facteur d'élargissement qui rendent optimistes pour les années à venir. Ce n'est que génése de quelque chose, mais une chose est sûre ce n'est pas prêt de s'arrêter. Vivement la suite.
On ne peut être que déçu par les prises de position des leaders éditoriaux du genre comme Serge Lehman faisant l'apologie de l'orientation postmoderne avec son rattachement de la SF à la métaphysique, ou la défense et illustration de la hard science comme voie royale par certains. Heureusement chez nous aussi des auteurs commencent à faire leur trou comme autant de petites souris patientes prêtes à creuser un vaste chantier.

vendredi 5 août 2011

Les espoirs de l'imaginaire : David Chauvin

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?


J'attends l’âge ingrat et bien trop élevé de 32 ans, celui auquel on est censé vivre dans un pavillon phœnix ou un appart de standing et entretenir une ribambelle de gamins. Sauf que je viens d’une belle région bien trop marquée par la vieillesse et la mort : la Manche (pays de marbreries et de granit), et donc je tâche de rester jeune dans toutes mes actions. Je vis à Tours une jolie ville à taille humaine, depuis 1986, autant dire la préhistoire pour bien des lecteurs du présent blog.

Après le lycée, j’ai étudié l’histoire et l’archéologie durant cinq ans (DEA devenu Master 2) avec une spécialité en histoire romaine, avant de connaître un parcours pour le peu erratique. Aujourd’hui, je survis en accomplissant un travail très physique afin de vivre mes passions, moi qui ait toujours exécré le sport. Au fond de moi, j’en tire une certaine fierté.

Que dire de plus sur l’homme que je suis ? Je suis un être plutôt taciturne et colérique qui ne supporte pas la bêtise ambiante et a tendance à se retrancher dans se univers, une sorte d’enfant attardé qui n’a pas surmonté le syndrome de Peter Pan.

J’aime le métal (qu’il soit brutal ou harmonique), la musique des années 80 et même le vieux rock des décennies d’avant. Je suis un infatigable collectionneur de figurines et je passe beaucoup de temps à les réparer et à les repeindre, comme si je refusais la décadence inéluctable de toutes choses.

Je suis un gourmand invétéré qui absorbe de grandes quantités de viandes, fromage et alcool sans trop faiblir, on ne vit qu’une fois…



2 Comment es tu venu à l'écriture ?



Il a fallu un certain temps, pour ne pas dire un temps certain à me décider vraiment (à 26 ans pour être exacte, période noire de chômage, d’ennui et de frustrations).

J’avais bien publié quelques textes étant petits dans des bulletins municipaux : j’ai très vite eu une certaine affinité avec la langue française et ses possibilités. Pourtant, un mélange de manque de confiance et de modestie mal placée m’a longtemps empêché d’écrire de vraies histoires.

J’ai, durant mes jeunes années de lycée et de Fac noirci des cahiers entiers de campagnes et de scénarios de jeu de rôle : il faut dire que je m’adressais à des joueurs exigeants qui en avaient vues d’autres ; de plus, je me plaisais dans ce rôle de scénariste de série à suspens et à grand spectacle. Du jeu de rôle, je suis logiquement passé à la création d’univers et de récits: le temps et le travail que je passais à établir des campagnes pour un groupe restreint, je pouvais l’employer à faire plaisir à un plus large public, les idées de personnages, de légendes ou de chimères quoi m’obsédaient, je pouvais les faire naître sur le papier.



3 Ton principal projet littéraire est un cycle de récits fantastiques intitulé Contes de l'Outreplan ? Peux tu nous présenter cet ambitieux projets et la mythologie qui le sous - tend ?



Les Contes d’Outreplan sont mon plus ancien projet : l’idée était de réunir un nombre « magique » (pour l’instant dix, mais je monterai sans doute à douze ou treize) de petites histoires horribles et grinçantes ayant attrait à un thème commun : les autres royaumes d’existence, leurs habitants et leurs incursions sur notre propre monde tangible.

L’univers s’inspire un peu de « La Quatrième Dimension » tout en introduisant la notion d’êtres et de pouvoirs d’« outre-plan », les premiers considérant souvent les humains comme des nuisibles à éliminer, les seconds étant souvent l’objet de quête des illuminés les plus ambitieux.

Certains scientifiques se figurent un monde non pas en trois ou quatre dimensions mais en dix ou plus : j’ai essayé d’imaginer ces royaumes et leurs habitants monstrueux, puis leurs préoccupations, leurs agissements sur Terre et leurs conflits internes, leur rôle dans l’Histoire.

On peut imaginer toutes sortes de récits mais dans la plupart des cas, mes héros sont des hommes et des femmes qui prennent conscience de l’horrible vérité et tâchent de lutter contre la tyrannie des monstres qui cherchent à tuer ou à pervertir tout ce qui vit. Dans mon univers, certaines factions secrètes cherchent à résister aux incursions d’outre-plan ou au contraire, prennent partie pour telle ou telle créature charismatique : sans compter celles qui se sont introduites dans les cercles de la politique, de l’économie ou des médias et qui agissent en secret.



4 Peux tu nous présenter ton projet de cycle de SF, Les enfers miniatures ?



Je m’intéresse effectivement aussi à la SF, plus à l’aspect « planet opera » qu’aux interrogations technologiques et écologiques d’ailleurs. Dans les « Enfers miniatures », la galaxie présentée est celle qui a été peuplée par une humanité qui a fui une menace aujourd’hui oubliée et dont la diaspora s’est multipliée pour créer une infinité de mondes et de cultures. Mais comme je suis un éternel pessimiste, cette galaxie est minée par les conflits, l’obscurantisme, la pollution, et les intérêts égoïstes. En toile de fonds, une grande guerre se prépare entre la Croisade Rédemptrice de Spartàn, qui entend remodeler l’humanité et le Pacte unilatéral de l’Union, dirigé par le « Grand frère » Gaédien : une forme de Seconde guerre mondiale à l’échelle galactique : avec son lot de haines, de propagande, de combats et de désastres. Pendant ce temps, certaines civilisations non-humaines conspirent pour en finir avec cette espèce qui se reproduit et ravage tout sur son passage, comme un nuage de sauterelles : leurs cultures ancestrales ne peuvent certainement pas endurer plus longtemps cette invasion ?

Mon premier projet de roman dans les « Enfers miniatures » s’intitule « Guyana Sunrise » et met en scène une violente révolte pénitentiaire sur le petit monde pauvre et forestier de Guyana, devenu camp de redressement pour les grandes puissances de l’Union. Dans un deuxième projet intitulé « Blockhaus », un groupe d’explorateurs est confronté à l’enfer qu’est devenue Thyatire, planète berceau de la fameuse Croisade rédemptrice. Enfin dans « La petite fille aux allume-gaz », je parle de l’empire déclinant d’Eboria, furieusement proche de notre Europe, et gangréné par la pauvreté, la violence urbaine et le racisme.



5 De même peux-tu nous détailler tes divers projets en fantasy ?



Lorsque je me suis lancé dans l’aventure improbable de l’écriture, j’avais deux choses en tête : les « Contes d’Outre-plan » mais aussi un cycle de fantasy mettant en opposition notre monde et un autre : Nékroôs, un monde médiéval-fantastique servant de prison aux neuf démons, des créatures qui manquèrent de détruire la galaxie autrefois. Dans le cycle de Nékroôs, une adolescente de notre Terre est précipitée dans ce monde primitif et apprend à retrouver ses véritables pouvoirs pour entrer en résistance contre les monstres qui tentent de sortir de Nékroôs pour achever leur tâche de destruction dans notre univers. C’est un vaste projet, avec un univers aussi détaillé que la Terre du Milieu de Tolkien ou l’Age hyborien de Howard, aussi vais-je mettre un certain temps à le mettre au point.

