vendredi 27 janvier 2012

Le marché de l'imaginaire

Le public des littératures de l'imaginaire n'est pas homogène et se compose de plusieurs strates :
- Le coeur de cible : le fandom (autour de 1000 personnes). Les gens actif du milieu, ceux qui organisent des convention, qui se bouge pour faire vivre le genre à leur manière, les auteurs, les fanéditeur.... Bref des lecteurs actifs
- Ensuite un vivier de lecteurs connaisseurs qui sont en retrait par rapport au fandom.
- Les lecteurs réguliers. Leur nombre a augmenté grâce à l'action d'éditeurs comme Bragelonne.
- Les lecteurs occasionnels qui n'achètent au maximum que deux ou trois titres par an. Bien souvent des best sellers du genre comme Terry Goodkind ou GRR Martin.
- En marge les publics captifs qui lisent le plus souvent des romans dérivés d'oeuvres médiatiques : Star Wars, Waarhammer, Warhammer 40000, Royaumes Oubliés ou des oeuvres issues de certains jeux vidéos. Dans un autre ordre d'idée il semble qu'une partie du public de la bit lit soit aussi un public captif qui se détache progressivement du lectorat générale de la fantasy. Phénomène assez accentué en France.

On peut sans doute évaluer le lectorat le plus fidèle ( en gros les trois première catégorie) à entre 5000 et 10000 lecteurs. Il est clair qu'un développement du fandom est indispensable à une croissance du lectorat et que la stratégie de légitimation de certains éditeurs est vouée à l'échec. Se rapprocher d'autres fandoms ( celui des mangas ou des jeux vidéos par exemple) semble un moyen d'arriver. Certain petits éditeurs participent d'ailleurs aux rares conventions geeks organisée dans l'hexagone. C'est déjà un début. S'adresser aux publics captifs et les faire sortir de leur bulle pour les mener vers d'autres oeuvres est un autre moyen. Le premier effet sera de booster le lectorat régulier et c'est dans ce vivier du lectorat régulier que se détacheront les futurs figures de proue du fandom.

mercredi 11 janvier 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Didier Reboussin

Place à Didier Reboussin, vivant exemple de la diversité de cette génération montante de nouvellistes talentueux que nous avons en France. Si jusque là j'ai plutôt interrogé des auteurs vraiment jeune, cette fois ci nous avons un fringant quinquagénaire toujours jeune. Je crois bien que c'est la première interview d'un auteur plus âgé que moi. (:-)

1 Peux tu te présenter ? Comment es - tu venu à l'écriture ?
Je suis venu tout gamin à la SF au milieu des années 60, plus exactement en 1967 en tombant sur des ouvrages de la défunte collection « Anticipation ». Mon premier titre c’était « L’étrange planète Orga » de B.R. Bruss et cela a été un gros coup de coeur. Donc je suis devenu – et resté - « fleuve noiresque » jusqu’au bout des ongles. Je me suis contenté uniquement d’en lire pendant quelques années, puis j’ai découvert les revues Fiction et Galaxie. « La Mandragore » y faisait de la pub et c’est comme ça que j’ai su qu’il y avait des librairies spécialisées dans la SF à Paris. Elle était située dans le quartier latin, et de fil en aiguille j’ai su que la SF ne se limitait pas au Fleuve Noir. J’ai claqué mon argent de poche dans l’achat de vieux Fleuve bien sûr, mais aussi de Rayon Fantastique, CLA et même de pulps américains. C’est grâce à « La Mandragore » que j’ai lu Wul, Brackett, Carsac , Henneberg , Vance – Le Temple du Passé, l’Orphelin de Perdide, La Vermine du Lion, La Rosée du Soleil, La Porte vers l’Infini, Tschaï, rien que des vrais moments d’extases, des temps forts dans ma vie. Tu te rends compte qu’un Wul était déjà vendu 15 F de l’époque, une fortune, 3 semaines d’économies pour moi !
Puis un jour j’ai répondu à une petite annonce dans Fiction, passée par un groupe d’amateurs qui voulait créer un fanzine, et cela a été l’aventure Nadir, qui ne dura que deux numéros. Donc je suis venu à l’écriture via le fanzinat. C’était en 1973. A ce moment-là, la bataille « new wave » battait son plein dans le petit monde de la SF française, et pour complaire à mes potes qui étaient plutôt de cette tendance, j’écrivis un texte qui, pensais-je alors, en relèverait. Je crois que ce fut ma première plongée dans l’écriture. J P Andrevon avec qui je correspondais – et ses lettres portaient des slogans anti-nucléaires sur Mururoa, c’était au temps de Fournier – qui m’avait donné un texte pour ce fanzine m’avait encouragé, à sa lecture, à écrire. Mme Lunathyque a d’ailleurs repris ce premier texte dans sa web-anthologie sur les contes de Noël l’année dernière. Jean Pierre, j’en profite pour le dire, est un type super qui n’a jamais renâclé à aider un fanzine. C’est un écrivain de talent et j’ai une vraie admiration pour lui.
J’en viens à parler de lui car au-delà de l’écriture, ce fanzine m’a permis d’entrer de plein pied dans le monde de la SF, de rencontrer des auteurs à fin d’interviews. C’est ainsi que j’ai connu Pierre Barbet – un type d’une gentillesse infinie – Jacqueline Osterrach ou Maurice Limat. Et de fil en aiguille, j’ai participé aux conventions d’alors et grenouillé dans le monde du fandom, y compris belge, avec Claude Dumont. D’ailleurs les belges organisaient une super convention, Sfancon, qui se tenait à Gand et au cours de laquelle on pouvait lier connaissance avec des gens comme Christine Renard et Claude Cheinisse, Kenneth Bulmer, Brian Aldiss... C’est aussi au cours de ces conventions que j’ai rencontré Richard Nolane et Charles Moreau, des vieux de la vieille, des types vraiment supers. Voilà, c’est ainsi que la pompe s’est amorcée. Bon, je crois bien que j’ai répondu aux deux premières questions d’un coup.

