lundi 24 novembre 2014

La SF est elle un produit de luxe ?

L'anthologie numérique Rêver 2074 vient de sortir à l'initiative du Comité Colbert. Rassemblant quelques auteurs de SF autour de l'avenir des industries du luxe en 2074 justement, cette anthologie pose malheureusement problème. Je vais d'hors et déjà évacuer les arguments idéologiques. La SF n'est la propriété d'aucun parti ou faction. Elle a le droit de dire ce qu'elle veut. Ce n'est pas là que la problème réside. C'est plutôt l'image que le genre va refléter.
Le public populaire a déserté un genre devenu trop pessimiste à son goût. Là on se rapproche des élites. Ne risque - t - on pas de faire fuir encore plus ce public qui s'en est allé ? Ne risque - t - on pas de forger l'étiquette SF = littérature élitiste. Tout le contraire de ce qu'il faut faire.

Mais d'un autre coté je comprends les auteurs. Pour une fois des gens s'intéressent à la SF. J'aurais préféré que ce soit des startups ou l'agence spatiale européennes. Mais bon le Comité Colbert qui fait là une bonne opération, est un réseau taillé pour la société de l'information. Il permettent au milieu du luxe de redorer son blason après un certain nombre d'opération de mécénat calamiteuse autour de l'art contemporain, malheureusement en instrumentalisant un peu les auteurs de SF. C'est un peu dommage. Mais l'enthousiasme se comprend. Le fait qu'une version anglaise existe et que les auteurs vont être reçu à New York devant une partie du gratin de la SF américaine, ça ne peut pas se refuser quelque part. Et en plus une opération de pure communication fait plus pour la SF française que les gesticulations de certains éditeurs qui se disent pourtant actifs dans le domaine de la promotion de leurs auteurs.

samedi 22 novembre 2014

L'arbre et la forêt

Je regardais il n'y a pas si longtemps une vidéo où Didier Guiserix évoquait les début du jeu de rôles en France. Il expliquait que le fait que Donjons et Dragons avait eu des problèmes de distribution et d'édition avait profité à la création française.
On peut à mon avis avoir le même raisonnement en ce qui concerne la fantasy française. Dans les années 90 les tentatives pour publier Brooks et Goodkind sont des échecs. Cela a largement profité à la création française. C'est grâce à cela que nous avons eu Pierre Grimbert ou Alexandre Malagoli et même peut être Mathieu Gaborit, Nicolas Cluzeau, Nicolas Jarry et même le cycle de la Moïra d'Henri Loevenbruck. Du coté des traductions on a pu avoir David Gemmell ou  Louise Cooper. De son coté Rivage Fantasy prend des risques en faisant traduire les Feys de Kristine Katherine Rush.
A partir de 2003, Bragelonne traduit Brook et Goodkind donnant bien involontairement un coup d'arrêt à la création française. Les auteurs français ne pouvant pas rivaliser avec ces énormes vendeurs. Les éditeurs ne prennent plus de risques sur les nouveaux auteurs français sachant très bien qu'ils ne réussirons pas à égaler les ventes des anglo-saxons, même sur de la BCF. Et les traductions sont un peu moroses dans les premiers temps. Beaucoup d'auteurs ne parviendront pas à convaincre le public face aux blockbusters du genre. Si Brooks et Goodkind n'avaient pas été traduits à cette époque nous aurions eu plus d'auteurs français, "L'année de notre guerre" de Steph Swainson n'aurait pas trop mal marché et les suite auraient été traduites. Erickson aurait sans doute été traduit lui aussi et aurait marché correctement. Bref les choses auraient été différentes.

jeudi 20 novembre 2014

L'imaginaire et les gamers

Plusieurs initiatives tentent de mettre en dialogue le milieu des littératures de l'imaginaire et celui des gamers et méritent donc d'être saluées ici.
- Le webzine Glitch Out, dont nous avons parlé se veut un pont entre la culture des gamers et celle des littératures de l'imaginaire.
- Les éditions Elenya viennent de sortir une anthologie autour du jeu indépendant en ligne, Royaumes Renaissants.
- Enfin le fanzine Etherval aura un stand lors du Toulouse Games Show.
C'est un bon début, il faut continuer le combat.