Parallèlement, je bosse sur des univers fantasy autres et plus proches de notre Terre, plus inspirés de la véritable histoire de la Terre ou des Contes de fées revisités.



6 quelles vont être tes prochaines publications ?



Difficile à dire, je dois mes premières publications de nouvelles (une dizaine en format web) à des appels à texte, c’est un jeu un peu grisant, mais à double tranchant, dont je suis revenu ces derniers temps : mes propres projets ne pouvant supporter de trop entrer dans des cases ou des critères de temps et de limites de signes. Je vais tâcher de travailler encore plus dur et de m’imposer auprès des éditeurs afin d’obtenir le Graal suprême : la publication papier, la lourde pression de la presse sur la douceur du support léger.

samedi 23 juillet 2011

L'univers est important

A force de considérer la SF comme une littérature d'idée on a oublié un fait fondamental : l'univers est important. L'univers n'est pas uniquement là pour être l'illustration d'un concept. C'est la cas par exemple dans Spin de Robert Charles Wilson. Tout le roman gravite autour de la membrane de Spin et finalement toutes les idées spéculatives découlent de la présence de celle ci. C'est quelque part une conception minimaliste de la SF.
Qu'est ce qu'un univers. Il s'agit d'un réseau d'éléments figuratifs et thématiques assemblés de manière cohérente. Donc un univers c'est un réseau de concepts et d'images mentales reliés les uns aux autres. Dans ce texte - réseau les concepts ne sont pas là pour être une tête de pont qui conditionne tout le reste. Ils sont au service du récit et surtout au service de cet univers. Les éléments figuratifs vont être les éléments matériels du récits et les éléments thématiques des éléments abstraits. On comprend très vite que les éléments figuratifs sont des noeuds du réseaux et les éléments abstraits sont au contraire le liant qui permet d'amener la cohérence. L'idée, le concept si vous préférer, vont se situer à ce deuxième niveau. Ce bel et bien les éléments figuratifs qui mènent le bal. Les éléments figuratifs vont bien sûr comprendre tous les jouets du genre customisés avec plus ou moins de talent par les auteurs. Mais également la traduction fictionnelle de toutes les images mentales que l'auteur a voulu y mettre. Et l'on comprend bien que si l'on arrive à un réseau d'objets de fiction important et bien il n'y aura pas qu'une seule idées mais bien plusieurs qui figureront dans les éléments thématiques qui apporteront du liant au texte. Le problème c'est que le niveau des idées ne sera pas forcément le niveau du contenu et les niveau des images celui de l'expression. De nombreuses images appartiendront au contenu et certains concepts seront de l'expression. On peut très bien avoir des images qui sont le moteur du texte comme chez Serge Brussolo chez qui les concepts découlent toujours d'éléments figuratifs extrêmes. Ce n'est certainement pas le seul auteur à l'avoir fait mais c'est certainement celui qui a poussé le plus loin le procédé.
L'univers est le coeur du récit de science fiction comme du récit de fantasy. C'est le point commun aux deux genres. C'est pour l'avoir oublié que la SF devient de moins en moins enthousiasmantes proposant des récits tournant autour d'un concept, ce qui pour une nouvelle peut très bien fonctionner mais qui sur un roman devient vite lourd. La SF finit ainsi par s'intellectualiser et essaye de trouver une légitimité par le développement des concepts en tournant le dos à cette notion d'univers qui a pourtant été importante dans la SF de l'âge d'or.

lundi 18 juillet 2011

Les espoir de l'imaginaire : Nicolas B Wulf

C'est au tour de Nicolas B Wulf de se prêter à l'exercice. Ce jeune auteur a comme beaucoup été révélé par ces deux piliers du fandom que sont Outremonde et Phenix Web Hors série.

1-Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Je suis originaire de Rouen, né à l’aube de l’année 1980. J’ai suivi un cursus scientifique, qui s’est orienté vers les terrifiants arcanes mathématiques au fil des années. Les disciplines littéraires m’ont toujours épaulé dans les moments délicats, mon amour des mots ayant été omniprésent.
Côté musique, beaucoup de metal, pas mal de classique avec une prédominance des compositeurs d’Europe de l’Est et un peu de chanson française. Pas d’instrument dont je puisse revendiquer une quelconque maîtrise, pas assez de patience pour cela.
Un chat qui louche à la maison.
Ah oui, et j’ai une sainte horreur du fromage !


2-Comment es-tu arrivé à l'écriture ?

Autant que je me souvienne, j’ai toujours eu le goût de raconter des histoires. D’abord par des bandes dessinées aux univers inspirés par les dessins animés qui ont bercé mon enfance.
Après des premiers essais de textes de SF inachevés, c’est en 3e que le virus de l’écriture commence véritablement à s’emparer de moi, quand ma prof de Grec me lance sur l’idée de rédiger une nouvelle de SF revisitant les douze travaux d’Héraclès. En découle mon premier texte achevé, et ma première publication, en épisodes dans le journal du collège.
S’enchaînent ensuite des textes d’horreur, tous à inachevés à l’exception de la nouvelle Le Purgatoire. J’ai alors 16 ans et je ne sais pas encore que pendant l’été qui suivra, je débuterai LE projet, celui qui n’a connu de conclusion (temporaire ?) que 14 années plus tard sous le titre La Larme Noire, mon unique roman achevé à ce jour.
Pourquoi avoir écrit cette histoire de fantasy ? Sûrement par frustration. J’avais terminé le Seigneur des Anneaux quelques mois plus tôt, avait regretté l’absence de dragon malgré le pied énorme que fut cette lecture. Autre lecture décisive : celle des deux trilogies fondatrices de l’univers Dragonlance. Là, il y avait du dragon à revendre, mais j’aurais souhaité que la psychologie de certains personnages soit encore approfondie. Ce furent mes deux pierres angulaires pour me lancer : du dragon et du personnage avec une psychologie très développée. Finalement, je n’aurais vraiment travaillé que celle d’un seul de mes personnages (rires).
Et puis, à partir du moment où j’ai commencé à partager mes récits (merci à ma tendre moitié qui m’y a très fortement incité) et que les lecteurs ont répondu présents, tout s’est enchaîné et le plaisir d’écrire a pris une nouvelle dimension.


3-J'avais bien aimé ta nouvelle Esprits Racines. Comptes-tu revenir dans cet univers mêlant fantasy médiévale et vaudou ?

C’est déjà fait ! Lors de l’été 2008, je me suis replongé dans cet univers pour écrire un « feuilleton de l’été » : Par-delà l’océan. Il prend place juste après les événements d’Esprits Racines et nous permet de suivre Nickolah Dothiriel dans les pas de son père, et même bien au-delà. Je me sens vraiment à l’aise dans ce mélange des genres et je me suis beaucoup attaché à mes personnages. Une relecture récente m’en a apporté la confirmation.
L’ensemble des deux textes a été publié fin juin 2011 chez Numerik Livres, éditeur 100% numérique, sous le titre Par-delà l’océan.
Et les aventures de la Dalvénia et de son équipage de pirates sont loin d’être terminées. Je vais d’ailleurs travailler sur leur suite durant l’été.


4-Ton principal projet concerne des textes de cyber fantasy. Peux-tu nous présenter cet univers. Comment le définirais-tu pour le distinguer de celui de la franchise Shadowrun ?

Comment pourrais-je définir ce genre que je cherche à aborder avec cet ensemble de textes ? C'est le croisement entre Tolkien et William Gibson, la réunion entre Glen Cook et Bruce Sterling. Un style à ma connaissance peu abordé dans l'Imaginaire. Hormis la série de romans basée sur l'univers du jeu de rôle Shadowrun, je ne vois pas vraiment de roman qui traite de ce mélange des genres. Faerie Hackers, de Johan Heliot, s'y essaie mais, si ce roman est fort agréable, il ne pousse pas suffisamment loin le concept.
L'aspect fondamental, est que l'univers que je développe est un prolongement futuriste du nôtre, où les créatures fantastiques sont revenues à la vie, même si elles n'ont jamais vraiment disparu, et où la magie a fait sa réapparition, même si elle aussi n'a jamais vraiment disparu...
Je l’envisage comme une fusion de divers genres littéraires : la fantasy et le cyberpunk bien sûr, mais aussi le polar et le thriller, à la sauce SF.

