mercredi 30 mars 2016

Dégénéré et fier de l'être

Selon le Daily Telegraph(1), aucun adulte ayant une bonne estime de lui même ne devrait acheter de comics books ou aimer les films de super héros. La culture populaire ce sont les séries réalistes, le roman noir, bref tout ce qui est censé parler de la société, rien que de la société. La critique sociale est la seule chose qui devrait préoccuper l’adulte moderne. 
Sauf que la critique sociale c’est un peu le Munich de la culture. On fait, ad nauseam, le constat que la société est pourrie, que les violences sociales sont intolérables…. Mais on ne fait qu’un constat, en espérant que ceux à qui on s’adresse prennent la lutte. Mais surtout c’est un aveux de défaite de ceux qui pensent les néo-libéraux ont gagné et qui veulent montrer la société telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être. Et finalement tout ça, ça plait aux bobos. Et curieusement ceux qui veulent changer le monde ce sont les alternatifs et les geeks. Sachant que beaucoup d’alternatifs sont des amateurs d’imaginaire, et sont les premiers à apprécier la culture populaire, et même les super héros, on se dit que la réalité est un peu moins simple que ce que nous dit le Telegraph.
Les bobos oublient un peu facilement d’ailleurs que les violences culturelles alimentent les violences sociales aussi bien que les violences économiques et ils sont les premiers à les soutenir.
Bref, nous autres amateurs d’imaginaire, ou une partie d’entre nous, sommes des geeks. Geek, ce terme américain qui signifie abruti ou même dégénéré. Dégénéré comme dans culture dégénéré, cette fameuse expression dont les nazis abreuvaient les avants gardes. Bref le Telegraph nous considère sans vraiment le dire comme des dégénérés. Mais c’est notre drapeau, nous sommes des geeks, dégénérés pour une culture bourgeoise qui s’est drapée dans l’engagement politique pour se parer de toutes les vertus. 
Bref, « nous nous battons avec nos rêves », comme le disait si bien Michel Jeury. Faire rêver est devenu dans nos société européenne plus subversif que faire réfléchir ( puisque une majorité d’acteurs culturels veulent faire réfléchir). Mais, geek fait peur car comme le disait T.E Lawrence, « les rêveurs diurnes sont des hommes dangereux, car ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts, pour le rendre possible. » 
Aujourd’hui la société considère que celui qui se bats à la poursuite de ses rêves est un adolescent attardé, l’adulte lui s’intéresse à des choses d’adultes, la violence, le sexe, et ramène tout à la politique. Plus le droit de s’émerveiller, de s’extasier, d’imaginer, de créer, de rêver évidemment. Le rêveur fait peur. Mais le rêveur est capable d’imaginer, de changer les choses si on lui en donne les moyens. Plus que le rêve c’est l’imagination qui est attaquée. Or Albert Einstein ne disait - il pas que « l’imagination est plus importante que le savoir » ?
Non, pour mériter l’estime de lui même l’adulte doit se connecter à cette imagination qui certes nous entraîne dans des univers qui n’existent pas, mais sans laquelle la vie de la pensée n’est pas possible, pour paraphraser Carl Sagan. Finalement les super héros, la fantasy, la SF,  nous connectent à un imaginaire qui nous permet de souffler pour avoir le recul nécessaire sur la société, pour nous donner le lâcher prise nécessaire à nos vies. Nous faire rêver pour nous permettre d’être des individus actifs capables d’autres choses que de se lamenter sur leurs malheurs.


(1) http://www.telegraph.co.uk/men/thinking-man/no-self-respecting-adult-should-buy-comics-or-watch-superhero-mo/?sf23243815=1

dimanche 13 mars 2016

L'écrit face à l'écran

Quelqu'un faisait remarquer sur le forum Elbakin que les séries TV aujourd'hui sont de plus en plus, des adaptations, des remake et peu de créations originales. Peut être que les créations originales sont ailleurs et que l'écriture sérielle se décline de manière plus littéraire. C'est ainsi que l'entreprise Serial Box propose des séries littéraires avec des épisodes à acheter sur leur site internet. Ces séries sont gérées comme des séries télé avec l'un des auteurs qui travaillent comme un showruner. Dans un ordre d'idée un peu différent Ed Greenwood a lancé une maison d'édition dédiée à la création d'univers partagés originaux. Et le mouvement new pulp a accouché de plusieurs anthologie consacrée à des héros récurent.
Il faut se souvenir qu'en Allemagne les séries à fascicules existent depuis très longtemps et les plus populaires d'entre elles se maintiennent en vie depuis les années 60.
En France on a vu il y a peu la création de série littéraire chez des éditeurs numériques comme Numérik Livres et surtout Walrus. Bragelonne s'est engouffrée dans la brèche dans sa collection Snark.
Et quand l'écrit et l'image se rejoignent. Il y a longtemps que dans la bande dessinée française ll existe des séries construite à la manière des séries TV. Et l'on ne parlera pas des comics indépendants américains puisqu'ils ont pas mal influencé l'écriture télévisuelle depuis les années 90.