2 - Ta nouvelle "l'arbre aux lunes" a un univers véritablement immense. As - tu prévu d'y situer un de tes prochains textes ?
L’arbre aux Lunes ? C’est un texte qui, à l’origine, devait paraître dans Horizons du Fantastique. Sa genèse remonte à presque quarante ans, mais je l’ai évidemment largement remanié depuis. Je crois que c’est sous l’influence du « Monde Vert » de Brian Aldiss que m’est venue l’idée de ce système planétaire parasité par un arbre géant. Situer d’autres histoires dans cet univers ? Je pense qu’il y a matière en effet à donner vie à toute une zoologie, je vais y réfléchir.

3- Tu ne caches pas ton admiration pour Nathalie Henneberg. En quoi as - t - elle influencé ton écriture ?
Mon admiration pour Nathalie Henneberg et ce qu’elle m’a apporté ? J’aurai tendance à la paraphraser et à répondre : tout. Elle m’a inculqué des règles de base, telles que la nécessité de savoir de quoi on parle, de construire une histoire qui ait du sens, un début, un développement et une fin et par-dessus tout, de respecter le lecteur. Lorsque l’on écrit et que l’on souhaite que ses divagations sortent du cercle privé, il est fondamental de prendre en compte le lecteur. Bien sûr, ensuite c’est affaire de goût, celui-ci aime ou non vos histoires, mais écrire des pathos incompréhensibles, c’est vraiment se foutre de sa gueule. Sur le plan littéraire Nathalie Henneberg a été la rencontre de ma vie. C’était littéralement un personnage de roman, dans le sens où elle a eu une existence incroyable, qu’elle a fini ses jours presque dans la misère, qu’elle a donné de purs joyaux à la SF et au fantastique. L’évocation de Nathalie Henneberg me renvoie à mes vingt ans, c’est dire ce que cela représente pour moi.

4- Quels sont tes principaux projets littéraires ?
Mes projets ? J’ai terminé avec Cyril Carau le roman inachevé de Nathalie Henneberg, « Hécate » qui va paraître chez Sombres Rets. Je dois dire que terminer le récit de quelqu’un d’autre est un exercice très difficile. Le lecteur justement appréciera ou non la conclusion que nous avons apporté Cyril et moi. Sinon, je veux « relooker » un autre roman inédit de Nathalie Henneberg, « Demain le ciel ». Ce sera le chantier de l’année 2012. A part cela J’ai quelques nouvelles à venir, d’autres en lecture. Je me consacre surtout à la critique ou à des articles pour le site Outremonde ou pour les revues Le Météore et Quinzinzinzili. Et puis j’ai pris du service chez Rivière Blanche comme correcteur. Voilà, je m’occupe en prévision de la retraite. En fait je suis un vieil espoir de l’imaginaire…

Les espoirs de l'imaginaire : Aurélie Wellenstein

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?

J’ai 31 ans. Je vis avec une loutre, un berger allemand, mon cheval intérieur et de nombreuses autres personnalités.