Il me reste cependant beaucoup de travail à abattre pour définir un univers complet et cohérent, exploitable dans le cadre d’un roman. Pour le moment, ce sont des nouvelles qui vont m’aider à l’explorer et à en affiner quelques aspects.

Pour le comparer à celui de Shadowrun, je dois reconnaître que c’est difficile. Je maîtrise mal cet univers, ma connaissance se limitant à une ou deux parties du jeu de rôle et à la lecture d’une poignée de romans. Je pense que les deux univers doivent reposer sur des bases assez proches. C’est plus dans les récits eux-mêmes que se situera la différence. Shadowrun propose, dans la lignée du jeu de rôle, de suivre des indépendants en quête de missions pour pouvoir survivre (toujours très temporairement) financièrement dans la jungle urbaine. Du moins, c’est comme ça que j’ai vu cet univers. Il reste par cet aspect une source d’inspiration. Mais finalement, ce sont plus les jeux publiés par Casus Belli sous le système SimulacreS qui m’ont servi de base (Cyber Age bien sûr, mais aussi Capitaine Vaudou et même SangDragon).
Mes personnages, s’ils peuvent s’approcher par moment de ceux mis en action dans Shadowrun, ne seront que très peu dans des situations de mission commanditée, ou alors en tant que situation initiale, flashback ou intrigue secondaire. J’aimerais que cet aspect ne soit jamais au centre de mes récits.


5-Tu as également un projet de poème épique concernant un troll. Peux-tu nous parler de ce projet un peu fou ?

Il s’agit de La Geste de Klarg le Troll. J’ai eu un beau jour de janvier 2006 l'idée d'un cycle de poèmes mettant en scène Klarg le Troll, créature peureuse et chétive au destin étonnamment héroïque. L'ambiance que je voulais obtenir est celle d’une fantasy humoristique, sur toile poétique.
Les lecteurs se sont vite pris au jeu et moi aussi ! La première époque a duré 26 chants, et j’ai enchaîné sur une seconde période qui pour le moment stagne à 12 chants, mais qui en comprendra également 26 quand j’arriverai au terme.
Un projet d’édition numérique illustrée est en cours dans le cadre d’un hors-série du Codex Poeticus, mais c’est actuellement en stand by. Du coup je ne peux pas vraiment apporter de précision.


6-Quels sont tes autres projets littéraires ?

Je crois qu’il y en a déjà pas mal comme ça ! (rires)
Sérieusement, j’aimerais bien préparer un recueil de poèmes mêlant archives et inédits, autour d’une thématique SFFF. Et ces dernières semaines, l’envie de reprendre La Larme Noire avec une armée de bêta-lecteurs m’est revenue, alors que je partais dans l’idée que je ne pourrais rien en faire de plus. Par la même occasion, revenir en Noghaard pour faire revivre cet univers de fantasy me tente assez finalement…

lundi 11 juillet 2011

Les espoirs de l'imaginaire : Sébastien Ruche

Sébastien Ruche est connu pour avoir publié quelques nouvelles. On a notamment remarqué sa nouvelle Au large d'Ildeiade dans l'anthologie, De la Chair à l'acier.


1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?
J'ai trente ans, la plante des pieds sur terre et la caboche dans les étoiles... J'écris des histoires aussi bien que des musiques et j'entremêle parfois les deux. Les passerelles entre les arts me motivent énormément. En écriture, j'évolue principalement dans le style fantastique, avec des passages en science fiction, polar noir, etc. En musique, j'expérimente la folk au sein de mon projet Eres Sound.

2- Comment es tu venu à l'écriture ?
J'ai découvert le goût des mots vers 12 ans en même temps que le réel plaisir de lecture, mais j'avais dix huit ans lorsque l'averse m'est vraiment tombée dessus. Je me suis dit que lire des histoires, c'était bien, mais que les écrire serait mieux. Je voulais passer de l'autre côté du miroir. Dans la foulée, j'ai écris ma première nouvelle. Dans le genre fantastique, bourrée de défauts et de clichés, sans aucun style personnel... Mais la machine était lancée. J'avais trouvé un moyen de canaliser le flux incessant d'images étranges qui traversaient ma tête... L'année suivante, je me suis retrouvé au sommet d'une colline rougeâtre semi désertique, quelque part en Aveyron. J'ai poussé un peu plus loin l'expérimentation. Je n'ai jamais cessé d'écrire depuis...

3- J'avais adoré " Au large d'Ildeiade". As tu l'intention d'écrire d'autres nouvelles dans des ambiances aussi baroques, mêlant SF et fantasy ?
Content que « Au large d'Ildeïade » t'ai plu ! Il y aura probablement d'autres récits de ce style, mais je ne sais pas encore quand... Lorsque j'ai débuté cette nouvelle, je ne savais pas ce qu'elle deviendrait ni jusqu'où s'étendraient le décor et l'ambiance. La plupart du temps, je ne sais pas où vont me mener les histoires. Je ne réfléchis pas au genre en amont, je le constate simplement une fois l'histoire achevée... De même, je ne crée pas de scénario, sans quoi je perds tout plaisir d'écrire. Je préfère la spontanéité de la création, regarder mes personnages prendre vie et réagir aux obstacles qui se dressent devant eux. Si je sais déjà tout ce qui va se passer, je m'ennuie et cesse d'écrire.

4- Tu écris aussi bien en littérature adulte que jeunesse. N'as tu pas l'impression de te disperser ?
Pas du tout, au contraire ! A mes yeux, chaque exercice d'écriture est important et permet de s'améliorer. Les leçons que l'on tire de tel ou tel exercice peuvent être appliquées aux autres. Les expériences se nourrissent entre elles. Je ne crois pas que les frontières entre les styles soient hermétiques. Je crois même que c'est une nécessité, pour un écrivain, de tester différents types d'écriture. Cela permet de parfaire sa plume, de la sculpter sous différents angles. Personnellement, j'ai besoin d'écrire des choses différentes, sans quoi j'ai trop vite l'impression de tourner en rond...

5- Quels sont tes principaux projets d'écriture ?
J'ai plusieurs projets en cours et à venir. Je travaille actuellement sur le second jet d'un roman. J'espère l'avoir achevé pour la rentrée de septembre. En parallèle, je poursuis l'écriture de nouvelles. Je reste très attaché à cet exercice. Il me procure des pauses rafraîchissantes sur les projets de plus longue haleine. Enfin, je vais à nouveau collaborer avec l'excellente photographe plasticienne Marie Delagnes (http://www.mariedelagnes.com) pour un nouveau conte photographique, au croisement des univers de Tim Burton et d'Egar Poe. C'est un projet d'envergure dont les bases sont déjà jetées. Le rendu final (livre, version audio et exposition), devrait voir le jour en janvier 2013...