Dans le monde anglo saxons les choses se font diffèrement. Les éditeurs sont en train de publier des romans qui peuvent séduire ce public. Le fait que depuis un an ou deux, l'on commence à sortir beaucoup de romans Arcanepunk va dans ce sens. Aux USA on a même des concepteurs de jeux vidéo qui passent au roman comme Alan Campbell par exemple. Ce n'est pas encore le cas en France.

mardi 18 novembre 2014

Les espoirs de l'imaginaire : Romuald Herbreteau

1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Romuald Herbreteau, 38 ans, et j'habite avec ma famille au bord de la Loire en campagne angevine. Je travaille dans le monde de l'informatique. Bref, je suis bien camouflé et mes voisins n'ont pas la moindre idée de mon autre vie (écrivain de SF passionné).

2 - Comment es tu venu à l’écriture ?
Très tôt, à l'âge de 7 ans, avec l'écriture d'un scénario catastrophe, recopié à la machine par mon père et relié à la laine épaisse par ma mère (véridique). Je me souviens parfaitement de l'histoire : des scientifiques à la recherche du pourquoi de cette incroyable invasion de dinosaures au beau milieu des années 80.
En 1983 (j'avais toujours 7 ans), j'ai tanné mes parents jusqu'à ce qu'ils m'emmènent au cinéma voir le Retour du Jedï. Je n'en suis jamais revenu. Au plus loin que me ramènent mes souvenirs, j'ai toujours été fasciné par l'espace, les vaisseaux spatiaux, les extra-terrestres.
J'ai passé mon adolescence à lire tout ce qui me tombait sous la main pourvu que ce soit de la SF et, comme beaucoup, j'ai eu ensuite envie d'écrire ce que je ne trouvais pas chez les auteurs (particulièrement américains) que je dévorais. À 18 ans, j’attaquais mon premier roman puis... plus rien jusqu'à l'âge de 30 ans. J'ai eu une sorte de deuxième naissance à l'écriture à ce moment, une première publi à 34 ans.
En fait, je suis un très jeune auteur !

3 - Dans une Saison Mauve, l’univers présenté dans la nouvelle est proche de ce que faisait Serge Brussolo. Est ce un auteur qui t’a influencé ?
C'est marrant, parce que c'est quelque chose que tu avais écris à l'époque à propos de cette nouvelle et je dois avouer que j'ai été d'accord avec cette comparaison bien que ce fût complètement inconscient au moment de sa rédaction.
J'ai eu une période très intense de lecteur dans les années 90 où je ne jurais que par Serge Brussolo et Pierre Pelot. Le premier pour ses images ultra-puissantes, le deuxième pour sa désespérance, les deux pour leur cruauté. À 16 ans, j'ai lu d'une traite Rinocérox. Ce roman me hante encore. Je pense à Mange-Mondel'homme aux yeux de napalmla petite fille et le dobermanCrache-Béton... Il faut lire la nouvelle Soleil de Soufre pour saisir la puissance de ses images. À couper le souffle ! J'associe aussi Brussolo aux couverture de Jean-Yves Kervevan et ses illustration très... organiques. J'ai eu le plaisir de le rencontrer récemment (il n'habite pas très loin de chez moi). Ses œuvres sont hypnotiques. Il crée des sculptures qu'il photographie par la suite. Elles collent tellement bien avec l'univers de Serge Brussolo !

4 - Tu as collaboré à un fascicule du Carnoplaste.
a- Qu’est ce qui t’intéressait en écrivant un fascicule de merveilleux scientifique à la manière du début du 20 éme siècle ?
Robert Darvel, l'éditeur du Le Carnoplaste (Le Carno pour les intimes), m'a proposé de participer à l'histoire du système solaire dans les années 20. Je connaissais un peu son travail d'éditeur de fascicules pour avoir lu Green Tiburon de Julien Heylbroeck sans être un initié de la littérature populaire. Par exemple, Harry Dickson n'évoquait rien pour moi et je ne voyais que très vaguement qui était Jean Ray. Je n'étais donc pas le cœur de cible.
N'empêche, je suis curieux par nature. Me proposer d'écrire une histoire surannée dans un style un peu ampoulé à contre-courant de ce que j'étais capable de rendre s'est révélé un défi succulent, d'autant plus qu'accompagné par Robert Darvel, un homme aussi passionné et connaisseur qu'exigeant.