Bref l'écrit est - il en train de triompher de l'image ? Et surtout quand la production télévisuelle voit sa diversité diminuer la créativité s'exprime dans d'autres média.

vendredi 11 mars 2016

Quand le fandom s'en mêle

Il semble qu'il y ait une tendance actuelle outre Atlantique, pour des acteurs du fandom de se lancer dans l'édition professionnelle ou semi professionnelle.
Ainsi le webzine d'information The Book Smuggler a commencé à publier des nouvelles en 2014. Et en 2016 il se lance dans la publication de novella et de roman en format électronique et en POD.
Le podcast Sword and Laser avait lancé en 2014 une campagne de financement participatif pour une anthologie. En 2015 ils se sont lancés dans un partenariat avec la plate forme d'édition Inkshares en vue de la création d'une collection. Trois titres ont été sélectionnés pour la première saison et sont désormais disponibles. La deuxième saison a vu la sélection de trois autres titres dont le premier a été publié.
C'est au tour du site d'information geek The Nerdist de se lancer dans un partenariat avec la plate forme Inkshares. Une collection a été créé. Deux titres ont été sélectionnés pour 2015. Et des appels ont été faits pour 2016. Le premier concerne le space opera.
En France il n'y a guère que Mots et Légendes pour basculer du fandom vers l'édition semi-pro. Ludovic Kaliom a, en effet, annoncé la publication de plusieurs novella en 2016, qui viennent s'ajouter au recueil d'Anthony Boulanger publié en 2015. Un appel à texte a été lancé pour une anthologie également.
On se rend compte qu'avec le numérique il est plus facile de lancer des projets. Et les structures du fandom en profite pour publier ce qu'ils aiment vraiment.

mercredi 9 mars 2016

Culture internationale

La culture de l'imaginaire est une culture internationale. Dans le monde aujourd'hui il y a deux cultures internationales : d'une part celle du développement culturel toxique, à savoir l'art contemporain et de l'autre la culture de l'imaginaire, la culture véhiculaire enrichie au terreau local. Un asiatique n'écrit par de la SF comme un Africain et encore moins comme un occidental. Aujourd'hui aux USA, les auteurs des minorités occupent une place de plus en plus importante, avec une littérature qui fait la part belle au métissage culturel. Internationalisation interne et externe, donc. Le coté international de la culture de l'imaginaire devient un universel véhiculaire avec des imaginaires qui se nourrissent les uns des autres. Nous vivons une époque passionnante.
Culture internationale et saine, l'imaginaire devient un langage, dont les universaux sont modifiés au gré des cultures. Une culture qui permet à des gens très différent de communiquer via des images et des univers qui arrivent à se comprendre. Il est dommage que le ministère de la culture ait choisi de défendre le contemporain toxique plutôt que l'imaginaire.
Même si il existe une résistance dans les milieux conservateurs ( on l'a vu aux USA avec les Puppies),  l'inclusivité et le métissage sont bien acceptés dans le milieu de l'imaginaire.

samedi 5 mars 2016

Imaginaire et minorités

Aujourd'hui aux USA et à une moindre mesure en Grande Bretagne, les minorités sont de plus en plus présentes dans les littératures de l'imaginaire. Cela a permis d'accroitre l'audience de ces littératures à un public qui ne s'y intéressait pas. Et en même temps les auteurs issus des minorités ont acquis une large audience et ont été plébiscité pour la qualité de leurs œuvres.
Qu'en est il en France ? Et bien on ne peut pas dire que la situation soit la même. Nous avons des auteurs comme Karim Beroukka, Corinne Guiteau ou encore Nabil Ouali. Mais on ne peut pas s'empêcher de penser qu'ils représentent une partie émergée d'un iceberg. Par exemple j'ai découvert il y a un peu plus d'un an Kwame Maherpa, un auteur français d'origine africaine qui écrit une excellente sword and sorcery influencée par les légendes d'Afriques occidentales. Des webzines comme Outremonde ou Mots et Légendes ont publié à l'occasion des auteurs issus de différentes minorités. Dans l'édition professionnelle, il n'y a pas de racisme seulement de la frilosité qui se ressent jusque dans les traductions. Si l'on a pas traduit Saladin Ahmed, c'est peut être parce que l'on a peut peur qu'un auteur musulman ne se vende pas assez. On a été assez frileux avec Nnedi Okorafor. On a traduit seulement la première trilogie de N.K Jemisin. L'on peut saluer la démarche des Editions de l'Instant qui pour leur lancement vont publier un roman Sofia Samatar et un recueil de Nnedi Okorafor. Il est bon que des gens brise la frontière invisible et ose. Parce que les textes sont de qualité tout simplement.