Diversité

Aujourd'hui dans la SF nord américaine on assiste dans la génération montante à une arrivée massive des auteurs issus des minorités. Qu'ils soient Afro - Américains ( NK Jemisin, Alaya Dawn Johnson, Karen Lord...), américains asiatiques ( Yoon Ha Lee, Eugie Foster, Tony Pi...), arabo américains ( Saladin Ahmed, Amal el Moktar, ahmed A khan...) ou encore hispaniques ( Mercurio D Rivera...). Il n'y a jamais eu autant d'auteurs issus des minorités qu'en ce début de 21 éme siècle.
Quand on regarde la SF française, on n'y trouve assez peu d'auteurs issus des minorités. Ils doivent se compter sur les doigts d'une seule main. Déjà les auteurs issus des Dom Tom ont du mal à percer. A une époque on parlait beaucoup du Néo Calédonien, Pascal Gonthier. Certains avaient même annoncé la publication d'un roman de cet auteur. Pourtant les auteurs issus de ce que l'on appelle pudiquement la diversité ont beaucoup à apporter aux littératures de l'imaginaire.

jeudi 23 juin 2011

85 éme étage

Georges Bormand a développé sur le forum d'Actusf la notion de 85éme étage. Pour lui bon nombre d'oeuvres de SF publiées aujourd'hui nécessitent pour être comprises une solide connaissance du genre. Les oeuvres faciles d'accès permettant de récupérer de nouveaux lecteurs se font rares.
Si l'on prend l'exemple de Greg Egan, non seulement on attend du lecteur qui va s'intéresser à ces oeuvres une connaissance du genre mais aussi un solide bagage scientifique. D'un autre coté Spin de Robert Charles Wilson sera facilement abordable par un lecteur de blanche. L'intrigue est celle d'un roman psychologique plutôt intimiste. La dimension spéculative, celle de la membrane de Spin qui recouvre la Terre est finalement traitée de manière ténue, assez pour peut être pour qu'un lecteur de littérature générale puisse s'y intéresser. Mais est bien les lecteurs de Blanche que les éditeurs doivent essayer de séduire ? D'un coté on ne fait pas grand chose pour séduire les adolescents, à part rééditer des classiques anciens qui peuvent ne pas leur parler. D'un autre coté la SF est aussi une subculture. Et la prédominance de ce 85émé étage doit nous faire demander si le dialogue entre littérature et autres média n'est pas rompu. Il est en effet largement nécessaire de publier des textes qui tentent de dialoguer avec la SF médiatique donc qui va utiliser les thèmes utilisés par le cinéma, la BD ou les jeux vidéos.

mardi 21 juin 2011

Les espoirs de l'imaginaire : Gaelle K Kempeneers

Gaelle a été révélée comme beaucoup par le webzine Outremonde. Deux nouvelles ont suffi pour la faire remarquer. Rencontre avec un auteur qui s'apprête à passer au roman :


1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?

Eh bien. Je suis née la veille du Samain, en 1979. J'ai deux adorables petites princesses, je suis toujours un peu dans la lune, je suis belge et je suis connue aussi sous le nom de Kashiira. ^^
Plus sérieusement, j’ai un graduat en communication, je travaille dans la fonction publique et mon rêve a toujours été de devenir écrivain.

2- Comment es tu arrivée à l'écriture ?

Ça s’est fait tout naturellement. A cinq ans, ma mamy qui était institutrice a cédé – des ‘et moi aussi ze veux lire, d’abord !’, vingt fois par jour, ont pas mal influencé sa décision, aussi – à ma demande et m'a appris à lire. J'ai enfin pu piquer les bouquins des grands ! J'ai débuté mes premières lectures avec les Oui-oui et autres Club des cinq, j'ai rêvé avec les Six Compagnons de la Croix rousse, j'ai découvert les aventures de Sylvie et celles de Vicky (avec une nette préférence pour cette dernière, plus garçon manqué) que ma mère m'avait donnés dans l'espoir de faire de moi une vraie fille (qui aimerait le rose, les robes et jouer à la poupée). Pauvre maman, elle aurait peut-être réussi si je n'avais pas découvert la bibliothèque de mon papa. J'ai dévoré Ayla, fille de la terre, cachée dans mon armoire à jouets (m'interdire de lire ce livre (quelques scènes étaient assez osées, il faut dire, trop pour une gamine de 8-9 ans) a été le meilleur encouragement pour que je le dévore ! - mon côté : je fais ce que je veux, d'abord !), avant de passer à la Ballade de Pern et aux Chanur... A huit ans, moi aussi j’ai voulu mettre par écrit le petit cinéma qui tournait en permanence dans ma tête, les histoires que je me racontais dans mon lit et tous mes et si... Je ne me rappelle plus de mes premiers récits mais depuis, je ne me suis plus arrêtée.

3 - J'avais aimé ta nouvelle " Le tigre du Dark Whistle". Il y avait là un univers riche de potentialité. As - tu prévu d'y revenir dans d'autres textes ?

Oui, bien sûr. Une deuxième nouvelle est d'ailleurs en cours d'écriture et d'autres attendent sagement leur tour. Mon Tigre Rouge est prêt à revenir dans de nouvelles aventures qui vont justement explorer le mystérieux archipel volant de Kopoll. Je ne compte pas écrire de romans pour cet univers, je vais en rester aux nouvelles, pour le moment, c’est le format qui convient le mieux dans ce cas, je pense.

4- Peux tu nous présenter "le chant de la Malombre, ton cycle de fantasy.

Un jour, la terre est tombée malade et les dragons sont devenus fous. Pendant quelques Jours Sanglants, ils ont ravagé les royaumes des hommes avant de se réfugier dans la Morteterre, ce nouveau territoire qui ne cesse de s'étendre tel une gangrène. Depuis, les peuples de la Viveterre vivent sous une épée de Damocles permanente, reculant sans cesse face à l'avancée de l'essence des terres noires : la Malombre.
Une nouvelle caste de chevaliers a été créée dans la douleur, le sang et la folie. Les Tueurs de Dragons qui luttent pied à pied, jour après jour, contre l'avancée inexorable de la Morteterre.
Une lutte qui semble perdue d'avance...

5 - Pourquoi venir à la fantasy classique alors que jusque là tes texte étaient surtout caractérisés par le mélange SF- fantasy? Un tournant dans ton inspiration ?

Là, je suis assez étonnée par ta question ! En effet, à part deux nouvelles écrites dans le cadre du projet Obsidium et un OVNI toujours en cours d'écriture (une novella qui me pose plus de questions que je n’ai de réponses >.<), toutes mes histoires font partie du genre de la fantasy ou du fantastique. La fantasy est le style d’histoire dans lequel je me sens le plus à mon aise. Quant à la Science-fiction, j’avoue que je me sens un peu empruntée quand j’en écris. Je n’ai pas un esprit scientifique et, dans ce domaine, je suis peu ou prou une néophyte ! Même si j’ai un faible pour le post-apocalyptique. D’ailleurs, mes (très) rares écrits de SF sont de ce style-là, j’avoue !
Si tu parles du Tigre du DarkWisthle, je voyais cette nouvelle plutôt comme de la fantasy où se mêlerait une minuscule touche de steampunk bien que certains lecteurs m'aient déjà dit y voir plutôt de la SF. Comme quoi… si ça se trouve, j’écris de la SF sans même le savoir ! ;p

6 - Quels sont tes autres projets littéraires ?

Houlà ! Il va falloir que je fasse une liste ! Tout d’abord, continuer à scénariser la bande dessinée les Chroniques d’Outremonde (le premier épisode est en ligne sur Outremonde.fr) (consolider la trame, diviser en ‘chapitres’ et voir combien de tomes j’aurai exactement). J’ai aussi une histoire jeunesse sur le thème de la Belle au Bois Dormant en cours de préparation ; un projet de roman d’épouvante toujours au stade d’embryon. Je titille l’idée de faire une excursion dans la bit-lit. J’ai aussi un roman plus humoristique à préparer, d’autres projets jeunesses aussi. Mais le Chant de la Malombre est la priorité pour le moment, mes autres projets devront attendre que j’aie terminé.
(Ne pas me disperser, ne pas me disperser, ne pas me disperser !)
J’ai aussi une nouvelle que je vais proposer à une anthologie (si j’arrive à la corriger avant la deadline, évidemment !), on verra bien si elle sera reprise.

mardi 3 mai 2011

Les espoirs de l'imaginaire : Jean Luc Théodora

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?