b- Le fait de s’inspirer d’une illustration et d’un titre déjà existant est il une contrainte difficile ? Es tu prêt à recommencer l’exercice ?
Robert m'a demandé si j'étais intéressé d'écrire en m'inspirant d'une illustration de Philippe Caza. La bonne blague ! J'étais (et parfois je suis encore) de ces gens qui choisissent le livre en fonction de la couverture. J'ai lu des tonnes de romans uniquement parce qu'ils étaient illustrés par Caza et Manchu !
Quand j'ai reçu la couverture de Vénéneuse Vénus, tout de suite m'est venue en tête l'illustration du maître Caza pour le jeu vidéo d'aventure Kult de 1989 (et qui, cela dit, était un bon jeu). Le lien de parenté entre ces deux illustrations m'a frappé. Je me suis souvenu du jeune garçon que j'étais à l'époque : aurait-il imaginé que 25 ans plus tard il travaillerait sur le même projet qu'une de ses idoles ?
Aujourd'hui, on peut trouver deux exemplaire de Vénéneuse Vénus chez LE bouquiniste SF de New-York, Singularity & Co. C'est une vraie fierté.

c- Plus généralement écrire de la SF pulp est il quelque chose que tu voudrais développer dans l’avenir.
Si un projet de cet ordre m'est proposé, je signe des deux mains. J'adore le côté tout est possible, où aucune règle n'est à suivre sinon embarquer le lecteur avec toute la puissance et l'inventivité qu'une telle liberté permet. Mais je tends naturellement vers des récit plus mainstream, je n'oserais pas dire plus réalistes, et je crois avoir envie de dire des choses aussi sous cette forme.

5 - Quels sont tes autres projets littéraires ?
J'ai attaqué un roman SF dont le sujet tourne autour du temps sans pour autant revisiter tous les concepts qui y sont relatifs et déjà très bien traités par d'autres auteurs depuis la nuit des temps de la SF. Mon approche est plus intimiste. Il y aura des étoiles, des vaisseaux spatiaux et des extra-terrestres. On ne se refait pas.
Plus proche, deux nouvelles devraient être publiées en 2015 dont une qui est clairement un hommage à Pierre Bordage.

samedi 15 novembre 2014

Génération sacrifiée

Lorsque l'on parle de la génération sacrifiée on pense à cette génération d'auteurs confrontés à la raréfaction des supports de publication dans les années 80. Mais il me semble qu'il existe une autre génération sacrifiée celle des années 2000. En effet de nombreux auteurs talentueux présents au sommaire des fanzines, revues et anthologies ont brusquement disparu. Certains, pourtant évoquaient leurs projets de romans sur des listes de diffusion à l'époque. En effet se souvient - on encore de Patrick Duclos, Lionel Belmon, Cyril Gazengel, Philippe Heurtel, Bernard Majour, Martine Loncan, Léonore Lara, Ronan Quarrez.... Je suppose que j'aurais pu en citer beaucoup d'autres. D'autant que quelques romanciers sympathiques ont disparu également dans les limbes, je pense entre autre à Colin Marchika. Trop d'auteurs, pas assez de lecteurs, toujours la même chanson.
Curieusement par un hasard étrange des auteurs de la génération sacrifiée des 80 ont fait leur retours. Je pense entre autre à Sylvie Lainé mais également à Patrick Raveau, Adam Possamai, Raymond Milesi. On a vu aussi une publication posthume d'une oeuvre de Jacques Boireau. On peut être endroit d'espérer avoir un jour des romans de fantasy de Jean Luc Triolo ou d'Elisabeth Campos. Bref tout cela est très curieux. 

Il faudra bien un jour fidéliser un lectorat en se basant sur un effet de communauté au lieu de céder aux sirènes du marketing facile. Faire lire de l'imaginaire à  des lecteurs de blanche ou alors se tourner vers la ménagère de moins de cinquante ans pour être présent en supermarché sont autant de fausses solutions. On a besoin d'une masse critique d'auteurs français pour que l'imaginaire soit présent dans les salons du livre et notamment les salons du livre de province. Pour essaimer un peu partout. Et pour cet objectif il faut publier plus de français. Garder la traduction pour les oeuvres majeure et publier aussi bien des oeuvres exigeantes que des oeuvres populaires pour les auteurs français. 

samedi 8 novembre 2014

La fantasy est elle rentable?

