vendredi 26 septembre 2014

Tuer le père

La fantasy change. Aujourd'hui le genre veut devenir adulte et pour cela les auteurs ont décidés de tuer le père. Comme dans une famille l'enfant doit s'émanciper par ses goûts de la personnalité de ses parents, il est temps pour le genre d'exister en dehors de ses pères fondateurs. Aujourd'hui les auteurs de fantasy ont décidé de rompre avec l'influence de Tolkien. Tolkien a apporté un décorum et un schéma. Et depuis 2008 le genre part dans d'autres directions : que ce soit le grimm and gritty, le choix de se baser sur des civilisations ou des époques différentes ou encore la création de mondes secondaires plus exotiques ou plus baroques. On se rend compte que la fantasy est à un tournant de son histoire. Cela implique certes d'aller de l'avant mais aussi paradoxalement de se tourner vers le passé. Certains ont décidé de reprendre l'évolution là où elle s'était arrêté lorsque le Seigneur des Anneaux est apparu. Et de fait la sword and sorcery, genre méprisé s'il en est il y a encore dix ans fait son retours.
Même dans la fantasy la plus old school il y a des traitements nouveaux. Et ce n'est pas uniquement la littérature qui est concerné. Il suffit d'aller sur les blogs de certains rôlistes américains et l'on se rend compte que leurs campagnes n'ont plus rien à voir avec le décorum traditionnel de D&D. Aujourd'hui , ce qui est important c'est d'avoir un imaginaire personnel. On joue avec ses influences, on essaie pas d'introduire des éléments Tolkien like juste parce que c'est dans les gènes du genre.
Le lectorat américain suit. Le lectorat français ne semble par contre par encore tout à fait prêt à cette évolution. C'est ce qui explique l'arrêt des séries dont les décorums sont les plus originaux chez Bragelonne ( comme le codex Alera par exemple). Le lecteur français est encore attaché à certains éléments de décorum. Peut être qu'il faut élargir le lectorat à des gens prêt à découvrir d'autres mondes.

mardi 23 septembre 2014

Trash littérature

La trash littérature c'est la forme qu'a prise une partie de la littérature populaire dans les années 60 aux USA et qui est arrivé en Europe du sud dans la décennie suivante et en particulier en France. Littérature appelée aussi, For men fiction, elle était centrée sur le sexe et la violence. Chez nous Gérard de Villiers et ses séides s'y sont particulièrement illustrée. Et à cette époque c'était une littérature pour hommes.
Le retour du pulp dans les années 90 aux USA qui s'est largement infusé dans le thriller (mais la tendance avait commencé dès la fin des 70's et le début des 80's) a permis l'émergence d'une littérature new pulp et l'éditeur traditionnel de la trash lit, Gold Eagle, a largement pulpisé sa production ( avec notamment une série sur une archéologue aventurière écrit sous le house name de Alex Archer). Qu'est devenu la trash lit aujourd'hui. Et bien elle s'est féminisé curieusement. En bit lit  on trouve un certain nombre d'ouvrages mêlant scène sexuellement explicite et violence. Bref ce qui était jusque là l'apanage de la trash lit.
On peut se demander le pourquoi de cette évolution ? Un recul de la condition féminine avec une augmentation des postes précaires pour les femmes ( la trash lit a toujours été une littérature prolétarienne) ? Ca n'explique peut être pas tout. Après tout une partie du public de Gérard de Villiers était un public de cadres. En parallèle de la culture du divertissement, il y a toujours eu des gens qui préférait l'abrutissement. Chez les hommes il s'agissait de mettre en avant la virilité et c'était pour ce type de macho, que la for men fiction a été créé loin de codes du pulp et ses héros idéalisés. Les femmes souhaitent aussi mettre en avant leur part d'ombre et le mauvais coté de leur personnalité. Le fait que la société valorise de manière excessive le sexe et la violence n'est sans doute pas étrangère à la vague du porno paranormal. Mais curieusement on assiste à un recul de l'affirmation des bas instincts dans la littérature masculine ou en tout cas la littérature masculine elle, est en train de disparaître. En tout cas en tant que telle. La subculture de la virilité se trouve surtout dans les milieux de la culture urbaine et celle ci n'a pas encore accouché d'un genre littéraire. Cela explique aussi cela.

lundi 8 septembre 2014

Les littératures de l'imaginaire face à la culture populaire

Il y a quelques mois Stephen Davidson, rédacteur en chef de Amazing Stories, présentait les littératures de l'imaginaire comme le centre de gravité de la culture populaire. On peut considérer que cela est vrai dans une grande majorité des pays développés mais ce n'est pas le cas de la France. En France c'est encore le polar qui occupe cette place comme dans la majorité des pays occidentaux avant les années 70.
La France a connu un phénomène étrange dans les années 80. Le centre de gravité de cette culture populaire s'est déplacé du polar vers le roman de terroir. Curieusement si Denis Tillinac a à l'époque créé l'école de Brive, c'était pour contrer le roman noir et la SF jugés trop à gauche. Il fallait créer une littérature populaire pouvant défendre les idées conservatrices. Il faut dire aussi qu'une partie de la SF et du roman noir avait été instrumentalisé par l'extrême gauche. Mais ça ne représentait pas grand chose commercialement. Donc les années 80 ont vu ce même roman de terroir occuper un espace important de la littérature populaire alors que la SF tout comme le polar entrait en crise. Il a fallu attendre la deuxième moitié des années 90 pour que ces deux littératures reviennent sur le devant de la scène. Et c'est finalement le polar qui l'emportera.
En effet la littérature noire, possédant un fandom peu organisé et peu centralisé, grâce à un travail de conviction dans les manifestations culturelles les plus diverses a fini par l'emporter. La SF se reposant trop sur le travail du fandom qui fait le maximum qu'il peut faire mais ça ne suffit pas. Les fans devraient être un peu plus actif et essayer d'utiliser les manifestations culturelles locales comme tribune.