Marié, deux enfants, la quarantaine, j’enseigne l’histoire géographie dans un établissement privé. Originaire de la réunion, j’y suis très vite retourné après des études en métropole.

2 Comment as tu débuté dans l'écriture ?

Cela a été un processus assez long. En effet je ne me destinais absolument pas à l’écriture. Mon truc c’était plutôt le dessin et ce très tôt. Tout gamin je remplissais déjà des cahiers de brouillon en mettant en scène des personnages aussi hétéroclites que Zembla, Tarzan, Blek le Roc ou Davy Crockett. La première fois que j’ai tenté l’expérience de l’écriture c’était en terminale, après avoir lu « un pont de cendres » de Roger Zelazny. Par la suite, j’ai continué un peu en maths sup, cela me permettait de décompresser. Mais, le véritable passage à la mise sur papier d’idées s’est fait avec les jeux de rôle. D’abord joueur, je suis très vite passé de l’autre coté du paravent et me suis mis à créer mes propres scénarios, principalement pour ad&d, mais aussi pour Stormbringer ou jrtm. Le second déclic, je le dois à un enseignant lors de mon deug de communication. Il fallait écrire une histoire autour de la dualité leader/dealer. Le prof m’a encouragé à persister dans cette voie ; il avait bien accroché à mon texte. Et puis, il y a eu internet ! j’ai notamment découvert le site Une Autre Terre, qui développait un concept , entre autres, d’écriture à plusieurs mains. L’une de ces expériences a été publiée à l’initiative de Pierre Gévart l’année dernière, sous le titre de Pour un autre Temps.


3 Tu vis à la Réunion. A ton avis est ce que cet éloignement du fandom et de l'édition professionnelle est un obstacle pour être publié ?

j’aurais envie de dire oui, bien que aujourd’hui internet ouvre énormément de possibilités. En effet, l’éloignement géographique tend malheureusement à isoler. On a peu de contacts avec les autres et il est extrêmement difficile d’assister aux événements, et ce d’autant plus qu’il est difficile de se tenir au courant. Rien que la semaine dernière, il y avait une conférence sur le thème de l’uchronie a la Réunion ; je l’ai su trop tard, tant les réseaux d’écriture fonctionnent mal ici, chacun fonctionnant en cercle fermé, convaincu de son isolement.


4 Tes deux thèmes de prédilection sont la métamorphose et le jeu d'échec cosmique. Qu'est ce qui t'attire dans ces sujets ?

il est vrai que le thème de la métamorphose est déjà présent dans « le réveil de Skell » ainsi que de manière diffuse dans les contes de la Rousse. On touche ici au mystère , à l’inconnu, souvent à la part d’ombre qui se cache en chacun. Lorsqu’on se transforme c’est souvent sous pression et on lâche la bride, on se libère des conventions et des inhibitions. Outre le fait que ce thème favorise les excès (le Hulk cannibale et nécrophage des Ultimates en est un parfait exemple), il permet de mettre en scène des personnages complexes qui vivent leur condition comme une fatalité (le loup-garou classique ne décide pas son changement d’état, c’est la lune la seule fautive) , mais aussi sont déculpabilisés par là même.
Le thème de l’échec cosmique est certainement une conséquence d’un certain nombre de lectures : Elric le nécromancien, les héros zelazniens en général (Jack des ombres, Shimbo de la tour de l’arbre noir, Corwin d’ambre, et j’en passe). C’est à chaque fois la mise en scène de personnages tous plus dantesques et torturés les uns que les autres, dont la moindre décision prend des proportions titanesques. Hamilton aussi conjugue ce type de personnages à la sauce space-opera ! et là, c’est l’univers qui joue sa chemise.
Cela donne des récits animés, et les pauses philosophiques ne sont que de brefs intermèdes.

5 Peux tu nous présenter ton cycle de nouvelles de fantasy les Contes de la Rousse ?

alors que j’étais sur l’écriture du réveil de Skell, visible sur le site anice fiction, un ami qui me faisait le plaisir de me lire m’a fait remarquer que tous mes personnages étaient masculins. J’ai alors écrit « soleil d’ombre ». j’ai présenté la nouvelle à l’un des premiers concours de actu SF et me suis hissé parmi les premiers. Mais, j’étais resté sur ma faim et me suis mis à imaginer la suite, sur laquelle je travaille actuellement.
L’histoire tourne dans la première partie du cycle autour de la figure d'une héritière transformée en assassin, dans un monde où la magie est assez diffuse (on n’en prend pas vraiment connaissance même si on sent qu’elle st là).
Autre particularité, le récit se fait à la première personne et au présent. Cela me permet d’insuffler une certaine nervosité et de me concentrer sur les actes et les pensées du seul personnage principal. La difficulté est d’user des observations de l’héroïne ce qui permet au lecteur d’extrapoler ce qui se passe, notamment concernant les autres antagonistes qu’on ne connait qu’à travers les dialogues et le regard du personnage central. C’est surement le récit le plus abouti que j’ai pu livrer jusqu’à maintenant, si on excepte la nouvelle « figures » (dans arcanes).

6 Tu es aussi l'auteur d'un roman de fantasy d'inspiration slave, le Réveil de Skell. Peux tu nous le présenter rapidement ?
C’est ma première tentative d’écrire quelque chose sur la durée. La rédaction a été assez rapide, un ami lisait les chapitres au rythme de leur écriture. Mais, c’est une œuvre de jeunesse dont la structure est bancale avec de vrais problèmes de rythme. J’ai pensé à la retravailler, mais la tâche me semble très compliquée de par toutes les erreurs qui émaillent la rédaction, même si certaines idées pourraient servir de point de départ à d’autres récits.

7 Quels sont tes autres projets littéraires ?
Pour l’immédiat je pense à terminer les contes de la Rousse puis à reprendre certains personnages du réveil de Skell afin de développer des histoires complètes autour d’eux. Je pense notamment à Erwin ou mieux à Wrymtraël.
Et puis, il y a pas mal d’appels à texte que je trouve sympathiques.
De fait, je tentais de préparer l’agrégation et cela me prenait trop de temps. Je pense abandonner ce projet pour me recentrer sur l’écriture, car je ressens un vrai manque niveau créativité en ce moment.

lundi 2 mai 2011

Convergence et divergence

Les deux rédacteurs en chef d'Angle Mort s'expriment dans l'édito du numéro 3. Ils revendiquent le décalage dont j'avais parlé ici entre les fiction anglo saxonnes et francophones. Passons sur certaines contre vérités : par exemple ils nous disent que les webzines et podcasts publiant des fictions francophones sont pratiquement inexistant : ils n'ont sans doute jamais entendu parler de Outremonde, Mots & Légendes, Phénix spécial, Azimut, Nuits d'Almor et trois ou quatre autres. De plus en plus de jeunes auteurs ont des blogs. Il existe bien une communauté qui se structure autour de Cocyclics, des Chantiers Imaginaires et qui se développent. Il y a depuis environ trois ou quatre ans un souffle nouveau, des petits éditeurs avec chacun leur identité - Voy'el, Ad Astra, Critic, Asgard, Argemmios, Asgard / Lokomodo, le Riez et plus récemment l'Homme sans nom sans oublier Rivière BLanche qui fait figure de vétéran dans ce paysage. Bref le constat fait ici aurait put être fait en 2008 mais en 2011 les choses ont changé et n'en finissent pas d'évoluer, de bouger.
Mais revenons sur le point de la divergence. Privilégier des textes francophones extrêmement littéraire en sacrifiant parfois leur appartenance au genre qui sera plus que ténue et des textes anglo saxons coeur de cible ce n'est pas tenable. Il faut au contraire aller dans le sens de la convergence. Publier des auteurs francophones coeur de cible. Je préfère lire des textes parfois moins littéraire au sens français ( travail sur le style) et avec une narration plus dynamique et surtout des univers, des images originales, des concepts. Cela on le trouve dans les fanzines et webzines que Laurent Queyssy et Arkady Knight ne doivent pas connaître. Ils ne se souviennent sans doute pas d'un certain Alain Dorémieux qui avait ouvert les colonnes de fiction à des auteurs issus du fandom et le résultat avait largement surpris certains observateurs de l'époque par sa qualité et sa cohérence. Refuser cette démarche c'est précipiter les genres dans le postmodernisme si à la mode et qui détruit tout ce qu'il touche.

mercredi 27 avril 2011

Les espoirs de l'imaginaire : Kevin Kiffer

Kevin Kiffer est un jeune auteur qui déjà publié des nouvelles dans des webzines comme Outremonde et Mots et Légendes. Mais laissons le nous en dire plus.

