dimanche 17 novembre 2013

Masse critique

Comme je l'ai dit précédemment l'imaginaire n'est pas à la mode. Nos genres de prédilection souffrent d'un manque de reconnaissance et surtout d'un manque de visibilité. Aujourd'hui des éditeurs comme Mnémos, L'Atalante et Bragelonne ont décidé d'augmenter la proportion d'auteurs français dans leur programme de publications annuel. Même si certains considèrent aujourd'hui que cette augmentation du nombre d'auteurs français est due au moindre coût d'investissement que représente un titre français je pense que même si ces arguments économiques ont certainement pesés ils ne constituent pas la seul explication à ce revirement des stratégies. En effet lors de la précédente période de déclin du genre dans les années 80 on a justement diminué la part des auteurs français créant ainsi la fameuse génération sacrifiée.
Non il existe une autre explication. Pour exister il faut être visible et pour être visible il faut être présent sur les salons du livre et pas uniquement dans les festivals spécialisés. Et pour avoir une présence du genre dans les salons, il faut avoir le plus possible d'auteurs français. Il faut constituer une masse critique d'auteur qui permettra une visibilité du genre dans de nombreux salons de province. Si aujourd'hui le polar est bien intégré dans ces manifestations c'est parce qu'il y a suffisamment d'auteurs français publiés. Plus on augmentera la proportion d'auteurs français plus on va contribuer à rendre le genre visible. Et quand on aura la masse critique d'auteurs, les choses tourneront beaucoup mieux.

mardi 12 novembre 2013

Problem solver

Le problem solver est un archétype un peu méconnu de la science fiction. Il s'agit d'un individu dont la fonction est justement de résoudre des problèmes qu'ils soient écologiques, scientifiques ou autres. Il est au service de ceux qui font appel à lui.
Les problem solvers sont assez rares en SF française. On citera le docteur Allan de Jan de Fast dont les aventures ont fait le bonheur du Fleuve Noir Anticipation et en bande dessinée on n'oubliera pas l'incontournable Valerian. Il y en a sans doute d'autres mais ils sont sûrement moins connu. Les problem solvers ne sont pas forcément des scientifiques. Les plus connus sont Magnus Ridolph le personnage de Jack Vance qui résout les problèmes grâce à son astuces et souvent par des moyens dont la légalité est discutable. Nous avons aussi Haviland Tuf l'ingénieur écologue qui vient à bout de troubles écologiques grâce à la lutte biologique. Mais le plus célèbre d'entre eux est un héros de série TV : le Docteur.
La série Doctor Who a en effet popularisé cet archétype notamment depuis sa relance en 2005. Les problem solvers vont ils devenir un thème extrêmement populaire ? Il est trop tôt pour le dire et rien ne va dans ce sens. Mais souvenons nous qu'une autre série culte a pesé en son temps sur la culture de l'imaginaire : Buffy et que la bit lit n'existerait sans doute pas si la série n'avait jamais vu le jour. Donc nous pouvons nous demander si Doctor Who va influencer les cultures de l'imaginaire de manière aussi importante. Il est clair que la série a un impact fort dans la blogosphère anglosaxonne où elles est abondamment débattues. Donc il en sortira forcément quelque chose. Reste à savoir quoi ?

vendredi 8 novembre 2013

L'imaginaire n'est pas à la mode

Sous le détournement d'un titre d'article dû à Ugo Bellagamba, je vais évoquer une réalité : l'imaginaire est le mal aimé de la culture française. Alors que le secteur de l'édition a su tirer les marrons du feu malgré la crise, les littératures de l'imaginaire se vendent mal. Et cela renvoie à un phénomène culturelle assez ancien.
Au 19éme siècle les impressionnistes avaient fait scandale dans les salons artistiques. On leur reprochait de ne pas copier la nature mais de la réinterpréter. Ce qui nous renvoie à la situation des littératures de l'imaginaire. Elle ne raconte pas le réel, elle le transfigure en créant des réalités parallèles. Le lecteur français comme l'amateur d'art du 19éme siècle a choisi le camp de la vérité, de la simple copie du réel plutôt que celle de la véridiction.
L'imaginaire devient dans la bouche de certains bien pensants, la culture dégénérée. Ces propos tenus par une bibliothècaire au début des années 2000 renvoie à une réalité encore plus déplaisante. L'art dégénéré était pour les Nazis, toutes les écoles artistiques d'avant garde qui s'opposaient à l'académisme le plus conservateur. Il est quand même surprenant que dans la bouche des bobos d'entendre cette rhétorique. La culture est elle un champ de bataille ? Une guerre entre les idées? Depuis la querelle des anciens et des modernes, nous savons bien que les différents s'opposent de manière parfois violente. Mais cette violence cache autre chose, le rejet d'une culture d'inspiration américaine. Les biens pensants défendent une pureté de la culture française. De là à dire que certains seraient partisans d'un épuration culturelle il y a un pas que je ne franchirais pas.
Enfin il y a des silences qui en disent long. La semaine dernière les Utopiales avaient lieu à Nantes. Est ce que le supplément Livres du Monde a sorti un numéro spécial sur la science fiction ? Non. Un ministre de la culture s'est il déjà rendu aux Utopiales ? Encore une fois non.