Cet article répond à un autre que l'on trouve sur le site de l'association Apocryphos. La thèse qu'il y ai développé est que les éditeurs ont privilégié la fantasy parce que celle ci est plus rentable que la SF.
Je ne suis pas tout à à fait d'accord avec cette thèse. Je pense au contraire que si la fantasy est plus développée que la SF c'est qu'elle a su garder un versant populaire intéressant tandis que la SF s'est progressivement coupée du public populaire ou en tout cas a sérieusement restreint son offre populaire.
Remontons dans les années 80 aux USA. Les éditeurs de livres de poche connaissent un crise importante liée aux changements d'habitudes de consommation des lecteurs américains. Les chaînes poussent à toujours plus de rentabilité et la victime ce sera le livre de poche. Les éditeurs de poche migrent vers le grand format. A l'époque ce sera fatal à une partie de la fantasy populaire américaine. La sword and sorcery alors dominante en nombre de titre disparaît progressivement des programmes de chez DAW ou Del Rey. Mais à coté de ça se développe une littérature dérivée de Donjons et Dragons qui prend le relai. La licence se développe étouffant tout velléité de reprise de la sword and sorcery originale par les grands éditeurs US. La sword and sorcery en fait va se développer en Grande  Bretagne grâce à David Gemmell. La fantasy continue a exister mais l'on va privilégier les grandes sagas qui reprennent le schéma de Tolkien. Ce qui va appauvrir énormément le genre. Il faudra attendre le milieu des années 90 et l'affaiblissement de la licence Donjons et Dragons pour que la fantasy se remette à se diversifier.
La SF a connu la même évolution au début des années 2000. Les licences Star Wars et Star Trek vont peut à peu envahir l'espace dévolu au space opera populaire rejointes bientôt par Warhammer 40K, Halo, Mass Effect, Starcraft et d'autres ouvrage issus de jeux vidéo. Cet invasion de l'espace de la SF populaire par des licences pour certaines prolifiques a progressivement appauvri l'offre populaire. Or SF populaire et SF exigeante sont les deux faces d'une même pièce. Donc en ayant une masse critique de récits populaires trop faible et trop peu diversifiée le genre ne pouvait que péricliter. A coté de cela la place des licences a diminué dans la fantasy. On y trouve plus guère que Donjons et Dragons avec une offre diminuée par rapport aux années 90 (seul les Royaumes Oubliés continue à exister) et Warhammer Battle. La licence Warcraft a aussi eu une existence éphémère dans les années 2000. Mais dans l'ensemble, moins de licences veut dire plus de place pour des récits populaires originaux. Depuis le milieu des années 2000 la sword and sorcery a même pointé le bout de son nez avec des auteurs comme James Enge, Michael Ehart ou Howard Andrew Jones. Donc la meilleure santé de la fantasy dans les 2000 vient uniquement de l'affaiblissement des licences tandis qu'en SF elles occupaient une place plus importante. Donc si la SF s'est affaiblie c'est parce qu'elle a voulu privilégier  la carte de la rentabilité immédiate et que ce faisant elle s'est tirée une balle dans le pied.

mercredi 5 novembre 2014

Sous la ligne de flottaison

Il est clair que le milieu de l'imaginaire en France n'est pas du tout serein. Les querelles de chapelles y sont aussi nombreuses qu'ésotériques et cela nuit au développement des genres de l'imaginaire dans notre beau pays. D'autant plus que les choses sont plus compliquées qu'une querelle d'anciens et de modernes. Il y a ceux qui défendent une science fiction pure contre la pollution de la fantasy et du fantastique. Ceux qui considèrent que la SF doit être une littérature d'idées et ne pas être une littérature de divertissement et pour qui il n'y a pas de place pour la littérature populaire dans nos genres favoris (après tout le roman noir est passé de roman policier à roman d'intervention sociale avant de devenir un phénomène culturel. Mais bon l'histoire ne se répète pas heureusement). Il y a évidemment ceux pour qui c'était mieux avant. Ceux qui font une surenchère dans le boboisme....