2 Comment es tu venue à l'écriture ?

J’ai toujours aimé raconter des histoires, mais pendant longtemps j’ai hésité entre la BD et l’écriture. Les romans de Stephen King ont été une découverte déterminante pour moi. Déjà parce que son imagination est extraordinaire et qu’il est fin psychologue, mais aussi parce que son style est hyper-visuel. Vers 17 ans, j’ai alors décidé d’arrêter le dessin. J’ai écrit des pavés énormes, de plusieurs millions de signes, que je relisais à peine. La notion de deuxième jet m’était complètement étrangère à l’époque ! C’était une forme d’écriture cathartique, très violente. Sûrement ma crise d’adolescence, même si ça a duré des années ! Ce n’est qu’assez récemment que j’ai pu m’adoucir et proposer mes premiers textes – moins « à vif – à la publication. Ce qu’il m’est resté de toute cette période néanmoins, c’est le goût du pictural : j’essaie d’être le plus visuel possible dans ma narration.


3 Tu semble très à l'aise avec le thème de la réalité truquée. Philip K Dick est il une source d'inspiration importante pour toi ?

Les thèmes du rêve, de la fantasmagorie, et du « trip » m’attirent en effet. J’aime tout ce qui est halluciné et tordu. Mes nouvelles tendent instinctivement vers l’illusion ou les histoires de monstres, mais je m’efforce de m’assagir et de proposer des textes un peu moins perchés. En termes de lecture, de Dick, je n’ai lu que le Dieu venu du centaure. Finalement, je connais assez peu la SF ; je suis restée très « fantasy », à condition qu’elle sorte des clichés ! Avec des coups de cœur pour China Miéville ou Jérôme Noirez. Serge Brussolo a beaucoup compté pour moi aussi, ainsi que Stephen King.


4 Quels sont tes principaux projets littéraires ?

En 2012, je devrais publier plusieurs nouvelles en anthologie et en fanzines. Côté format « long », Equinox, mon roman de fantasy équestre, est en recherche d’éditeurs. Pour cette année, j’envisage de continuer à écrire des romans pour la jeunesse, toujours sur les chevaux, et de répondre aux appels à textes qui feront « tilt ».

dimanche 8 janvier 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Julien Heylbroeck

1 - Peux tu présenter en quelques mots ?

Julien Heylbroeck, 31 ans, auteur débutant, qui aime écrire des
histoires dynamiques à base enrichie en fantastique.


2 - Tu as commencé par être auteur de jeux de rôles. Pourquoi passer
du jdr à l'écriture ?


Pour plusieurs raisons. En fait, j'ai un peu l'impression d'avoir fait
le tour de l'écriture de jeu de rôle. Attention, hein, je ne dis pas
que j'ai tout écrit, tout testé et que je suis blasé. Le JDR est un
domaine extrêmement riche et il serait prétentieux et totalement vain
de prétendre en avoir épuisé les filons.
Mais j'avais envie de partir à l'aventure en racontant des histoires
autrement. Non plus en les proposant à d'autres mais en m'en
saisissant pour jouer moi-même avec mes propres jouets. C'est un peu
par égoïsme en fait. J'ai fini par me dire: "mais ce scénario là,
j'aimerais bien le raconter moi, décider de qui fait quoi, de comment
ça se passe".


3- Tu as participé à la série d'anthologies "les compagnons de
l'ombre" avec une nouvelle dans l'univers du Nyctalope. Comptes tu
rééditer l'opération. autour de quels personnages populaires souhaites
tu travailler ?


Tout à fait. Je compte proposer à nouveau des textes pour cette série
d'anthologies. J'ai quelques personnages en vue comme Spiridon l'homme
fourmi, découvert lors de mes recherches pour l'Encyclopédie de la
Brigade Chimérique. Félifax, l'homme-tigre me tente aussi. Bref, il y
en a plein. Je n'ai pour l'instant pas trop réfléchi au pitch mais ce
qui est sûr, c'est qu'il y a de quoi faire !


4- D'où te vient ce don assez rare d'arriver à transformer des idées
assez délirantes en textes de fiction qui tiennent la route ?


Merci du compliment, avant toute chose.
En fait, ma recette est simple: le premier degré. Même un monde un peu
délirant avec des personnages improbables pourra éventuellement tenir
la route si l'auteur y croit dur comme fer. On perd des gens qui
n'arrivent pas à y croire mais on en conserve un bon paquet qui
décident de t'accorder le bénéfice du doute et là, potentiellement,
ils peuvent accrocher.
Pour l'univers de Green Tiburon, je me suis inspiré des films de
luchasploitation qui prennent leur sujet à bras-le-corps, sans s'en
distancer. Au pire, si vraiment l'univers ne permet pas de l'aborder
au premier degré, je tente l'approche à peine plus distante du 1,5
degré. C'est à dire rendre le lecteur complice tout en restant
extrêmement sérieux. Attention, le sérieux n'empêche pas de s'amuser !
Par sérieux, je veux dire : aborder son univers sans s'en moquer. Ce
qui n'exclut pas l'humour. Mais ce dernier nait des situations et non
des paradigmes de l'univers travaillé.