1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Kevin, j'ai 27 ans et je suis diplômé d'un Master d'Histoire de l'Antiquité depuis 2007. J'aime beaucoup le science-fiction, la Fantasy, ainsi que les polars et les thrillers. Je suis également accro au cinéma.

2 - Comment es tu venu à l'écriture ?

Par le fandom Starwars. Je suis tombé réellement amoureux de la saga en 1999 avec la sortie de l'Episode I et j'ai découvert la communauté française peu de temps après. En participant à un site aujourd'hui disparu, j'ai pu me frotter à la fanfiction sous toutes ses formes. Deux textes longs en sont sortis et sont toujours disponibles sur la toile (on peut trouver les liens sur [url=http://letempsdestyrans.blogspot.com/2011/01/historique-de-mes-publications.html]mon blog[/url]) . J'ai ensuite parcouru un peu le web et je me suis mis sérieusement à l'écriture de nouvelles et de projets longs en 2008.

3 - Ton principal projet est une saga de SF intitulée le Temps des Tyrans. Peux tu nous en dire plus ?

Le TdT est un cycle de space opera en quatre actes. Le terme "tyran" est à prendre selon la définition d'Aristote : c'est celui qui gouverne pour son seul intérêt, et qui utilise la force, parce qu'il est le plus fort, pour imposer ses vues. Et si une alliance de peuples de la galaxie se trouvait face à des tyrans, quelle serait sa réaction ? Qu'est-ce qui peut pousser un ou des hommes vers la tyrannie ? La tyrannie a-t-elle un but ?
Voilà les questions que je voulais me poser dès le démarrage. Le texte prend le point de vue de divers personnages (militaires, civils, politiques) et construit, à travers une lutte acharnée pour le pouvoir, les bases d'une nouvelle forme de gouvernement. Mais le cycle reste d'abord un space op' divertissant où j'essaye, comme dans tous mes textes, de mêler action et réflexion.

4 - Quels sont tes autres projets littéraires ainsi que tes prochaines publications ?

En parallèle, je travaille sur un texte de Fantasy appelé provisoirement Asia Provincia. Mon but est ici de mélanger histoire de l'antiquité et ambiance Fantasy et de réécrire l'histoire de la montée des Imperatores romains : cette période de la fin de la République est stupéfiante par son instabilité, ses coups politiques, ses grandes campagnes dans le seul but d'hériter du pouvoir sur le monde connu. Mais là dessus se construit aussi l'histoire d'hommes et de femmes, des anonymes de l'Histoire et c'est leur témoignage que j'aimerai "retrouver". Le texte parle de la campagne militaire de Lucius Cornelius Sylla, consul désigné, contre le royaume du Pont entre 89 et 85 av. J-C. Son souverain, Mithridate VI Eupator, a déclenché la colère de Rome en ordonnant le massacre de milliers d'italiens exilés en Orient et dans les régions grecques. Mais Sylla doit également faire face à une guerre civile qui l'oppose à Marius, le plus célèbre général romain de l'époque.

Côté publications, j'ai essuyé plusieurs refus ces derniers temps mais ça fait partie du jeu. Deux de mes nouvelles vont être publiées dans un prochain Mots et Légendes qui verra le jour probablement à la rentrée : une nouvelle de science-fiction intitulée Monsieur Jean des étoiles, où un pilote de vaisseau se retrouve projeté dans le temps pour sauver un futur où l'humanité est condamnée à errer parmi les étoiles ; et une nouvelle de Fantasy, les premiers rois, qui traite de la quête de trois moines à la recherche du tombeau mythique des premiers rois de leur monde.

jeudi 21 avril 2011

La SF grand public existe - t - elle ?

Qu'est ce que la SF grand public ?
A ma gauche on me dit que ce sont des oeuvres de SF se rapprochant de la Sf médiatique (appelé aussi SCIFI par certains) et donc des romans ou nouvelles que les amateurs de jeux vidéo, de jeu de rôle, de cinéma, de manga, de dessin animés ou de série TV vont pouvoir s'approprier. Ce serait donc une SF qui jouerait la carte du dialogisme avec le monde médiatique produisant d'une part des romans d'exploitation ( dont certains peuvent être de qualité) mais aussi des romans plus ambitieux qui peuvent devenir des blockbusters du genre. Après tout la fantasy dialogue avec le jeu de rôle depuis les années 90 et cela a donné aussi des oeuvres de qualité ( pensez à Mathieu Gaborit chez par exemple).
A ma droite on me dit que c'est une SF destinée plutôt à des lecteurs occasionnels du genre, voire à des lecteurs de blanche. Donc il s'agirait de ce que Denis Guiot appelle la Sf next door. Une littérature où les éléments spéculatifs sont peu nombreux et relativement abordable par des gens qui n'ont aucune approche du genre. Des romans se déroulant dans le futur proche ou le présent frottés de quelques extrapolations ténues. Et surtout le moins de jouets possibles. On s'adresse à des gens sérieux.
Mais les lecteurs de blanche s'intéressent ils à la réalité virtuelle, au voyage dans le temps, aux mutations génétiques en temps qu'objets littéraires ? Les lecteurs occasionnels eux sont ils des moines n'ayant jamais vu Star Wars ou Blade Runner et ne connaissant aucun jeux vidéo ou jeu de rôle de science fiction, n'ayant vu aucun dessins animés dans leur enfance....
J'en conclu que ces deux acceptions du grand public sont elle même des niches. Donc la SF est une littérature de niche s'adressant à quatre ou cinq tribus (c'est la même chose pour la fantasy). Donc non la SF n'est pas une littérature grand public.
D'ailleurs le grand public existe - t - il ou n'est il qu'un projection marketing du nivellement par le bas ?