Bref il y a le noyau dur du fandom avec ses saints et ses pécheurs, ses sages et ses fous. Et il y a le fandom bis qui lui reste au dessous de la ligne de flottaison de l'iceberg. Les webzines Outremonde, Mots et Légendes ou ceux de l'association Ymaginères qui publient les auteurs de demain. Les éditeurs comme Voy'el, Rivière Blanche, Ad Astra ou Argemmios... qui vont au charbon pour publier de jeunes  auteurs français méritant une vraie publication professionnelle. Une jeune génération d'auteurs qui essaie de faire une place au soleil et dont certains soit disant professionnels ne veulent pas entendre parler. Qui sait parmi vous que le maître de l’horreur francophone s’appelle Grégory Covin ? Qui sait que les meilleurs nouvellistes belges du moment sont David Osmay et Hans Delerue ? Qui parmi vous connaît Kevin Kiffer, David Chauvin ou Philippe Deniel ( et j’aurais pu en citer une dizaine d’autres voire plus) ?Autant d’auteurs qui méritent mieux que des pages dans des publications amateures. Il est dommage que certains aient voulu abuser de leur confiance et nous ait fait perdre un temps précieux dans la quête de la masse critique nécessaire. Mais cela est une autre histoire. Moi j’aime ce fandom bis avec son enthousiasme, sa fougue, ses auteurs et ses fan - éditeurs qui osent et qui le font avec le sourire. Curieusement les querelles du fandom officiel ne semble pas avoir court sous la ligne de flottaison. Pourvu que ça dure. Bref j’ai toujours soutenu les webzines dans ces colonnes et ça continuera. 


Je suis content d’ailleurs que des auteurs qui ont commencé dans ce fandom bis comme Timothée Rey ou Anthony Boulanger soit aujourd’hui aux portes du succès. Je suis content que des auteurs pros comme Jean Claude Dunyach accepte d’entamer le dialogue avec les auteurs semi- professionnels ou amateurs qui sévissent dans ces pages oubliées. Bref finalement un partie du fandom a compris que cette génération ( qui finalement n’en est pas une car  d’âge plutôt varié) peut apporter une fraîcheur et un souffle nouveau aux genres que nous aimons. Ce n’est pas si loin que ça de la nouvelle génération anglo-saxonne. Et pout une fois que nous pouvons être coordonné avec l’autre côté de l’Atlantique et de la Manche plutôt que de tirer dans une autre direction parfaitement inattendue et qui généralement a plutôt tendance a désarçonner une grande partie du lecteur lambda. Profitons en et continuons le combat.

mardi 4 novembre 2014

Les espoirs de l'imaginaire : Catherine Loiseau

1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?

Je me nomme Catherine Loiseau, et pour me présenter en quelques mots, disons que j’habite dans le grand nord de la France (au milieu des banquises et des ours polaires) et que j’approche dangereusement de la trentaine. Je partage mon temps entre inventer des mondes fantastiques, coudre des vêtements qui n’auraient pas dépareillé en 1890, et le noble art de taper sur mes semblables à coup d’épée.


2 - Comment es tu arrivée à l'écriture ?

J’ai commencé à écrire à 17 ans, principalement parce que je m’ennuyais en cours. J’avais aussi envie d’inventer de nouveaux univers, de faire exister les personnages qui me trottaient dans la tête. Au début, il s’agissait simplement de petites histoires griffonnées dans mes cahiers, mais petit à petit, ce passe-temps a pris de l’ampleur, à tel point que je ne conçois plus ma vie sans l’écriture.


3 - Peux tu nous parler de ton projet de fantasy, la cité des brumes ?

