dimanche 26 avril 2015

Degré de violence

Dans un article de Black Gate, Harold M Page parle de Edmond Hamilton. Et il émet une remarque sibylline où il affirme que les héros de l'auteur de l'âge d'or savait se servir de leur cerveau pour trouver des solutions aux problèmes qu'ils rencontraient au lieu d'user de la puissance de feu de leur vaisseau comme les héros de space opera d'aujourd'hui. (il utilise Honor Harrington de David Weber comme comparaison).
C'est sans doute exagéré mais pas tout à fait faux. L'âge d'or des années 30 jusqu'aux années 60 c'est c'est une génération qui a connu la seconde guerre mondiale puis le Vietnam. Ils étaient sans doute peu enclin à faire parler la poudre. Ca n'a pas empêché Robert Heinlein d'écrire Etoiles Garde à vous. Mais c'est aussi à la même époque que Keith Laumer crée le personnage de Retief, un diplomate. Et ce n'est sans doute pas le seul à avoir mis en scène ce type de personnages. Il est d'ailleurs dommage que la Grande Anthologie de la SF n'ait pas consacré un de ces volumes à ce type de récits ( je suis d'ailleurs preneur de référence sur le thème de la diplomatie interstellaire). C'est vrai qu'à coté de ça en France, à la grande époque du Fleuve seul Jan de Fast avec son Docteur Alan a osé mettre en scène un personnage de diplomate récurrent.
C'est aussi l'époque des enquêteurs et des problem solvers. Et là nous avons de la matière et avons créé des héros aussi intéressant que ceux des anglo-saxons, à commencer par Bruno Coqdor pour Maurice Limat et Setni pour Pierre Barbet.
En tout cas ce qui manque au space opera d'aujourd'hui dominé par la SF militaire, c'est les personnages non violents. Ou en tout cas ceux qui n'usent de violence qu'en cas d'extrême nécessité et  préfèrent des solutions plus pacifiques.

jeudi 23 avril 2015

Se tromper de combat

Vous êtes sans doute au courant de la polémique qui entoure la remise du prix Hugo cette année. Deux groupes de fans conservateurs ont fait passer leurs favoris en force grâce à des listes toute faîtes. L'un de ces groupes, les sad puppies, dirigé par Larry Correia et Brad Togersen est un groupe de conservateurs qui se trompent de combat ( l'autre les Rabid Puppies de Vox Day étant des néofacistes).
La constatation de Togersen et de Correia comme quoi les Hugo ne récompensaient plus de textes populaires à cause d'une cabale de fans progressistes ne tient pas la route. Mais sur le manque de textes populaires aux USA et notamment de space opera il est clair qu'il y a un fond de vérité. Dans le domaine du roman on publie plus de space opera en Grande Bretagne qu'aux USA.
D'un autre côté il est dommage que la SF pulp soit la chasse gardée des écrivains conservateurs. Ils ne sont pourtant pas les seuls à en écrire. Mais Baen Books est l'éditeur qui privilégie ce type de récit et c'est une maison d'éditions conservatrice. Ca n'aide pas non plus. Le deuxième point c'est que l'imaginaire populaire a été phagocyté par la bit lit ( ou l'urban fantasy d'exploitation à héroïne). En 2012 ça représentait presque 70% des publications. Ca a diminué depuis. Mais la publication de ce type de récit s'est faîtes au détriment de la SF populaire et même d'une partie de la fantasy.
Dans le champ du récit court les choses sont plus ouvertes. Il existe des auteurs plutôt old school comme Yoon Ha Lee ou Rachel Sobel par exemple. Mais ce ne sont pas des auteurs conservateurs. Il existe même des auteurs très pulp comme Sean T.M Stiennon, là encore plutôt quelqu'un de progressiste. Et on ne parle même pas de la fantasy "howardienne" que Correia et Togersen défendent. Elle existe avec des auteurs comme Howard Andrew Jones, Chris Willrich ou James Enge. Ce n'est pas encore un courant fort c'est vrai. Mais si l'on compare à la décennie précédente il y a plus d'auteurs publiés dans ce type de fantasy.
Donc ce n'est pas une question d'alignement politique. La SF et la fantasy populaire aujourd'hui sont aussi bien écrite par des conservateurs que des progressistes. Et si les formes populaires semblent délaissées c'est parce que les éditeurs ont d'autres priorités éditoriales. Et il est clair que certaines de ces priorités sont contestables.
Et si l'on veut soutenir la SF et la fantasy populaire se n'est pas en détournant les Hugo qu'on arrivera à quelque chose mais en créant un prix qui sera destiné à la mettre en lumière.