5 - Tu es l'auteur de Warsaw un jeu de rôle se déroulant dans un
univers uchronique où la première guerre mondiale n'a jamais cessé.
Est ce qu'écrire de la science fiction militaire t'attire ?

De la science-fiction militaire, pourquoi pas. J'ai beau ne pas
connaître grand chose aux différentes armées existantes ou
historiques, le principe de s'immerger dans un conflit et de faire
vivre et mourir les protagonistes est plutôt intéressant. Mais plus
que la science fiction militaire, c'est surtout la science fiction et
le fantastique dans des univers totalitaires qui m'attirent. Sans bien
sûr cautionner ces régimes (je précise, on ne sait jamais), ils sont
des cadres fascinants pour faire évoluer des récits et des
personnages.


6 - Quels sont tes principaux projets littéraires ?

L'année 2012 va être, je l'espère et je vais tout faire pour, très
riche pour moi: j'ai deux nouveaux fascicules qui vont sortir chez Le
Carnoplaste, sans compter le troisième volet de Green Tiburon, qui
sera lancé si les ventes du second suivent le premier volume. Mais
surtout, j'ai commencé l'écriture d'un premier roman. Intimidant mais
passionnant. L'intrigue se déroule durant les Grandes Purges en URSS,
durant la fin des années 30. J'ai aussi un projet de polar norvégien
et un roman dans l'univers du Desert Rock californien en cours
d'écriture aussi. Bref, je n'aurais assurément pas le temps de
m'ennuyer.

lundi 2 janvier 2012

Les espoirs de l'imaginaire : Blanche Saint Roch

C'est autour de Blanche Saint Roch de se prêter à l'exercice à l'occasion de la sortie de trois nouvelles publiées dans un hors série du webzine Mots et Légendes.

1- Peux tu te présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Blanche et j'atteindrai le quart de siècle dans quelques mois. Je fais des études d'ingénieur en chimie, un peu de sport (mais pas trop) et la cuisine, avec une spécialisation en accommodation de restes et en sauces à base de crème.
J'aime les ratons-laveurs, le chocolat, le chant, les sorciers, les dragons, le fantastique de façon générale, mes parents et mes frères (mais pas dans cet ordre).


2- Comment es tu arrivée à l'écriture ?

J'ai lu un peu (beaucoup) de tout quand j'étais petite, du classique : des Trois Mousquetaires à Dune en passant par le Seigneur des Anneaux, au moins classique, avec toute la série du Club des Cinq, de Fantômette... Sans oublier Harry Potter bien sûr, dont j'avais l'âge au début de la saga !
Je me projetais toujours dans les histoires en imaginant ce que j'aurais fait à la place du héros, combien j'aurais été merveilleuse, intelligente, belle, amusante, héroïque, tout ça...
Et finalement, un jour, dans le métro qui m'emmenait au collège, j'ai pris mon crayon à papier et j'ai commencé à aligner des phrases dans un grand cahier, où mes propres héros se sont mis à vivre des aventures hors du commun. Depuis, j'adore voir mes personnages prendre vie sous mes doigts quand j'écris (et pas forcément comme je l'avais imaginé, certains semblent doués d'une vie propre...). Je trouve ça magique !


3- Pourquoi tes héroïnes s'appellent elles toutes Isadora ?

En réalité, seules les héroïnes de nouvelles destinées aux appels à texte s'appellent Isadora. A l'origine, c'était une petite contrainte en plus, un petit challenge personnel dans l'exercice de la nouvelle, en même temps qu'un hommage à une très grande danseuse, Isadora Duncan. Maintenant, je dois bien avouer que je me suis attachée à ma petite métamorphe et elle est devenue, en quelque sorte, ma signature et ma griffe dans les nouvelles.


4 - Peux tu nous parler de tes principaux projets littéraires ?

A demi-mots alors. J'ai écrit quelques romans fantastiques, une trilogie mi fantasy mi fantastique, et actuellement, j'écris le tome 3 d'une nouvelle saga (mais celle-là, je ne sais pas où elle s'arrêtera) dont j'évite de parler trop largement, sûrement par superstition (en espérant leur édition un jour).
Et bien entendu, je reprends ma plume pour les nouvelles dès qu'une nouvelle Isadora m'adresse un clin d'oeil du fin fond de mon imagination !