"Nul ne sait ce qu'il y a autour de la Cité, car nul ne s'est aventuré au-delà des brumes. Qu'importe, la Cité se suffit à elle-même et on y vit tant bien que mal. Louve, la Changebête, appartient à une race traquée depuis des siècles, car les siens sont responsables d'un grand mal, la Catastrophe. Pour réparer ce mal, son maître l'envoie voler aux Gémeaux une résine précieuse. Mais tout ne se passe pas comme prévu, un Gémeau est retrouvé mort, et on l'accuse du meurtre. Elle ne doit son salut qu'à Aliska, son amante vampire et Rêvelune, une Modeleuse, qui l'abrite chez les siens. Mais un deuxième meurtre est commis, et Rêvelune, Louve et Aliska doivent prendre la fuite. Rejointes par Ioryl Lyroi, le Gémeau et Gerlith, un jeune humain, elles devront lutter pour rester en vie et pour trouver qui est derrière ces meurtres, tandis que les haines trop longtemps tues vont éclater au grand jour et que la Cité entière sombre lentement dans la guerre civile"


Il s’agit d’un roman que j’avais en projet depuis des années, que j’ai écrit en 2011, et qui est actuellement à l’étude chez les éditeurs (j’espère avoir plus d’informations à ce sujet d’ici peu).

C’est un roman plutôt sombre, avec des personnages complexes, un univers riche, beaucoup d’intrigues politiques et de batailles de rue. J’espère vraiment que ce roman trouvera un jour son public.


4 - Peux tu nous dire ce qui se cache derrière ton autre projet, Ceux du mercure ?

Ceux du mercure est le premier roman d’une trilogie steampunk.

L’histoire :
La petite île de Kerys est relativement épargnée par les failles et les Abominations qui ravagent le reste du monde. Mais relativement épargnée ne veut pas dire totalement en sécurité. Mais les Kerysiens peuvent compter sur les Brigades du Mercure. Le capitaine Honoré Rocheclaire, la doctoresse Artemise Bouquet, le professeur Maximilien Rocheclaire, l'androïde Ripley et tous les autres membres des brigades veillent sur eux et n'hésiteront pas à user du lance-flamme ou des grenades au phosphore si besoin. Le tout avec style et grande classe, cela va sans dire. Cannes épées et robes à tournure, androïdes et zeppelins, belles dames et messieurs élégants, Abominations à la Lovecraft et armes lourdes sont au programme.

Contrairement à la Cité des brumes, il s’agit d’un roman plutôt léger, qui alterne action, romance et humour. Le manuscrit est à l’étude chez les éditeurs, on croise donc très fort les doigts pour la suite. En tout cas, le projet suit son chemin, car j’ai fini en septembre le premier jet du tome 2 : Ceux du dehors.



5 - Tu viens de publier chez L'Ivre Books une nouvelle mettant en scène la ligue des ténèbres. Peux tu nous parler plus avant du cycle de récits qui mettent en scène ces personnages ?

"La Ligue des ténèbres voit le jour dans le Londres des années 1880. Elle est composée de quatre membres : Thomas Wiseman, escroc à la petite semaine, Ginger Astley, arnaqueuse, Edmund Nutter, savant fou, et Samantha Wiseman, narratrice et caution « santé mentale » du groupe. Ayant par erreur fabriqué une machine à voyager entre les mondes, la Ligue a un but bien précis : conquérir le monde. N’importe lequel, en fait."

La Ligue des ténèbres est un feuilleton que je suis en train d’écrire (Il s’agit de mon projet Nanowrimo du mois de novembre, pour tout dire). Il devrait compter au total environ vingt-cinq épisodes, qui seront publiés sous format numérique à partir du printemps 2015, et sera illustré par Sylvie Sabater.

La tonalité de cette série est franchement humoristique, pour moi, il s’agit avant tout de m’amuser avec ces personnages un peu bras cassés qui tentent de conquérir le monde. C’est aussi une bonne occasion de rendre hommage à toutes les facettes de la littérature de l’imaginaire, à travers les différents mondes que la Ligue visitera.

Ceux intéressés par le projet peuvent suivre mon actualité sur mon site : catherine-loiseau.fr



6 - Quels sont tes autres projets littéraires ?

Je travaille également sur un roman de fantasy jeunesse.