lundi 18 avril 2011

Extension et restriction

Dans les années 70 la new wave, la fiction spéculative ou la nouvelle science fiction américaine ont contribué à élargir le domaine de la science fiction. Aujourd'hui, la singularité, la hard science et le traitement post moderne de la SF semblent restreindre le domaine. Et l'on peut expliquer sans doute par là la baisse des ventes que subit le genre. A l'opposé la fantasy est pleine extension avec de nouveaux courant comme la new weird ou certaines formes de fantasy urbaine.
Il semble donc que la SF après être entré en expansion connaisse son big crunch. L'essentiel du genre se regroupe autour des attracteurs que sont la dystopie et la hard science. Les formes plus populaires de SF sont soit happées par les licences commerciales ou renvoyées dans les marges (que l'on pense à Rivière Blanche ou Ad Astra en France ou au webzine Ray Gun Revival aux US). Dans ce chaos il existe tout de même des raisons d'espérer. Tout d'abord on assiste à l'arrivée d'une nouvelle génération de romanciers en Grande Bretagne ( Ian Whates, Gareth L Powell, Colin Harvey, Hannu Rajaniemi, Philip Palmer). Aux Etats Unis quelques francs tireurs se tiennent à l'écart du courant dominant aux premier rang duquel on signalera Tobias Buckell et Elizabeth Bear. Mais la principale sources d'espoir est le courant Sci Fi Strange dont le leader éditorial est Jason Sanford. Ces auteurs ont pour prétention d'élargir le domaine de la SF reprenant ainsi une démarche initiée par la new wave puis par la nouvelle science fiction américaine. Ce sont pour la plupart des nouvellistes ( Jason Sanford, Mercurio Rivera, Mathew Kressel, Jeremiah Tolbert, Cat Rambo, Yoon Ha Lee) et il est clair que certains d'entre eux passeront au roman dans la décennie actuelle. Curieusement les préoccupations de ces américains ne sont pas éloignés de nouvellistes bien de chez nous comme Olivier Gechter ou Antoine Lencou qui eux aussi vont sans aucun doute passer au roman dans les années qui viennent.
Dans le même temps on a des romans de Sf qui paraissent sous l'étiquette fantasy comme le roman post apocalyptique de Nnedi Okorafor " Who fear death " ou le planet opera de Kameron Hurley " God's War". C'est comme si la SF essayait de se débarrasser de certaines de ses provinces jugés moins légitimes pour n'être plus qu'une simple littérature d'idée. Pour reprendre à nouveau une métaphore astronomique, la galaxie SF perd certaines de ses étoiles qui sont inlassablement dévorées par la vorace galaxie fantasy. Demain, est que ce sera le tour d'une partie du space opera de connaître ce sort ? C'est en tout cas inquiétant de voir des oeuvres qui il y a seulement dix ans auraient sans problème portées l'étiquette SF être considérées par un certain noyeau dur du fandom mondial comme des romans de fantasy. Comme si certains voulaient limiter la SF au 85éme étage cher à Georges Bormand.

vendredi 8 avril 2011

Angle Mort : un bilan

Je ne suis pas spécialiste en démolition et j'aime encore moins tirer sur les ambulances. Mais il y a des moments où l'on ne peut se taire tellement l'imposture est flagrante.
Disons le tout de suite, il y a de bonnes choses dans cet Angle Mort : les nouvelles anglosaxonnes. Elles sont de bon niveau littéraire et les traductions semblent tout à fait correctes. C'est tout à fait ce que l'on est en droit d'attendre d'une revue professionnelle.
Au niveau des textes francophones ce n'est pas la même chanson. Seul le texte de Laurent Kloetzer est au niveau. Les autres textes n'ont rien à faire là. Xavier Mauméjean nous livre un exercice de style d'un auteur qui se regarde écrire. David Calvo nous livre un fond de tiroir sans grand intérêt. Après quelques paragraphes d'une telle vacuité on ne peut qu'interrompre la lecture de son texte tellement il est affligeant. J'aurais aimé dire que David Calvo n'est plus que l'ombre de lui même, mais c'est encore faire trop d'honneur à son texte. On est en droit de se demander si certains enfants gâtés de la génération des 90 ne sont plus que des enfants gâteux. Quand à André Ourednik, sa nouvelle est une pochade de potache, le genre de texte qui sert de bouche trou dans un fanzine quand on a deux ou trois pages à combler.
Non seulement les nouvelles francophones ne sont pas au niveau des traductions proposées mais des textes aussi indigeants sont bien en dessous des petites merveilles qui paraissent dans des weberevues comme Outremonde, Mots et Légendes ou encore Phenix Web Special. La ligne directrice d'Angle Mort me rappellent ces attelages dont les chevaux tirent chacun dans un sens. On n'avance guère et au pire on fait du sur place. Bref si l'effort doit être continué pour nous proposer des traductions d'un bon niveau, il est clair qu'un changement de ligne directrice s'impose en ce qui concerne les textes d'auteurs francophones et le plus vite possible.

jeudi 7 avril 2011

Interview de Cyril Carau

Interview

1 - OutreMonde publie son numéro 10 et célèbre ses six ans d'existence. C'est aujourd'hui la plus ancienne web-revue consacrée à l'imaginaire. Comment expliques-tu cette longévité ?

Cyril Carau (Aède) : Je n’ai aucune explication particulière, juste quelques suppositions. Univers d’OutreMonde est apparemment un « cocktail » qui doit plaire aux lecteurs grâce à la qualité des nouvelles, des illustrations, des articles et interviews, je pense. Sur le forum, où règne un bon esprit, on peut également voir les réactions des lecteurs, celles des auteurs et illustrateurs. Je suppose que cet échange, qui intéresse pas mal de monde, explique aussi le succès des Univers. Les thèmes choisis pour les appels à textes doivent séduire les auteurs, vu le nombre grandissant de nouvelles reçues. L’attrait visuel doit aussi compter, je pense. Certaines illustrations signées Alain Mathiot, Annick De Clercq, T.P. Szabo, Élie Darco, Maz, Nadia Sanchez, Fablyrr, Magali Villeneuve, Nathy, Anilori, ou Grem sont des chefs d’œuvres.

2 - Comment est né le projet OutreMonde ?

CC : Au départ d’une envie d’écrire une nouvelle entre plusieurs auteurs, d’où la création d’abord d’une plateforme pour échanger nos idées. Mais le projet n’a pas abouti. Ensuite Llanis a eu l’idée de faire un forum où de tels projets verraient le jour (Les rejetons d’Obsidium ou Gobelin’s Saga, par exemple). Arius a eu l’idée du nom d’OutreMonde et moi de créer une web-revue. C’était en 2005. À l’époque le nom de domaine était outremonde.info. Puis Llanis est parti et avec Dulkera on a repris quasiment tout à zéro : nouveau design, nouvelle équipe et surtout nouveau nom de domaine : outremonde.fr. J’ai eu aussi envie, en parallèle aux Univers, de créer un Hors-Série avec uniquement des textes, bref de faire une anthologie numérique.

3 - Quels sont les auteurs que tu es le plus fier d'avoir publié ?

CC : Estelle Valls de Gomis, Aurélie Wellenstein, Didier Reboussin, Yves-Daniel Crouzet, Charlotte Bousquet, Sébastien Clarac et Thierry Santander pour n’en citer que quelques-uns, mais je suis fier de tous les auteurs que j’ai pu publier.
Mais mes 2 plus grandes fiertés c’est d’avoir pu faire un dossier Nathalie Henneberg et d’avoir sorti le Hors-Série n° 3 au format papier.

4 - Quels sont les regrets que tu as par rapport à web-revue ?

CC : Surtout des textes que je n’ai pu sélectionner faute de place (ou parce qu’ils n’ont pas plu aux autres membres du comité). Mais les Hors-Série et Univers d’OutreMonde ne sont pas sources de regrets, surtout de beaucoup de joie et de fierté.

5 - Tu travailles avec un comité de lecture. Est-il arrivé qu'un de tes coups de cœur ne soit pas publié à cause d'un avis contraire du comité de lecture ?

CC : C’est arrivé, en effet.

6 - Y aura-t-il d'autres numéros spéciaux comme le spécial Parodies et Pastiches ou le spécial Trinité Noire ?

CC : Alors il y a eu deux Hors-Série numériques et une anthologie au format papier : Pouvoir et Puissance. C’est sûrement ma plus grande joie. Et j’ai toujours dans l’idée d’en diriger une nouvelle. Mais ce n’est pas d’actualité. Cela demande beaucoup de temps et d’énergie.

7 - Quels sont les projets que tu as pour l'avenir de la web-revue ?

CC : Alors Univers d’OutreMonde a changé avec le numéro 10, c’est maintenant un livre animé et plus simplement un pdf. Nous avons lancé un nouvel appel à textes : « mystérieuse forêt » pour le numéro 11, on espère le mettre en ligne en septembre. Sinon, comme toujours, de découvrir et de mettre en avant de nouveaux auteurs et illustrateurs.

