lundi 27 février 2017

La France terre de fantasy

L'ADN de la fantasy coule dans les veines de la littérature française. Tout commence au moyen âge où les chansons de geste puis les romans notamment les romans antiques développent des éléments merveilleux à la douzaine. On n'ose même pas parler des mirabilia comme ceux de Gervais de Tibury ou de Jean de Mandeville.
Ensuite de Rabelais aux récits de voyages extraordinaires du 18éme siècle en passant par les romans de chevalerie du 16éme ( Amadis de Gaule), les romans d'aventure baroques du 17éme (Gomberville, la Calprenède et les autres auteurs de ce mouvement) et quelques œuvre atypiques, le merveilleux épique est là.
Au 19éme siècle plus rien et il faut attendre la fin du 20éme pour que la fantasy renaisse sous l'influence anglo-saxonne. Plus rien pas tout à fait. Le 20éme siècle a eu quelques œuvres - les Centaures de Lichtemberger, l'imbuvable Testament de Merlin, roman en vers de Théophile Briand, Ptah Othep de Charles Duits.... il y a quand même de la matière mais peu. Au 19éme siècle c'est plutôt vers la poésie qu'il faut se tourner avec les Parnassiens et Victor Hugo et sa légende des siècles.

La fantasy britannique est né du mouvement Arts and Craft. Mouvement de contestation du capitalisme industriel par l'art. En France il n'y a pas eu de mouvement comparable. Ce qui fait que malgré un terreau favorable - le roman préhistorique, la thématique du monde perdu, le surréalisme imaginaire de Michaux et Roussel- la fantasy ne s'est pas développé en France dans la première moitié du 20éme siècle. Le fait que la France était surtout une nation rurale et non une nation industrielle - elle l'est devenue dans l'immédiate après guerre - explique sans doute que le capitalisme industriel avait une meilleure image dans les esprits. La contestation chez nous était surtout marxiste et guère favorable à l'imaginaire de la fantasy.

vendredi 24 février 2017

Pulp et politique

Je ne parle habituellement pas de politique sur ce blog. Mais je vais faire une légère entorse puisque je vais une fois encore parler des puppies. Ou plutôt du pourquoi de leur influence. On remarque que bon nombre de membres des Sad Puppies sont publiés par un éditeur important, Baen, très diffusés aux USA, que l'on trouve aussi bien dans les librairies que dans les drugstores. D'un autre coté les Rabid Puppies se sont groupés autour de la maison d'édition de l'ignoble Vox Day, Castalia House. Ces maisons d'éditions sont orientées pulp.
Or, ou sont les auteurs pulp progressistes ? Dans de petites small press ou alors en auto-publication. Ou encore ils publient non chez des éditeurs spécialisés SF mais chez des éditeurs estampillés new pulp. Pourquoi n'y a t-il pas d'éditeurs de SF et fantasy pulp progressiste ? Une sorte d'anti-Baen. Pour que les auteurs d'imaginaire pulp progressistes ou non conservateurs puissent être publiés il faut des éditeurs qui s'y penchent. Aujourd'hui les auteurs progressistes publiés sont souvent des auteurs ambitieux mais pas uniquement.
Yoon Ha Lee est sans doute une des autoresses les plus old school du moment. On peut dire sans se tromper qu'elle est la Leigh Brackett des années 2010, mais si ses nouvelles ont bien trouvé le chemin de webzines américains comme Beneath Ceaseless Skies ou Clarkesworld, ses romans sont publiés par l'éditeur britannique Solaris. Y-a-t-il un mal a être progressiste et faire de la SF old school pour les éditeurs américains non conservateurs ?

Ces réflexions m'ont conduit en partie à lancer ma maison d'édition, Pulp Factory. Je ne voulais pas qu'à un moment le fait de publier de la SF ou de la fantasy pulp devienne un enjeux politique ou que des éditeurs d'extrême droite s'emparent du créneau chez nous aussi dans leur volonté de radicaliser une certaine jeunesse. Je voulais garder un espace pour que des auteurs aussi bien de gauche que de droite modérée ou centristes puissent publier de la littérature populaire juste pour le fun et propose un divertissement intelligent.

dimanche 19 février 2017

Soyons bordélique

En 2002 suite à une interview de Sylvie Miller, où elle évoquait la richesse des littératures de l'imaginaire en Espagne, j'ai décidé de m'y intéresser (j'ai poussé le vice jusqu'à apprendre l'Espagnol en 3 mois grâce à Assimil pour pouvoir lire les sites espagnols). J'ai découvert un monde très riche, un fandom aux initiatives foisonnantes, une richesse du monde éditorial avec de multiples small press. Mais j'ai eu également l'impression que derrière ce foisonnement il y avait un fandom extrêmement bordélique et que c'était ce qui faisait sa force.
J'ai vu de ce coté la situations évoluer en France. À la même époque j'avais l'impression que le fandom français était extrêmement carré, trop peut être. Ce coté bordélique nous avons fini par le gagner à fin des années 2000. Et il nous faut le garder, peut être même le cultiver pour être de plus en plus bordélique, ça ne pourra être que positif. Développons des fandoms régionaux, multiplions les initiatives, explorons toutes les directions même celles qui ne sont pas appréciés par les prescripteurs. Rapprochons nous du plus possible de fandoms connexes, cultivons le dialogue avec les médias.... Bref allons de tous les cotés à la fois. Déclarons une fois pour toute qu'il n'y a pas de voie royale et que toutes les voies valent la peine d'être explorées. On est sur le chemin, il faut simplement aller plus loin et il finira bien par en sortir quelque chose. Personne n'est capable de prédire quoi, mais l'on verra bien.