L’histoire en quelques mots :
Ikimi et Ermelia sont toutes les deux étudiantes à l’Académie d’Arki, fleuron de l’empire méalien. Ikimi se destine à la Cohorte, prestigieux corps de soldats d’élite, tandis que les capacités d’Ermelia annoncent qu’elle deviendra une grande magicienne. Leur futur est tracé.
Mais quand on attente à la vie d’Ermelia, tout bascule. Que veulent vraiment les Méaliens ? Qui est cet homme qui cherche à tuer Ermelia à tout prix ? Pourquoi semble-t-elle posséder une connexion avec Méala, la déesse endormie ? Quels secrets cache la famille d’Ikimi ?
Sans le savoir, Ikimi et Ermelia ont mis le nez dans un terrible engrenage et devront se montrer à la fois fortes et malignes si elles veulent survivre.

Le roman est en phase de correction, avant une ultime relecture et un envoi aux éditeurs.

Outre les romans, j’écris aussi des nouvelles (publiées notamment chez l’Ivre book, Etherval et Lune Écarlate). Je travaille également sur des articles qui allient ma passion de l’écriture à celle du maniement de l’épée. Cette série, intitulée « escrime pour les écrivains », visera à donner aux auteurs les informations nécessaires sur les différentes armes et les styles d’escrime. Le lancement devrait se faire en janvier 2015. 



lundi 3 novembre 2014

Désindustrialisons la littérature populaire

Aujourd'hui le coeur de la littérature populaire est composée par des licences commerciales là où naguère elle était portée par des romans originaux. La plupart des franchises sont construites autour de licences fermées. Non seulement je pense qu'il serait bon de revenir à une littérature d'exploitation originale mais il serait aussi bon à réfléchir à des univers partagés en open source.

Je comprend l'intérêt des romans dérivées issus des jeux de rôles et des jeux de stratégies car ils permettent d'approfondir les univers et d'améliorer l'immersion des joueurs, ceux issus des oeuvres médiatiques ou même des jeux vidéos se justifient moins. Mais la création d'univers partagés originaux, jeux littéraires d'un groupe d'auteurs est lui une expérience qui peut s'avérer intéressante. C'est vrai que les éditeurs pensent peu à utiliser des contrats reposants sur des licences ouvertes. Un univers comme Hoshikaze est partiellement ouvert, les auteurs n'étant soumis qu'au droit d'auteurs concernant leurs textes. C'est ainsi que Philippe Halvick a pu publier un roman se déroulant dans cet univers chez Rivière Blanche. Le problème c'est que l'éditeur des licences, en France, c'est Bragelonne. Bref c'est encore une fois un petit éditeur qui va au charbon.

Pourtant le développement de licence en open source qui peuvent être publiées par des éditeurs multiples est un progrès par rapport au système actuel des licences fermées et va dans le sens de littératures populaires moins industrialisées ne reposant plus sur des produits formatés et prémachés par les média. Je reconnais que c'est plus difficile à mettre en place mais la lutte contre la standardisation des littératures populaires qui fait que les littératures populaires nationales n'existent plus au profit d'une littérature mondialisée pilotée depuis Hollywood, est plus que jamais d'actualité. Les licences s'essoufflent. Profitons en.

samedi 1 novembre 2014

Imaginaire made in Limousin

J'habite cette belle région qui est le Limousin. La culture de l'imaginaire n'y est pas absente. On y trouve même des spécialistes pointus. : Etienne Barilier, spécialiste français du steampunk, Laurent Bourdier, biographe français de Stephen King, Jean Depelley, biographe de Jack Kirby et rédacteur en chef de Métaluna entre autre, Iréne Lenglet, spécialiste universitaire de la SF qui dirige aujourd'hui le centre de recherche en littérature populaire de l'université de Limoges sans oublier les frères Louinet, Patrice spécialiste de Robert Howard et Hervé spécialiste de Jean Ray. Oui il y a des spécialistes mais par contre au niveau des auteurs publiés c'est un peu le désert : à part Gil Prou et le nouvelliste Kevin Kiffer, je n'ai pas connaissance d'autres auteurs sévissant dans la région même si l'on élargit aux auteurs amateurs. Peut être qu'au niveau des auto-édités il y a des gens intéressants. Ce sont généralement eux qui passent hors de porté des radars.

Bref si vous êtes auteurs de SF, de fantasy ou de fantastique et que vous résidez en Limousin postez un petit commentaire à cet article. Je suis persuadé qu'il y a dans cette région une dynamique souterraine. Les temps sont murs pour la faire émerger en pleine lumière.