Mots et légendes

Né en 2008 la weberevue Mots & Légendes a maintenant trois ans. J'avoue que je ne l'ai découverte que cette semaine au détour d'un surf sur le web (1). Faisons la chronique des quatre numéros parus :

Commençons par parler de son premier numéro. Quatre nouvelles assez longues au sommaire. La fantasy se taille la part du lion. "Entre deux mondes" de Siel nous conte le combat des humains contre les Merriens (des êtres aquatiques) et évoque le lien parfois proche qui peut unir l'amour à la guerre. " Le favori des dieux" de Kevin Kiffer nous narre la résistance des habitants de l'île de Mytilène face aux Romains sur fonds d'un autre conflit, surnaturel celui ci. Quant à " 47" de Alexandre Bocquier, il nous entraîne au Japon sur les pas de 47 ronins bien décidés à venger leur maître. La SF est également présente avec "l'espoir meurt les dernier" de Florent Lehnardt. Ce récit du futur proche met en scène la troisième guerre mondiale et présente une ultime bataille entre les forces européennes et les troupes russes. Ce volume dont le thème était combat sans espoir tient ses promesses. Chaque nouvelle respecte le thème, chacune à sa façon. Nous avons là de belles plumes en devenir. Mais j'y reviendrais plus loin.

Passons au numéro 2. Six nouvelles le composent cet opus placé sous le signe de la malédiction.
- La Complainte d'Emerata de David Chauvin : Des chevaliers traquent un gibier peu ordinaire. Ce qui nous amène à nous intéresser à la malédiction dont celui ci (dont je ne parlerais pas pour ne pas spoiler) est atteint.
- Les vertes prairies de Kevin Kiffer : Un récit maritime. Un duel entre un ancien corsaire devenu félon et un commandant chargé de le pourchasser qui de plus est un ancien ami du corsaire. L'enjeu, un coffre maudit et son mystérieux contenu. Et peut être que toute cette folie a pour origine l'amour d'une femme. Un récit magnifiquement bien écrit, un suspens bien mené. Et surtout un univers bien décrit.
- Coa et Couacs de Philippe Goaz : On nous conte ici, les déboires d'un mage spécialisé dans les malédictions. Ce texte humoristique au contenu truculent, rappelle le Jack Vance de Cugel.
- Trésors vénéneux de Marjorie Wathier Toinon : La dernière héritière d'une famille d'orfèvres tente de briser la malédiction dont est victime sa famille. Une nouvelle qui évoque les textes de Tanith Lee.
- Dans les tènèbres de Grégory Covin : Seule incursion dans le monde du fantastique horrifique de ce numéro, la nouvelle reprend une vieille légende de la ville de Rouen auquel elle donne une vérité bien réelle et inquiétante.
- L'horloge indique minuit de Florent Lenhart : Le journal intime d'un homme qui attend l'apocalypse nucléaire.

Le numéro 3 est un spécial fantasy.
- Nicolas Chaperon : le Jardinier de Zev : Qui est donc cet étrange jardinier auquel le roi a fait appel pour terminer la création de son jardin. Et surtout a - t - il les mystérieux pouvoir qu'on lui prête. Un texte qui tient autant de la fable que de la nouvelle et qui laisse un peu sur sa fin.
- Meurtre à Provins de Anthony Boulanger : Dans ce texte, qui mêle fantasy et uchronie, l'auteur met en scène un enquêteur qui n'est pas sans rappeler un certain Sherlolck Holmes. Dans cet univers où on pratique une étrange magie du sang, la ville de Provins est endeuillé par la mort criminel d'un chef de clan. Et l'enquêteur, fidèle à son modèle de fiction, nous émerveillera avec ses talents de
déduction. Anthony Boulanger est une étoile montante des littératures de l'imaginaire. Ce texte est magnifiquement bien écrit. Cet auteur sera assurément une des valeurs sûres de demain.
- Ballade sur un air de lutte de David Osmay : Un troubadour et une femme chevalier essaye chacun de convaincre un dragon de les suivre, la première pour faire la guerre, le deuxième pour en faire une bête savante. On rit beaucoup dans ce texte.
- La dernière chance de Don Lorenjy : ici nous plongeons au coeur du fracas de la bataille. La guerre, un vieux maréchal connu pour être un des meilleurs stratège de son temps va encore une fois ses troupes au combat. Mais ce pourrait être la dernière. A moins d'un miracle.... Don Lorenjy dénonce ici l'absurdité de la guerre et montre que ce ne sont pas toujours les militaires qui détiennent toutes les clés. Saluons tout de même la présence d'un auteur professionnel comme Don Lorenjy qui fait ici figure de guest star. Cela prouve le bon esprit du bonhomme.
-Rupture de David Osmay : C'est encore de guerre qu'il est question ici. Mais il s'agit d'une guerre de libération. L'auteur se demande jusqu'où il faut aller pour défendre une cause juste.

Le numéro 4 veut lui se consacrer au surhumain :
- L'ombre de Babel de Hans Delrue : l'histoire d'un homme qui possède un don extraordinaire pour les langues. Un nouvelle a la chute assez cruelle.
- Vivre de ses don de Cléia Deiana nous présente des individus peu ordinaires de dotés de pouvoir peu ordinaires. Et quand deux d'entre eux ont des dons qui s'annulent que se passent ils. Ah, oui, la nouvelle se passe dans le milieu du crime organisé ce qui lui donne une saveur particulière.
- Le protecteur de Jean Barret : Le blues d'un superhéros retraité qui a sauvé le monde, combattu la criminalité et qui comprend que ses pouvoirs ne servent à rien. Une réflexion amère et désabusée sur la toute puissance.
- La confiance d'Alice Mazuay nous entraîne sur un monde où des adolescents sont choisis pour devenir les hôtes d'un symbiote qui leur donne des capacités spéciales. Mais à grands pouvoirs, grandes responsabilités.
- L'empreinte du Mal de Grégory Covin confronte un jeune homme de notre époque à une horreur cosmique et le pousse à faire un choix qui pourrait bien transcender son humanité.

Mots & Légendes s'affirme comme le grand rival d'Outremonde. Les deux webrevues ont en effet le même goût pour des textes littéraires appartenant aux littératures de l'imaginaire, et des textes de bons niveau littéraire. On trouve plusieurs plumes commune au deux webzines d'ailleurs. Mots & Légendes a tout pour être une une grande revue au même titre que son aînée. Elle publie en outre de sérieux clients ( notamment Kevin Kiffer et Anthony Boulanger).

(1) Merci Kevin

jeudi 31 mars 2011

Outremonde N° 10

Déjà dix numéros que la web revue Outremonde nous régale de ses textes. Ce numéro est consacré au théme de la rencontre. Si les textes de Romuald Herbeleau (du fantastique postmoderne) ou celui de Michael Moslonska que je confesse n'avoir pas lu jusqu'à la fin ( une fable antiraciste qui défonce quelque belle porte ouverte), m'ont laissé froid, les trois autres nouvelles, elles présentent de belles qualités.
Le dernier songe de Vaux de Didier Reboussin mets en scène La Pérouse qui est transporté à la fin des temps et chargé d'une mission. Un texte mélant histoire et SF eschatologique certes pas très réjouissant mais bien mené.
Am Stram Gram de Fred Czinziller : Une nouvelle qui nous révèle le fabuleux pouvoir des jouets et de l'enfance. Avec une chute assez bien trouvé.
Enfin vient, la Mostruosité de Hollister de Jean Paul Raymond, un pastiche Howardien qui arrive à la hauteur des récite du maître de Cross Plains. Solomon Kaine se retrouve dans un village hanté par une bête mystérieuse. Là, encore nous aurons une chute inattendue qui donne de la force au texte.

Un numéro dans la moyenne de la webrevue. Certes loins d'être le meilleurs mais loin aussi d'être le plus mauvais. Petit bémol, sur un thème comme la rencontre, l'absence de texte de SF, littérature de l'altérité s'il en est sonne un peu comme une absence criante.